Selon la dernière édition des chiffres clés publiée par l’ADEME en juillet 2025, la Guyane a collecté plus de 153 000 tonnes de déchets en 2022. Malgré une progression des infrastructures et des pratiques de tri, la majorité des déchets reste destinée à l’enfouissement.
La gestion des déchets en Guyane s’est transformée en profondeur ces dix dernières années. La quatrième édition du rapport Chiffres clés des déchets en Guyane – État des lieux et perspectives 2019–2022, réalisée par l’ADEME Guyane et le bureau d’études Inddigo, propose un panorama complet de la filière, de la production à l’élimination, en passant par la collecte, le traitement, les coûts et les impacts. Le document s’appuie sur des données consolidées jusqu’en 2022, avec des compléments pour les années 2023 à 2025.
Une progression constante de la collecte… mais un tri encore insuffisant
En 2022, le territoire a collecté environ 153 000 tonnes de déchets, soit 531 kg par habitant, en hausse de 6 % par rapport à 2021. Les ordures ménagères résiduelles (OMR) représentent à elles seules 229 kg par habitant.
La Guyane se situe donc au-dessus de la moyenne nationale (209 kg/hab.), mais en dessous de la moyenne des DROM (281 kg/hab.).
La majeure partie de ces déchets — 84 % — est toujours enfouie dans des installations de stockage. Seuls 16 % font l’objet d’une valorisation, dont 72 % sont exportés hors du territoire pour être traités. Pourtant, 57 % des OMR et 50 % des déchets d’activités économiques (DAE) pourraient être orientés vers des filières de valorisation existantes.
Des équipements en nette amélioration depuis 2020
Le rapport souligne des avancées notables en matière d’infrastructures. Alors qu’une seule déchèterie était opérationnelle en 2020, 7 sites sont en service en 2025.
2 nouveaux projets sont également prévus à Macouria et Matoury. Des extensions sont en cours pour répondre à la saturation des installations, notamment sur le littoral.
Parmi les projets structurants, on retrouve la création d’une nouvelle ISDND dans le périmètre de la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral (CACL). Le Plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD) prévoit aussi une Unité de valorisation énergétique (UVE), dont la mise en service est attendue en 2027. Ces équipements visent à réduire la part des déchets encore massivement enfouis sur le territoire.
L’économie circulaire gagne du terrain
Les collectivités locales ont engagé des actions de prévention et de sensibilisation : compostage domestique, programmes de broyage, lutte contre le gaspillage alimentaire ou encore distribution de composteurs.
La CACL a notamment déployé son PLPDMA (Programme local de prévention des déchets), tandis que la CCOG et la CCEG ont lancé en 2024 des plans d’action territoriaux axés sur l’économie circulaire.
Le tissu associatif et entrepreneurial contribue également à la dynamique. Plusieurs ressourceries (Symbioz, Ti Maniok, PPTZ…) ou initiatives comme Yana Synergies (plateforme de mutualisation de ressources) participent au développement local du réemploi et de la réparation. Entre 2020 et 2022, 22 projets ont été accompagnés par l’ADEME dans ce domaine.
Des marges de progrès importantes
Malgré ces efforts, le rapport insiste sur les limites du système actuel. Le manque d’exutoires freine la réduction du stockage, notamment dans les zones isolées. La cartographie des infrastructures au 1er avril 2025 montre que, sur 37 installations prévues au PRPGD, seules 6 ont été réalisées et 1 est en cours de travaux. Les autres sont encore à l’étude ou non engagées.
Par ailleurs, les contraintes d’aménagement — comme l’accès au foncier, réglementation — ralentissent la réalisation des projets. Le rapport alerte également sur l’absence de données pour certains flux (déchets du BTP, zones non instrumentées), limitant la connaissance fine du gisement.
Consulter ici le rapport de l’ADEME : Chiffres clés des déchets en Guyane en 2019-2022 | 4ème édition Rapport Final 2025