LA REUNION. Déploiement du PLOM 3 : où en est-on début 2025 ?

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PLOM 3 La Réunion

Neuf mois après sa transmission aux acteurs réunionnais, le Plan Logement Outre-mer (PLOM 3) commence à montrer ses premiers effets. Le document de suivi publié en mars 2025 par la DEAL permet de dresser un premier état des lieux : certaines mesures avancent vite, d’autres peinent à se concrétiser. 

Une feuille de route locale structurée autour de 4 grands enjeux

Élaboré entre 2022 et 2024 dans le cadre du Plan Logement Outre-mer national, le PLOM 3 décliné pour La Réunion a été transmis aux partenaires locaux par le préfet le 19 juillet 2024. Cette feuille de route territorialisée s’appuie sur un socle de 23 fiches actions articulées autour de quatre axes stratégiques : renforcer l’image du logement social, dynamiser les politiques locales de l’habitat, fluidifier la conception et le financement des projets, et mieux construire.

Chaque fiche constitue un levier opérationnel associé à un enjeu prioritaire. Le plan se distingue aussi par une gouvernance partagée, entre l’État (via la DEAL), les collectivités locales, les opérateurs publics et privés, et les bailleurs sociaux. La logique retenue n’est pas celle d’un programme figé, mais d’une trame évolutive adaptable aux réalités du territoire.

Que dit le suivi de mars 2025 ? Premières avancées concrètes

Le tableau de suivi des mesures, mis à jour en mars 2025 par la DEAL Réunion, livre une première photographie de la mise en œuvre. Sur les 23 fiches actions du plan, 8 sont toujours à l’arrêt (0 %), 9 affichent un taux d’avancement de 25 %, 2 atteignent 50 % et 4 sont en phase active à 75 %. Aucune n’a encore été finalisée à 100 %. La moyenne globale d’avancement s’établit ainsi à 27 %, traduisant un déploiement progressif mais encore inégal.

Parmi les plus avancées, on note la mise en œuvre de la fiche n°9 relative à la « structuration d’un accompagnement à l’ingénierie de projet », déjà activée auprès de plusieurs intercommunalités.

Autre exemple significatif : la fiche n°5, qui concerne le portage foncier, a connu une accélération avec l’appui de l’EPF Réunion et la mobilisation de terrains à vocation sociale sur plusieurs communes de l’ouest. Des dynamiques sont également en cours sur les volets liés à la construction bas-carbone (fiche n°21) et au soutien à la réhabilitation des logements anciens (fiche n°13).

Le suivi de la DEAL distingue les actions en cours d’activation, celles qui nécessitent des arbitrages, et celles non encore engagées. Cette lecture différenciée permet de mieux visualiser l’état d’avancement global du plan, mais aussi d’identifier les effets d’inertie ou de décalage entre ambition et exécution.

Des blocages identifiés dès les premiers mois

Si les premières avancées sont réelles, plusieurs fiches restent à l’état de projet. Des freins sont signalés, notamment sur les dispositifs complexes impliquant plusieurs partenaires (ex : mutualisation de l’ingénierie, harmonisation des critères d’attribution du logement social). La lettre d’information du PLOM n°7 de mars 2025 évoque aussi des difficultés de mobilisation des financements pour certaines actions ciblées, en particulier celles qui nécessitent des cofinancements croisés.

Certains territoires peinent également à s’approprier les mesures, en particulier lorsqu’ils manquent d’ingénierie locale ou de moyens humains pour piloter les actions. C’est le cas notamment des mesures 1, 6, 14 et 16, dont le taux d’avancement reste à 0 %. À cela s’ajoute parfois un manque de lisibilité sur les modalités concrètes de déploiement, notamment pour les fiches nécessitant des évolutions réglementaires ou des conventions partenariales complexes.

Des leviers d’animation pour dépasser les obstacles

Face à ces blocages, plusieurs leviers d’animation territoriale sont activés pour relancer les dynamiques. La DEAL joue un rôle central en tant que pilote technique, en assurant un accompagnement des collectivités et en organisant des temps de concertation entre les parties prenantes. Des groupes de travail spécifiques sont mis en place sur les thématiques sensibles, comme l’ingénierie mutualisée, le portage foncier ou encore la coordination intercommunale.

Des initiatives locales viennent aussi appuyer cette animation : par exemple, le « club métier intercommunalités » s’est réuni le 26 mars 2025 pour suivre les avancées des fiches liées aux outils de planification et de programmation de l’habitat.

Des outils partagés, comme des cartes stratégiques ou des observatoires territoriaux, sont en développement pour faciliter la lecture commune des enjeux. Enfin, plusieurs collectivités ont sollicité l’appui de prestataires externes pour structurer leurs réponses, en lien avec les bailleurs sociaux ou les agences d’urbanisme.

Ces actions témoignent d’une volonté de transformer les constats en dynamiques concrètes, malgré les délais inhérents à la montée en charge de ce type de plan structurant.

Une démarche évolutive et adaptée aux réalités réunionnaises

Le PLOM 3 réunionnais n’est pas un document figé. Il repose sur un principe de révision continue : les fiches peuvent être modifiées, enrichies ou remplacées selon les besoins exprimés par les acteurs du territoire. Ce principe est incarné par la gouvernance territoriale animée par la DEAL, en lien avec les collectivités et l’ensemble des partenaires mobilisés.

Des séminaires territoriaux et des outils collaboratifs, comme la fresque du logement social élaborée en décembre 2023, permettent d’alimenter ce pilotage partagé. L’animation territoriale, centrale dans la réussite du plan, joue un rôle clé pour maintenir une dynamique d’échange, de bilan et d’ajustement.

Une mise en œuvre qui démarre, entre accélérations et ajustements

Le document de suivi de mars 2025 témoigne d’un démarrage opérationnel du PLOM 3 dans plusieurs champs prioritaires. Si la mobilisation est réelle, des efforts devront encore être consentis pour franchir certains caps : levée des freins techniques, accompagnement renforcé des porteurs locaux, clarification des procédures.

Le second semestre 2025 sera déterminant pour mesurer l’impact des premières fiches activées et ajuster la stratégie. La capacité du plan à s’ancrer dans les territoires dépendra largement de la réactivité des acteurs et de la souplesse de la gouvernance. Une chose est sûre : le PLOM 3 s’installe progressivement comme un outil structurant du paysage du logement à La Réunion.


Plan logement outre-mer 2024-2027 (PLOM 3)


 

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