Fonds Tourisme Durable : écart de dynamique entre LA REUNION et MAYOTTE

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Avec 70 millions d’euros mobilisés entre 2021 et 2024, le Fonds Tourisme Durable a soutenu la transition écologique de centaines de petites entreprises touristiques en France. Dans l’océan Indien, La Réunion et Mayotte ont fait l’objet d’un suivi spécifique par l’ADEME, qui dresse aujourd’hui le bilan dans une publication dédiée. Ce document révèle des résultats très contrastés entre les deux départements. Ce bilan croisé met en lumière les dynamiques territoriales à l’œuvre, entre structuration avancée et émergence.

Un dispositif pour verdir les TPE touristiques des Outre-mer

Entre 2021 et 2024, le Fonds Tourisme Durable, mis en œuvre par l’ADEME dans le cadre des plans France Relance puis Destination France, a mobilisé 70 millions d’euros à l’échelle nationale. Son ambition ? Accélérer la transition écologique des petites et moyennes entreprises touristiques, tout en soutenant leur compétitivité. En Outre-mer, deux territoires ont été particulièrement suivis : La Réunion et Mayotte.

Concrètement, le Fonds proposait un accompagnement en trois volets : un diagnostic environnemental gratuit, un plan d’action personnalisé adapté à l’activité de chaque entreprise, et des aides financières pour la mise en œuvre de plus de 70 actions éligibles. De la rénovation thermique à la réduction des déchets, en passant par les énergies renouvelables, l’objectif était clair : faire de la transition écologique un levier de performance.


La Réunion : des résultats solides et structurants

La Réunion se distingue par une dynamique particulièrement forte. Sur la période 2021-2024, 105 diagnostics environnementaux ont été réalisés, débouchant sur 63 projets effectivement financés. Au total, 1,6 million d’euros d’aides ont été attribués, pour des dépenses totales prévisionnelles atteignant 2,7 millions d’euros. Le taux de transformation, qui mesure la part de diagnostics ayant abouti à une aide, s’élève à 60 %, bien au-dessus de la moyenne nationale.

La moyenne des aides octroyées s’établit à 26 000 euros, couvrant 59 % du montant total des projets portés par les entreprises. Ce soutien a notamment permis à de nombreux établissements d’investir dans des équipements photovoltaïques en autoconsommation, du solaire thermique, ou encore dans des dispositifs de réduction du gaspillage alimentaire. Les actions visant à réduire les déchets non alimentaires, à optimiser la consommation d’eau ou à remplacer les équipements de froid commercial ont également été très sollicitées.

Autre signe d’un engagement structuré : La Réunion est devenue le premier département d’Outre-mer en nombre d’établissements labellisés Écolabel européen, avec 15 établissements, dont 8 grâce à l’action directe du Fonds. La qualité des projets, mais aussi l’implication de partenaires locaux comme la CCI Réunion, l’ADEME Océan Indien ou le Comité Régional du Tourisme (CRT), ont largement contribué à cette réussite.

Mayotte : une dynamique naissante et ciblée

À Mayotte, le déploiement du dispositif a été plus modeste, mais reste significatif à l’échelle locale. Le territoire a bénéficié de 24 diagnostics et de 8 aides financières, pour un montant total de 261 500 euros. Le taux de transformation, plus faible, s’établit à 37 %, traduisant une dynamique encore en cours de structuration. Toutefois, les projets accompagnés ont mobilisé des dépenses prévisionnelles de 491 000 euros, avec une aide moyenne de 33 000 euros, soit 53 % du coût total des opérations.

Les bénéficiaires ont essentiellement été des hôtels, restaurants, ou structures hybrides, avec des projets portant sur l’amélioration énergétique, la gestion des déchets ou l’amélioration de la qualité environnementale de l’offre. Ces résultats traduisent à la fois l’intérêt des entreprises locales pour la transition écologique et les défis spécifiques de Mayotte : tissu économique plus restreint, accès plus difficile aux dispositifs nationaux, accompagnement encore à renforcer.


Quels enseignements pour les territoires ultramarins ?

Ce double bilan permet de tirer plusieurs constats. D’abord, une disparité d’intensité entre les deux départements : La Réunion a mobilisé près de six fois plus de dépenses que Mayotte et obtenu près de huit fois plus d’aides. Cette différence s’explique notamment par la maturité du tissu économique réunionnais, le maillage institutionnel existant, et l’expérience accumulée dans l’ingénierie de projet.

Ensuite, les profils des bénéficiaires révèlent une certaine convergence : les restaurants, hôtels et structures d’agritourisme ont constitué les cibles principales. En 2023, 62,4 % des entités aidées étaient des restaurants, 25,1 % des hôtels et 12,5 % des structures d’agritourisme. En 2024, les hôtels-restaurants représentaient 59 % des projets soutenus, devant les hôtels (25 %) et les restaurants (16 %).

Enfin, il faut noter que les Outre-mer dans leur ensemble n’ont représenté que 7 % du budget total consommé dans le cadre du Fonds Tourisme Durable. Ce chiffre souligne à la fois la place encore restreinte de ces territoires dans les grandes politiques publiques nationales, mais aussi leur potentiel de montée en puissance à condition d’un accompagnement renforcé.

Et après 2024 ? Des relais d’action territoriaux toujours mobilisés

Si le Fonds Tourisme Durable s’est officiellement terminé fin 2024, les dynamiques enclenchées ne s’arrêtent pas là. À La Réunion comme à Mayotte, l’ADEME, la CCI et le CRT poursuivent leur mobilisation pour accompagner les professionnels du secteur. Ils orientent désormais les porteurs de projets vers d’autres leviers d’aide, notamment dans le cadre du dispositif ADEME Entreprises, des aides régionales, ou encore d’appels à projets thématiques sur la biodiversité, la gestion des ressources ou la transition énergétique.

Cette continuité territoriale est cruciale pour éviter les ruptures d’élan et pérenniser les efforts fournis. D’autant plus que 73 % des touristes se disent favorables à des hébergements engagés dans des pratiques durables d’après Booking Sustainable Travel Report en 2021. Le marché est donc prêt, reste à accompagner les entreprises dans leur transformation.

Plus concrètement, les entreprises peuvent aujourd’hui se tourner vers :

  • des dispositifs d’aides territoriaux (par exemple, les subventions FEDER ou le programme Investr de la Région Réunion) ;
  • des appels à projets ciblés portés par l’ADEME, sur des thématiques comme l’économie circulaire, la décarbonation ou la valorisation des biodéchets ;
  • des accompagnements à l’ingénierie et au montage de projets proposés par la CCI Réunion, la CCI Mayotte ou encore le CRT récemment restructuré.

Les contacts institutionnels mentionnés dans le bilan de l’ADEME, tels que l’adresse générique de la Direction régionale Océan Indien ou les référents de la CCI, restent à disposition pour orienter les acteurs du tourisme souhaitant engager ou poursuivre une transition écologique.


Consulter ici le document : « Le Fonds Tourisme Durable – Bilan et chiffres clés : La Réunion – Mayotte » – par l’ADEME en juin 2025.


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