GUADELOUPE. Conjoncture contrastée entre dynamisme du BTP et fragilité du commerce au T2 2025

0
Guadeloupe

Entre signaux de reprise et zones de fragilité, l’économie guadeloupéenne affiche une résilience contrastée au deuxième trimestre 2025. L’IEDOM met en avant un climat des affaires en amélioration, un investissement privé en progression et une consommation des ménages mieux orientée. Pourtant, le tourisme recule, le commerce reste fragile et la situation des ménages demeure sous tension.

Climat des affaires : une confiance fragile

Au printemps 2025, l’indicateur du climat des affaires s’est redressé pour atteindre 105,1 points, dépassant sa moyenne de long terme. Un chiffre qui illustre un regain de confiance, soutenu par une trésorerie en amélioration et des délais de paiement plus courts.

Comme le souligne l’IEDOM, « le moral des chefs d’entreprise s’améliore notamment en raison d’une dégradation moins rapide de l’activité qu’au 1er trimestre ». La baisse continue des impayés sur effets de commerce confirme cette tendance : −2,1 % au T2, après une chute spectaculaire de −28,2 % au début de l’année.

BTP : des signaux contradictoires mais des projets structurants

Le secteur de la construction donne des signes positifs, mais non exempts de paradoxes. Les ventes de ciment reculent de 2,4 %, traduisant une demande en matériaux lourds plus faible. En revanche, les attestations de conformité électrique pour logements neufs progressent de 12,9 % en un trimestre. Cette dynamique traduit une reprise de l’activité résidentielle.

Le rebond s’appuie aussi sur de grands chantiers d’infrastructures : extension du port de Jarry, modernisation de l’aéroport, déviation de la Boucan/Sainte-Rose, ou encore plan Eau. Autant de projets qui soutiennent la filière malgré un recul de 2,1 % des financements au secteur entre mars et juin. Derrière ces chiffres se joue la capacité du BTP à concilier reprise d’activité et financement durable.

Marché du travail : une amélioration en trompe-l’œil

L’emploi reste une zone grise. Le nombre moyen d’offres collectées par France Travail chute de 17,2 % sur trois mois. En parallèle, les demandeurs d’emploi de catégorie A diminuent de 3,7 % pour atteindre 41 380 inscrits.

Une baisse plus administrative qu’économique : la réforme liée à la loi pour le plein emploi a modifié les règles d’inscription et de classement. Sans cet effet, le nombre de demandeurs aurait progressé de 0,3 %.

Dans le secteur privé, l’emploi salarié reflète une situation stable mais en léger repli : 86 281 personnes fin mars 2025 contre 86 482 à la fin de l’année précédente. Autant de signaux qui rappellent que la reprise d’activité ne se traduit pas encore par un véritable dynamisme sur le marché du travail.

Tourisme et commerce : entre pessimisme et paradoxes

Le tourisme connaît une phase de ralentissement. Le trafic de passagers hors transit à l’aéroport Pôle Caraïbe recule de 2 % sur trois mois, après une hausse de 2,7 % au trimestre précédent. Les nuitées hôtelières s’effondrent de 5,4 %. Les professionnels signalent des charges d’exploitation toujours lourdes, même si beaucoup espèrent une reprise au troisième trimestre.

Dans le commerce, le contraste est frappant. Les acteurs interrogés se disent pessimistes, alors même que les indicateurs macro sont mieux orientés : importations de biens de consommation en hausse, TVA collectée en progression de 6,1 % et octroi de mer en croissance de 9,2 %, pour atteindre 66,9 millions d’euros. Ce décalage souligne l’écart entre perception et réalité mesurée.

Consommation des ménages : regain fragile

La consommation des ménages repart. Les importations de biens durables progressent de 11,3 %, celles des biens non durables de 4,1 %. Plusieurs indicateurs témoignent d’une amélioration : baisse du nombre de personnes interdites de chéquier (−1,5 %) et recul des incidents de paiement par chèque (−1,9 %).

Mais cette embellie reste fragile. Le nombre de dépôts de dossiers de surendettement s’accroît de 9,2 % sur un trimestre. Comme le souligne l’étude, « la situation financière des ménages reste fragilisée ».

Une dynamique inscrite dans un contexte régional et mondial contrasté

Les tendances guadeloupéennes s’inscrivent dans un environnement caribéen et international lui-même contrasté. En Jamaïque, la croissance au T2 est attendue entre +0,5 % et +1,5 %, tandis qu’à Grenade, un projet solaire industriel financé à hauteur de 35,4 millions de dollars par la Banque mondiale ouvre la voie à une transition énergétique.

À l’inverse, Haïti devrait voir son PIB reculer de 2,2 % en 2025, conséquence directe de la crise politique et sécuritaire.

Sur le plan mondial, le FMI table sur un reflux de l’inflation, à 4,2 % en 2025 puis 3,6 % en 2026. Les États-Unis, la Chine et l’Inde voient leurs perspectives de croissance révisées à la hausse, tandis que la zone euro et le Japon affichent une reprise plus modeste.


Guadeloupe

Source : IEDOM – TENDANCES CONJONCTURELLES 2E TRIMESTRE 2025 – GUADELOUPE


Au deuxième trimestre 2025, l’économie guadeloupéenne donne des signes d’endurance : l’investissement reprend, la consommation progresse, le climat des affaires se redresse. Mais le recul du tourisme, les fragilités du commerce, la hausse du surendettement et l’absence de véritable rebond de l’emploi rappellent que cette embellie reste partielle. Entre signaux positifs et vulnérabilités persistantes, l’archipel évolue dans un équilibre encore instable.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici