Filière CONSTRUCTION. des signaux positifs, mais la relance reste absente

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Malgré quelques signaux de redressement sur certains segments, la filière Construction peine à retrouver une dynamique solide à l’échelle nationale. La dernière note de conjoncture du GIE Réseau des CERC publiée au 15 juillet 2025 met en évidence des contrastes marqués entre les intentions de construction, les chantiers réellement lancés, et les réalités économiques du secteur. Tour d’horizon des tendances clés.

Logement neuf : des autorisations en hausse, mais peu de chantiers

Le segment du logement affiche des résultats contrastés. Si les permis de construire ont bondi de +22,4 % sur les trois derniers mois à fin mai 2025, atteignant 96 700 logements autorisés, les mises en chantier, elles, restent orientées à la baisse.

À la même date, seules 62 100 unités avaient été commencées, soit une baisse de –3,3 %. Cette dynamique illustre un décalage persistant entre les intentions administratives et leur concrétisation sur le terrain.

Les mises en vente de logements neufs reflètent également une demande atone : –16,1 % au premier trimestre, avec seulement 15 585 logements proposés. Les réservations enregistrent un repli marqué de –18,4 %.

Toutefois, un point de résistance se dessine du côté des ventes en bloc, en hausse de +19,2 %, traduisant l’intérêt renouvelé des investisseurs institutionnels, notamment dans le logement social ou intermédiaire.

Enfin, le crédit à l’habitat continue d’évoluer timidement à la hausse, avec une progression de +3,4 % à fin mai. Un signal qui peut traduire une légère détente des conditions d’accès au financement, sans pour autant enclencher une reprise franche.

Locaux non résidentiels : frémissement modeste après une période creuse

Après plusieurs mois de stagnation, le segment des locaux non résidentiels montre enfin quelques signes positifs. Les surfaces autorisées progressent de +2,9 %, tandis que les surfaces commencées enregistrent une hausse de +3,5 % sur trois mois à fin mai.

Ces évolutions, bien que modestes, pourraient marquer un tournant, notamment dans certaines zones tendues ou à fort potentiel logistique.

Cependant, ces frémissements doivent être interprétés avec prudence : les niveaux absolus restent inférieurs aux standards d’avant-crise, et les projets réellement engagés demeurent encore peu nombreux. Le secteur reste exposé aux incertitudes économiques, notamment celles liées à l’investissement tertiaire et à l’évolution des modes de travail.

Travaux publics : fin de cycle après les grands marchés

Le secteur des travaux publics entre dans une phase d’atterrissage. Après une période stimulée par des attributions exceptionnelles de grands projets, les marchés conclus accusent un repli sévère de –15,6 % à fin mai 2025.

Ce recul s’explique en partie par un effet de base élevé, mais aussi par un essoufflement des commandes publiques et une incertitude sur le renouvellement des financements.

Dans le même temps, les travaux réalisés continuent de progresser, à un rythme mesuré (+1,6 %), et les heures travaillées hors intérim augmentent de +2,2 %, ce qui traduit une certaine inertie dans l’activité.

Toutefois, la tendance est peu rassurante : les carnets de commandes enregistrent une baisse de –6,2 % au premier trimestre, ce qui pourrait préfigurer une contraction plus marquée au deuxième trimestre.

Entretien-rénovation : une activité sous pression

Traditionnellement plus résilient, le segment de l’entretien-rénovation connaît lui aussi un fléchissement. L’activité recule de –1,2 % en volume au premier trimestre 2025, confirmant un ralentissement déjà observé fin 2024.

Les carnets de commandes restent stables à 14,2 semaines, mais leur léger raccourcissement (–0,6 semaine) laisse entrevoir une fragilisation progressive de cette branche, pourtant essentielle à la transition énergétique du bâti.

Ce repli s’explique en partie par les incertitudes pesant sur les aides publiques à la rénovation, les contraintes d’accès aux financements pour les particuliers, et la hausse des coûts de certains matériaux ou prestations.

Matériaux : recul du béton, stabilité des granulats

Les données de production confirment le refroidissement de l’activité sur le terrain. La production brute de béton prêt à l’emploi (BPE) chute de –4,6 % sur trois mois, et de –8 % sur un an, à fin avril 2025. Cette baisse témoigne d’un net ralentissement des chantiers dans toutes les filières du gros œuvre.

En revanche, la production de granulats résiste, avec une progression de +0,6 % sur la même période, bien qu’elle accuse un léger repli sur un an (–0,8 %).

Cette disparité entre matériaux reflète des dynamiques différenciées selon les territoires et les typologies de travaux, mais globalement, la tendance reste orientée à la baisse.

Emploi et entreprises : pertes nettes et fragilité entrepreneuriale

La situation de l’emploi reste préoccupante. Depuis le début de l’année 2023, ce sont près de 53 000 postes qui ont été supprimés dans la filière construction. À fin mars 2025, l’effectif salarié s’établit à 1,6 million de personnes, en baisse de –5,6 % sur un an. L’intérim, traditionnel baromètre avancé de l’activité, chute de –6,7 %, et le nombre de demandeurs d’emploi progresse de +8,7 %.

Le tissu entrepreneurial s’érode lui aussi. Les créations d’entreprises classiques reculent de –11,5 %, tandis que les micro-entreprises accusent une baisse de –7,1 %. Si les défaillances d’entreprises restent stables sur trois mois (+0,2 %), elles explosent sur un an (+15,7 % au premier trimestre), ce qui souligne la tension persistante sur la trésorerie et la viabilité des structures.

Ce contexte tendu affecte aussi bien les PME que les artisans, et limite les perspectives d’investissement, d’embauche et de structuration de l’offre.

 


Source : L’ESSENTIEL de la CONJONCTURE NATIONALE & INTERRÉGIONALE de la FILIÈRE CONSTRUCTION – n°132 du 15 Juillet 2025


Si quelques indicateurs laissent entrevoir un potentiel de rebond – notamment les permis de construire ou les ventes en bloc – la filière Construction reste, à l’été 2025, sur une trajectoire fragile. Pour l’heure, la reprise se dessine, mais elle n’est ni large, ni assurée.

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