GUADELOUPE. 12 enseignements pour mieux bâtir en s’inspirant de l’architecture vernaculaire

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L’AQC et le CAUE publient 12 enseignements concrets pour adapter les savoir-faire traditionnels aux défis climatiques actuels dans les Antilles

Comment construire ou rénover aux Antilles en tenant compte à la fois des contraintes climatiques, des risques sismiques et de la performance énergétique ? Le nouveau guide « Principes de l’architecture vernaculaire – 12 enseignements à connaître », publié en juillet 2025 par l’Agence Qualité Construction (AQC) et le CAUE de la Guadeloupe, apporte des réponses concrètes issues du terrain.

Réalisé dans le cadre du programme inter Outre-mer OMBREE, ce document s’appuie sur une large campagne de retours d’expériences menée en Guadeloupe, à travers le Dispositif REX Bâtiments performants. Ce document vise à dégager des bonnes pratiques issues du terrain, pour aider les professionnels à concevoir et réhabiliter des bâtiments plus résilients, en s’appuyant sur les principes éprouvés de l’architecture locale.

Une ressource technique ancrée dans les réalités ultramarines

Loin d’une simple compilation théorique, le guide s’appuie sur plus de 250 bâtiments visités dans les Outre-mer, dont 83 spécifiquement dans le cadre d’OMBREE, et sur plus de 2 500 constats documentés, répartis entre bonnes pratiques (1 155) et non-qualités (1 381).

Ces observations ont permis de dégager 12 enseignements-clés, adaptés au climat tropical humide, aux aléas naturels et aux besoins des usagers ultramarins.

Les thématiques abordées sont variées : ventilation naturelle, protection solaire, végétalisation, matériaux biosourcés, confort thermique, adaptation au changement climatique, intégration des climatiseurs, ou encore conservation de la végétation remarquable.

Quelques principes remis au goût du jour

Parmi les enseignements présentés, plusieurs viennent réhabiliter des solutions issues de l’architecture créole, aujourd’hui parfois oubliées ou sous-estimées dans les projets contemporains.

C’est notamment le cas des espaces de transition – galeries, terrasses, vérandas – qui, bien plus que des éléments esthétiques, jouent un rôle central dans la régulation thermique. Ces zones tampons permettent de moduler les apports solaires, de favoriser la ventilation naturelle et d’assurer un meilleur confort sans recours systématique à la climatisation.

Le guide souligne aussi l’importance de préserver les protections solaires d’origine, souvent supprimées lors des rénovations. Or, auvents, coursives ou débords de toiture sont essentiels pour limiter l’échauffement des façades exposées. Leur maintien ou leur réintégration constitue une réponse simple, efficace et économique à la problématique de surchauffe.

Autre point central : la gestion de l’eau. Dans des territoires soumis à des pluies intenses et à des risques croissants d’inondations, les auteurs insistent sur la nécessité de maintenir les chemins d’eau historiques, souvent altérés ou obstrués par des aménagements récents.

Favoriser l’infiltration directe de l’eau sur la parcelle, limiter l’imperméabilisation des sols et dimensionner les ouvrages hydrauliques en tenant compte des épisodes climatiques extrêmes deviennent des impératifs.

À noter également, le guide valorise la végétalisation des abords comme levier multifonction : réduction des îlots de chaleur, infiltration des eaux pluviales, cadre de vie plus agréable. L’introduction d’un jardin créole, par exemple, est présentée comme une solution locale et durable, à la croisée des enjeux écologiques, culturels et sociaux.

Un appel à reconnaître l’expertise locale

En filigrane, le document alerte sur l’uniformisation croissante des pratiques constructives importées, parfois inadaptées aux réalités locales. Il plaide pour une meilleure prise en compte des savoir-faire vernaculaires, de l’expertise des acteurs de terrain et des matériaux disponibles localement. « Seule une approche profondément enracinée dans le territoire permet d’assurer une intégration optimale sur les plans sociologique, architectural, urbanistique, environnemental et paysager », peut-on lire en conclusion.


Consulter ici le guide « Principes de l’architecture vernaculaire – 12 enseignements à connaître »

ou sur le site du Dispositif REX Bâtiments performants.


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