GUYANE. la CERC révèle un réseau électrique 6 fois plus fragile qu’en métropole !

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(c)Freepik

En Guyane, les infrastructures sont sous tension. Selon la nouvelle plaquette publiée par la CERC Guyane, le territoire connaît un réseau électrique six fois plus sujet aux coupures qu’en métropole, un chiffre qui illustre la fragilité des réseaux essentiels. Ce diagnostic, réalisé pour la FRBTP Guyane et la FNTP, dresse un panorama complet des infrastructures publiques à fin 2024 : énergie, voirie, eau, mobilité, aménagement et risques climatiques. L’objectif est clair : mesurer pour agir, en donnant aux acteurs publics et privés une base chiffrée pour planifier les investissements et renforcer la résilience du territoire.

Des chiffres qui éclairent les priorités du territoire

En 2024, la Guyane a produit 44 % de son électricité à partir d’énergies renouvelables, un taux en hausse malgré la sécheresse historique qui a limité la production du barrage de Petit-Saut. Ce chiffre, encore éloigné de l’objectif national de 40 % d’énergie renouvelable d’ici 2030, témoigne de la volonté du territoire de renforcer la part de solaire et d’hydraulique dans son mix. Le plan de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) vise d’ailleurs 200 MW de puissance photovoltaïque installée d’ici 2033, contre 61 MW actuellement.

Mais cette transition reste freinée par la fragilité des réseaux : les foyers du haut-Maroni mettent en moyenne 18 mois pour être raccordés, et les coupures d’électricité sont six fois plus fréquentes qu’en métropole. Dans un département aux zones non interconnectées, garantir la continuité de service devient un enjeu aussi stratégique que la production elle-même.

Sur le plan de l’eau, la situation demeure critique. Près de 40 000 personnes n’ont toujours pas accès à une eau potable sécurisée, selon l’Office de l’eau de Guyane, et 45 % de la population seulement est raccordée à un réseau d’assainissement collectif. Les pertes d’eau atteignent 17 %, au-dessus du seuil de tolérance fixé à 15 %. Pour se conformer à la nouvelle directive européenne sur les eaux urbaines résiduaires, la Guyane devra diviser par deux la durée de renouvellement de ses réseaux d’ici 2027.

Les infrastructures de mobilité affichent elles aussi un retard à combler. Le réseau routier compte 1 311 km de voiries communales et intercommunales, mais de nombreux ouvrages d’art nécessitent des travaux de sécurité, avec une hausse de 20 % des ponts fragilisés depuis 2020.

La mobilité douce reste marginale : seulement 4,1 % des déplacements se font à vélo ou à pied, bien loin de l’objectif de 12,5 % fixé pour 2030. Et avec à peine 20 % des bornes de recharge électrique prévues installées, la transition vers des transports décarbonés avance lentement.

Par ailleurs, la CERC rappelle que ces enjeux techniques sont indissociables des défis climatiques. 82 % de la population guyanaise est exposée aux inondations, 44 % aux mouvements de terrain, et le territoire enregistre plus de 1 300 feux de végétation par an. Sur les quarante dernières années, la température moyenne a augmenté de +1,53 °C, accentuant la pression sur les réseaux et les ressources naturelles.

Un outil pour planifier et agir

Cette publication marque une étape importante pour les collectivités locales, les aménageurs et les entreprises du BTP. En regroupant les données issues de multiples sources (DGTM, INSEE, DGFiP, EDF, Office de l’eau, AFD…), la CERC propose un document évolutif qui sera mis à jour régulièrement.

L’ambition est claire : « observer pour mieux agir ». En offrant une vision d’ensemble sur les infrastructures guyanaises, cette initiative pose les bases d’une planification plus cohérente et d’investissements mieux ciblés, au service du développement durable du territoire.


Consulter ici la plaquette inédite dressant un panorama du niveau des infrastructures sur le territoire guyanais par la CERC GUYANE


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