Lancée en 2023, la filière de responsabilité élargie du producteur (REP) pour les produits et matériaux de construction du bâtiment s’est dotée d’objectifs précis. L’infographie publiée par l’ADEME en juillet 2024 fixe notamment un taux de recyclage de 35 % pour les matériaux minéraux (catégorie 1) et de 39 % pour les autres produits (catégorie 2) à l’horizon 2024. Mais derrière ces chiffres encourageants, un indicateur interpelle : le réemploi-réutilisation reste cantonné à seulement 2 %.
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Un gisement colossal, une collecte à structurer
Avec un gisement initial estimé à 30 millions de tonnes en 2021, dont près de 10 Mt pour la seule catégorie 2 (bois, plastiques, métaux, verre, plâtre), la filière doit relever un défi logistique de taille. L’ADEME prévoit la mise en place d’un maillage territorial à raison d’un point de collecte tous les 10 à 20 km d’ici 2026.
Un objectif ambitieux en métropole, mais encore plus complexe dans les territoires ultramarins où l’éloignement, la dispersion géographique et la faiblesse des infrastructures de valorisation constituent des contraintes majeures.
Des ambitions contrastées : recyclage fort, réemploi faible
Le contraste entre les cibles fixées est frappant. D’un côté, les taux de valorisation s’annoncent élevés : 77 % pour les matériaux minéraux et 48 % pour les autres produits, en intégrant le recyclage, le remblayage et la valorisation énergétique. De l’autre, le réemploi et la réutilisation stagnent à 2 %, toutes catégories confondues.
Ce chiffre met en évidence une stratégie axée avant tout sur le recyclage et la valorisation matière, laissant le réemploi dans un rôle secondaire. Peut-on réellement parler d’économie circulaire si la seconde vie des matériaux reste marginale ?
Quatre éco-organismes face au défi
La réussite de cette filière repose désormais sur l’action des quatre éco-organismes agréés : Ecomaison, Ecominéro, Valdelia et Valobat. Leur mission est de déployer rapidement le réseau de collecte, d’organiser le traitement des flux et de soutenir l’émergence de filières locales. Leurs choix opérationnels seront décisifs pour atteindre les taux affichés et, surtout, pour réduire l’écart entre les ambitions de recyclage et la faiblesse du réemploi.
Les objectifs de la REP Bâtiment marquent une avancée notable pour encadrer et structurer la gestion des déchets de construction. Ils traduisent une volonté claire d’accroître la valorisation, mais révèlent aussi les limites d’un système encore centré sur le recyclage. Le défi des prochaines années sera de transformer le réemploi en véritable levier, afin que l’économie circulaire du bâtiment ne reste pas un horizon lointain.









