Entre mai 2024 et mai 2025, la Guadeloupe et la Martinique ont enregistré respectivement 175 et 163 jours de chaleur extrême, selon une étude internationale publiée le 30 mai par le réseau scientifique World Weather Attribution (WWA). Ces épisodes, définis comme des journées plus chaudes que 90 % des températures observées localement entre 1991 et 2020, sont majoritairement attribués au changement climatique d’origine humaine.
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Des chiffres alarmants dans les Antilles françaises
En Guadeloupe, 136 jours de chaleur extrême sur l’année écoulée sont directement liés au réchauffement climatique. En Martinique, ce sont 135 jours. Dans un climat sans influence humaine, ces îles n’auraient connu qu’environ 39 et 28 jours de chaleur extrême respectivement. Ces résultats placent la Guadeloupe à la 5ᵉ place et la Martinique à la 11ᵉ dans le classement mondial des territoires les plus touchés, dominé par Aruba (187 jours).
Une tendance régionale marquée
L’analyse met en évidence un “hotspot” climatique dans la Caraïbe. Plusieurs territoires voisins, comme la Dominique, Saint-Vincent-et-les-Grenadines ou la Barbade, figurent également parmi les 12 zones les plus affectées au monde. Les chercheurs soulignent que dans 195 pays et territoires analysés, le nombre de jours de chaleur extrême a au moins doublé à cause du réchauffement climatique.
Au-delà des chiffres, la situation pose des défis majeurs aux départements et collectivités d’outre-mer. Les fortes chaleurs combinées à une humidité élevée accentuent les risques pour la santé, réduisent la productivité dans des secteurs comme la construction, et fragilisent les infrastructures.
Le rapport rappelle que les petits territoires insulaires tropicaux, dont font partie la Guadeloupe et la Martinique, figurent parmi ceux où les plans d’action contre la chaleur restent rares malgré une exposition élevée.
Un signal d’alerte scientifique
Cette publication, diffusée à l’approche de la Heat Action Day du 2 juin, s’appuie sur des comparaisons entre observations réelles et modèles climatiques simulant un monde sans réchauffement d’origine humaine. Les résultats confirment la tendance mondiale : environ 4 milliards de personnes, soit 49 % de la population, ont connu au moins 30 jours supplémentaires de chaleur extrême sur la période étudiée.
Pour Friederike Otto, climatologue à l’Imperial College de Londres et coautrice du rapport, chaque fraction de degré supplémentaire a un impact direct : « Avec chaque baril de pétrole brûlé, chaque tonne de dioxyde de carbone libérée et chaque fraction de degré de réchauffement, les vagues de chaleur toucheront davantage de personnes ».
En Guadeloupe et en Martinique, l’ampleur du phénomène illustre l’urgence d’adapter les politiques publiques, les projets d’aménagement et les pratiques professionnelles pour limiter les effets sanitaires, économiques et sociaux de la chaleur extrême.
Consulter ici l’étude complète de la World Weather Attribution (WWA) : Heat Action Day Report – Climate Change and the Escalation of Global Extreme Heat – 30 mai 2025.









