Le 26 août 2025, la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral a officialisé la création de la Société publique locale d’aménagement du Centre Littoral (SPLACL). Première du genre en Outre-mer, cette nouvelle structure doit renforcer la lutte contre l’habitat indigne. Le 10 septembre, son bureau a été élu à l’unanimité, marquant un large consensus politique autour de cet outil.
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La CACL face au défi de l’habitat en Guyane
La Guyane connaît une pression démographique unique : plus de 51 % de sa population vit sur le territoire de la CACL, qui regroupe les communes de Cayenne, Matoury, Macouria, Rémire-Montjoly, Montsinéry-Tonnégrande et Roura. Cette concentration accentue les besoins en logement et met en lumière des défis structurels.
Selon les diagnostics établis, plus de 7 000 logements potentiellement indignes sont recensés sur 78 secteurs du territoire intercommunal. Cela représente plus de 20 % de la population vivant dans des conditions précaires ou informelles. Les problématiques sont multiples : insalubrité, constructions spontanées, surpeuplement, manque d’accès aux réseaux essentiels.
Pour y répondre, la CACL s’est dotée dès 2014 de la compétence « équilibre social de l’habitat » et a élaboré un Programme local de l’habitat (PLH), dont la seconde version (2020-2025) définit les priorités stratégiques. Mais c’est surtout le PILHI (2024-2030) qui constitue le socle d’action actuel, avec trois objectifs : assurer le pilotage et renforcer les partenariats, adapter les outils pour traiter efficacement l’indignité, et accompagner les communes dans les procédures coercitives.
La création de la SPLACL s’inscrit donc dans une trajectoire déjà engagée : passer d’une planification stratégique à une capacité opérationnelle renforcée.
La naissance d’un outil opérationnel : la SPLACL
L’Assemblée générale constitutive du 26 août 2025, présidée par Jean-Claude Labrador, maire de Roura, a marqué une étape clé. Les maires des six communes membres, aux côtés du président de la CACL Serge Smock, ont validé et signé les statuts de la SPLACL. L’outil est désormais porté par sept collectivités actionnaires : Cayenne, Matoury, Macouria, Rémire-Montjoly, Montsinéry-Tonnégrande, Roura et la CACL.
Le 10 septembre s’est tenue l’installation du conseil d’administration. À l’issue des échanges, le bureau a été élu à l’unanimité :
- Président : Gilles Adelson, maire de Macouria et 1er vice-président de la CACL délégué à l’habitat et à l’aménagement.
- Vice-présidente : Sandra Trochimara, maire de Cayenne et 2e vice-présidente de la CACL déléguée à la mobilité.
- Secrétaire : Serge Smock, maire de Matoury et président de la CACL.

Le conseil d’administration réunit également plusieurs élus et représentants des communes membres : Patrick Lecante (Montsinéry-Tonnégrande), Phong Michel Ly (Roura), Farah Griset-Khan (Cayenne), Monique Azer (Macouria), Yahya Daoudi (Matoury), Laura Hidair-Louis (Cayenne), Serge Félix (Rémire-Montjoly), Jean-Paul Beneto (Roura) et Arielle Jacques-Himmer (Montsinéry-Tonnégrande).
Cette composition traduit une gouvernance partagée et une volonté collective d’agir au service du territoire.
Les missions et ambitions de la SPLACL
La SPLACL a été conçue comme un outil opérationnel réactif et entièrement contrôlé par les collectivités locales. Ses missions couvrent l’ensemble de la chaîne de l’aménagement et du traitement de l’habitat :
- réaliser des enquêtes sociales et piloter les dispositifs MOUS (Maîtrise d’œuvre urbaine et sociale),
- conduire des études de faisabilité et pré-opérationnelles,
- acquérir du foncier pour sécuriser les projets,
- assurer le relogement des ménages concernés,
- mener des opérations de réhabilitation, de promotion et d’aménagement urbain.
L’enjeu est double : accélérer la résorption de l’habitat indigne et coordonner les interventions urbaines à l’échelle du Centre Littoral. Par ailleurs, la SPL doit permettre une meilleure mutualisation des moyens entre les communes et renforcer la capacité du territoire à mobiliser des financements nationaux et européens.
Cette dimension stratégique a été soulignée par les acteurs impliqués, qui voient dans cette structure un levier collectif au service d’une politique de l’habitat cohérente, capable de passer de la planification à l’action concrète.

Une première en Outre-mer et un levier stratégique
Au-delà de son rôle opérationnel, la SPLACL revêt une portée symbolique : c’est la première Société publique locale en Outre-mer spécifiquement dédiée à la lutte contre l’habitat indigne et informel. Cette innovation institutionnelle illustre la volonté des élus du Centre Littoral d’adapter les outils métropolitains aux réalités locales, où le mal-logement touche une part significative de la population.
Son caractère inédit repose sur deux piliers :
- une gouvernance publique intégralement locale, garantissant le contrôle par les communes et la CACL ;
- une mission prioritaire centrée sur l’habitat indigne, qui reste l’un des défis les plus pressants en Guyane.
Pour les élus, cette nouvelle SPL incarne une promesse : accélérer le traitement des secteurs identifiés dans le PILHI, améliorer la qualité de vie des habitants, et construire une dynamique d’aménagement cohérente à l’échelle intercommunale. Les prochaines étapes, notamment la mise en œuvre opérationnelle des premières actions, permettront de mesurer l’efficacité réelle de ce nouvel instrument.