GUADELOUPE et MARTINIQUE. comment calculer la charge de vent cyclonique ?

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charge de vent cyclonique

Depuis 2024, la conception des bâtiments en Guadeloupe et en Martinique doit respecter des règles beaucoup plus strictes face aux vents cycloniques. L’arrêté du 5 juillet 2024 et son guide d’application, publiés par le ministère de la Transition écologique, imposent de nouvelles méthodes de calcul de la charge de vent. Objectif : garantir la sécurité des bâtiments et de leurs occupants. Mais comment choisir et appliquer la bonne méthode ?

Pourquoi recalculer la charge de vent cyclonique ?

L’impact des cyclones comme Irma en 2017, ou Fiona en 2022, a clairement mis en évidence la nécessité de renforcer la conception parasismique et paracyclonique en Outre-mer, surtout aux Antilles. Jusqu’à récemment, les pratiques variaient localement, avec peu d’harmonisation. Certaines constructions restaient vulnérables aux épisodes cycloniques majeurs, avec des conséquences dramatiques en termes de pertes humaines, de dommages matériels et d’interruption des activités économiques.

Avec la mise en place d’une réglementation nationale unifiée, les professionnels doivent appliquer des standards élevés, basés principalement sur les Eurocodes mais adaptés aux spécificités antillaises. Cette évolution vise à améliorer la résilience du bâti face à des vents de plus en plus intenses, en tenant compte à la fois des caractéristiques climatiques locales et des nouvelles données scientifiques.

Concrètement, toute construction neuve ou modifiée en Guadeloupe et en Martinique est désormais soumise à ces nouvelles exigences. Le guide distingue deux méthodes principales de calcul de la charge de vent, chacune adaptée à des types de projets différents, afin de répondre aux besoins variés des professionnels.

Quelle méthode de calcul choisir ?

Méthode 1 : Calcul simplifié avec les cartes Géorisques

La méthode 1 s’adresse aux bâtiments de hauteur inférieure ou égale à 50 m et de plus grande dimension en plan inférieure ou égale à 250 m.

Elle repose sur une utilisation directe des cartes de coefficients d’exposition mises à disposition sur le site Géorisques. Ces cartes fournissent, à partir de la localisation du projet et de sa hauteur, un coefficient ce(z) qui permet de calculer la pression dynamique de pointe qp.

Les étapes principales sont :

  • Récupérer la vitesse de référence du vent adaptée à la zone et à la catégorie d’importance du bâtiment (par exemple, 38 m/s pour la Guadeloupe et 35 m/s pour la Martinique pour les bâtiments standards).
  • Identifier sur Géorisques le coefficient d’exposition ce(z) correspondant à la hauteur du projet, avec une lecture précise sur le maillage cartographique.
  • Calculer la pression dynamique de pointe qp à l’aide de la formule :

(où ).

Exemple pratique : Pour une maison individuelle à Basse-Terre, hauteur 8 m, coefficient ce(z) de 1,4 :

  • vb = 38 m/s
  • ce(z) = 1,4
  • Calcul de qp :
  • Résultat : environ 2 040 N/m².

Cette approche facilite grandement la tâche des concepteurs pour les projets courants, en évitant le recours à des calculs complexes de terrain.

 

Méthode 2 : Calcul standard selon l’Eurocode NF EN 1991-1-4

La méthode 2 s’impose dans deux cas :

  • Lorsque le bâtiment dépasse les limites de hauteur ou de dimensions fixées.
  • Lorsque le site n’est pas couvert par les cartes d’exposition Géorisques, par exemple en présence de relief abrupt ou d’environnement particulier.

Le calcul devient alors plus complexe et requiert :

  • L’utilisation de la vitesse de référence normalisée.
  • La détermination précise de la rugosité du terrain (échelle du couvert végétal, densité bâtie).
  • La prise en compte des effets d’orographie (pentes, collines, falaises).
  • L’application rigoureuse des coefficients de pression cpe et cpi définis par l’Eurocode.

Exemple pratique : Un centre commercial de 300 m de long situé à Fort-de-France :

  • Trop grand pour être couvert par la méthode 1.
  • Étude obligatoire du site, calcul de la rugosité (zone urbaine dense ou non), analyse des effets du relief, application complète de la méthode Eurocode.

Bien que plus exigeante, cette méthode assure une prise en compte très fine du comportement du vent sur site, nécessaire pour les grands ensembles sensibles.

Comment utiliser concrètement les outils de calcul ?

Le site Géorisques constitue un outil clé pour la mise en application rapide de la méthode 1.

Voici comment procéder efficacement :

  1. Se connecter au portail Géorisques, rubrique risques cycloniques.
  2. Sélectionner la carte cyclonique de la Guadeloupe ou de la Martinique.
  3. Localiser précisément le projet grâce à la carte interactive.
  4. Identifier la zone d’exposition et relever la valeur du coefficient ce(z) en fonction de la hauteur du bâtiment.
  5. Appliquer les valeurs dans les formules de calcul normalisées.

 

Quelques précautions indispensables :

  • Si plusieurs valeurs sont possibles, il faut toujours retenir la plus défavorable.
  • Dans les zones de forte variabilité topographique, un avis expert peut être nécessaire.
  • Ne pas oublier de prendre en compte les modifications futures du site (projets voisins en hauteur).

Astuce professionnelle : toujours croiser les données obtenues avec une analyse de terrain, afin de confirmer la pertinence du coefficient d’exposition choisi.

 

Points de vigilance à retenir

Plusieurs écueils doivent être évités pour garantir la conformité :

  • Effet des constructions voisines : Un bâtiment de grande hauteur à proximité peut provoquer des canalisations ou des accélérations de vent imprévues.
  • Interaction avec le parasismique : Toute conception doit être conforme aux exigences parasismiques (zones 5 forte pour les Antilles). Une mauvaise coordination des deux contraintes peut fragiliser l’ouvrage.
  • Assemblages sous-dimensionnés : Les assemblages critiques doivent être renforcés par l’application d’un coefficient de sur-résistance ggSR = 1,5.
  • Sous-estimation des ENS : Les éléments non structuraux (panneaux solaires, climatiseurs) doivent être conçus pour rester solidaires du bâtiment même en cas d’épisodes extrêmes.

charge de vent cyclonique

Guide d’application des exigences réglementaires : Prise en compte du risque de vents cycloniques dans la conception et la construction des bâtiments en Guadeloupe et en Martinique


 

La bonne application des méthodes de calcul de la charge de vent cyclonique est devenue incontournable pour construire durablement en Guadeloupe et en Martinique. En utilisant les outils mis à disposition comme Géorisques et en respectant les nouvelles exigences, les professionnels garantissent la résilience des bâtiments face aux aléas extrêmes. Une étape indispensable vers une construction ultramarine plus sûre.

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