GUYANE. Présentation de la démarche Lékol Lojik le 22 octobre à Cayenne

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La démarche Lékol Lojik, développée dans le cadre du programme OMBREE II, sera présentée au public le mercredi 22 octobre 2025, de 16h à 18h, au PAVP – 13 avenue Léopold Heder à Cayenne. Organisée par l’association AQUAA, cette rencontre détaillera les outils proposés aux communes et aux architectes pour concevoir des écoles bioclimatiques, évaluer les projets et en assurer le suivi.

Une réponse aux défis scolaires et énergétiques

Cet événement s’inscrit dans un contexte où la Guyane doit répondre à une pression démographique sans précédent. Entre 2013 et 2022, les effectifs scolaires ont bondi de 15,6 %, soit plus de 12 000 élèves supplémentaires. Le territoire compte désormais près de 190 établissements du premier degré, contre 162 dix ans plus tôt.

Mais cette dynamique reste insuffisante face aux besoins. Selon la Cour des comptes, près de 10 000 jeunes étaient encore privés d’école en 2020 faute de places disponibles. Pour combler ce retard, l’État s’est engagé à investir 150 millions d’euros d’ici 2028 dans la construction de nouvelles écoles primaires et maternelles.

Face aux constructions menées dans l’urgence et souvent inadaptées, Lékol Lojik vient structurer la démarche, en mettant l’accent sur le confort thermique et la sobriété énergétique.

Un état des lieux alarmant du bâti scolaire

La première étape du projet a consisté à analyser 15 groupes scolaires répartis sur huit communes du littoral guyanais. Le constat est sans détour : dans 86 % des cas, le confort global ressenti par les occupants est jugé mauvais ou moyen. Seuls 14 % des établissements offrent un cadre jugé satisfaisant.

La ventilation naturelle, pourtant privilégiée dans de nombreux bâtiments, se révèle largement insuffisante. En saison sèche, 45 % des classes fonctionnant en ventilation naturelle sont perçues comme inconfortables, et 55 % seulement atteignent un niveau jugé « moyen ». La saison des pluies ne corrige que partiellement la tendance : le confort reste mauvais dans 45 % des cas, moyen dans 36 % et bon dans seulement 19 %.

Les établissements équipés de climatisation ne s’en sortent pas mieux. Si la fraîcheur est mieux assurée, elle est souvent obtenue au prix de réglages inadaptés, avec des températures trop basses, voire des phénomènes de « douches froides ». Les conséquences sont doubles : surconsommation énergétique et apparition de moisissures, accentuant les problèmes de qualité de l’air.

Au-delà des choix techniques, l’environnement du site joue un rôle majeur. Dans les zones urbaines denses, l’effet d’îlot de chaleur urbain aggrave l’inconfort thermique. À l’inverse, les écoles situées en zone péri-urbaine et bénéficiant d’une emprise végétalisée supérieure à 25 % de la parcelle offrent de meilleures conditions, même en ventilation naturelle. Le potentiel de ventilation est également déterminant : il est favorable dans 83 % des sites jugés confortables, mais chute à 40 % dans les sites jugés inconfortables.

Des prescriptions adaptées au climat équatorial

Pour dépasser ces limites, le Guide programmatique Lékol Lojik fixe des prescriptions techniques précises, pensées pour le climat équatorial humide de la Guyane. L’approche repose sur une hiérarchie simple : tirer parti de la ventilation naturelle, renforcer la protection solaire, limiter la climatisation aux espaces strictement nécessaires et intégrer les énergies renouvelables.

Ventilation naturelle et orientation

Les salles de classe doivent être traversantes, avec des ouvertures sur deux façades idéalement opposées. La porosité, c’est-à-dire la surface d’ouverture par rapport à la surface utile, doit atteindre au minimum 30 % pour garantir une circulation d’air efficace. L’orientation joue un rôle stratégique : les locaux en ventilation naturelle doivent capter les alizés d’est en ouest, tandis que les espaces nécessitant une climatisation sont à privilégier côté nord et sud, là où les apports solaires sont plus faibles.

Protection solaire renforcée

Limiter les apports solaires est une condition sine qua non. Les toitures doivent être de teinte claire et isolées, ou, à défaut, suffisamment décollées pour favoriser la circulation d’air. Les débords et casquettes deviennent des éléments incontournables : au moins 2 mètres au nord et au sud, complétés par des brise-soleils verticaux à l’est et à l’ouest pour bloquer les « soleils bas ».

Gestion de l’énergie et équipements

La démarche s’inscrit dans la logique « sobriété – efficacité – renouvelables » de la méthode négaWatt. Concrètement, il s’agit de réduire les besoins (sobriété), d’opter pour les équipements les plus performants (efficacité), puis de mobiliser des ressources renouvelables (solaire, par exemple). Les exigences chiffrées sont claires :

  • Espaces en ventilation naturelle : 10 kWh/m²/an (performant), 5 kWh/m²/an (très performant).
  • Espaces climatisés : 65 kWh/m²/an (performant), 50 kWh/m²/an (très performant).

La climatisation, lorsqu’elle est inévitable, doit être dimensionnée à un maximum de 120 Wfroid/m² climatisé et répondre aux standards les plus exigeants (classe A+++). Les brasseurs d’air sont prescrits au rythme d’un appareil pour 15 m², positionnés de manière à couvrir toute la surface sans gêner l’éclairage.

Des outils concrets pour accompagner les communes

Au-delà des principes, Lékol Lojik met à disposition un véritable kit pratique. La grille de dialogue entre maître d’ouvrage et maître d’œuvre définit, étape par étape, les critères à vérifier : végétalisation couvrant au moins 50 % de la périphérie, espèces locales adaptées, débords de toiture aux dimensions réglementaires, vérification des systèmes de ventilation et de climatisation.

L’outil Réducalor Guyane, développé sous tableur, permet de simuler dès la phase de programmation les besoins énergétiques, les risques de surchauffe et les consommations selon différents scénarios. Cet outil donne aux communes la possibilité d’anticiper et d’ajuster leurs choix techniques avant même le lancement des travaux.

Par ailleurs, un tableau de bord spécifique permet aux maîtres d’ouvrage de suivre la conformité des projets aux prescriptions fixées, tandis qu’un module de formation dédié sensibilise élus, techniciens et programmistes aux enjeux du confort thermique et de l’efficacité énergétique.


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