Défaillances d’entreprises : les OUTRE-MER dépassent la métropole au T2 2025

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Défaillances d’entreprises Outre-mer

La dernière publication trimestrielle de l’IEDOM-IEOM sur les défaillances d’entreprises montre un constat sans appel : les territoires ultramarins enregistrent une progression plus rapide qu’en France entière. Entre juin 2024 et juin 2025, 2 605 défaillances ont été recensées, soit une hausse de 10,8 % sur un an, contre +8,2 % au niveau national. Comme le souligne l’institut, « la croissance des défaillances ultramarines se poursuit sur un rythme plus élevé qu’en France entière ». Derrière ces chiffres globaux, deux réalités s’imposent : des secteurs clés sous tension, et des trajectoires territoriales très contrastées.

Le BTP, pilier fragilisé et secteur le plus exposé

Le secteur de la construction reste au cœur des difficultés. Il concentre près d’un quart des défaillances ultramarines, avec 651 procédures ouvertes en un an, soit une progression de +8,0 % après une stabilisation observée fin 2024.

La comparaison avec la métropole (+7,0 %) montre que les entreprises ultramarines du BTP subissent une pression légèrement plus forte, reflet de leur dépendance accrue aux marchés publics, du poids de l’importation des matériaux et de marges plus resserrées.

L’institut rappelle d’ailleurs que « les procédures continuent d’accélérer (…) après s’être stabilisées fin 2024 », confirmant que le répit n’aura été que de courte durée. Pour un secteur déjà fragilisé par l’inflation et par des calendriers d’investissements publics parfois incertains, ce retour à la hausse est un signal préoccupant.

Hébergement-restauration et services : des secteurs en alerte

Mais la construction n’est pas seule en cause. Le véritable moteur de la hausse réside dans l’hébergement-restauration, qui connaît une flambée spectaculaire : +55,5 % en un an, soit près de 300 procédures recensées.

Ce secteur, vital pour les économies insulaires dépendantes du tourisme, se révèle extrêmement vulnérable dans un contexte post-crise marqué par l’inflation et une fréquentation encore irrégulière.

Autre indicateur inquiétant : les conseils et services aux entreprises enregistrent une progression de +22,1 %. Ces activités, souvent perçues comme plus résilientes, n’échappent plus à la vague de défaillances. Même des secteurs plus marginaux comme l’information-communication affichent des hausses sensibles (+24,3 %).

À l’inverse, quelques branches résistent ou reculent : transports (-9,6 %), immobilier (-7,0 %) et activités financières (-2,2 %), mais leur poids relatif reste limité face aux moteurs de la hausse.

Des territoires aux dynamiques divergentes

L’autre enseignement majeur de la note réside dans les écarts géographiques.
En Guyane, les chiffres explosent : 124 procédures en un an contre 55 un an plus tôt, soit une hausse vertigineuse de +125,5 %, principalement dans la construction. Cette flambée illustre la fragilité d’un tissu économique plus restreint, où chaque défaillance pèse lourd.

En Guadeloupe, la progression est également soutenue (+28,5 %), alimentée par les secteurs du commerce, du conseil aux entreprises et de l’hébergement-restauration.

En Martinique, la hausse est plus modérée (+8,8 %) mais elle s’accélère trimestre après trimestre, portée par l’hébergement-restauration.

La Polynésie française (+14,5 %) et la Nouvelle-Calédonie (+4,0 %) confirment un retour des difficultés après plusieurs trimestres de baisse.

À l’inverse, La Réunion affiche un ralentissement net : +3,0 % seulement, poursuivant une décrue engagée depuis cinq trimestres après un pic fin 2024.

Enfin, Mayotte constitue l’exception, avec une baisse marquée de -17,4 %, soit seulement 38 procédures sur l’année, un niveau absolu très faible.

Normalisation ou signal d’alerte ?

Ces évolutions doivent être replacées dans une perspective plus large. Les graphiques de l’IEDOM-IEOM rappellent que le cycle des défaillances connaît des phases de baisse (notamment durant la crise sanitaire et grâce aux aides massives) suivies de retours à la moyenne. L’actuelle progression peut donc s’interpréter comme une normalisation.

Cependant, l’ampleur et la rapidité de la hausse ultramarine, plus fortes que dans l’Hexagone, traduisent une vulnérabilité structurelle. Les secteurs dépendants du tourisme et du bâtiment, déjà fragiles, semblent absorber de plein fouet le retournement conjoncturel.

La question reste ouverte : simple correction statistique ou prémices d’une fragilisation plus profonde du tissu économique ultramarin ?


Défaillances d’entreprises Outre-mer

Consulter le rapport – Les défaillances d’entreprises dans les Outre-mer – 2e trimestre 2025


 

Les chiffres le confirment : les entreprises ultramarines affrontent une vague de défaillances plus rapide qu’en métropole. La construction, pilier économique, reste exposée, mais l’explosion des difficultés dans l’hébergement-restauration et les services révèle une vulnérabilité plus large. Avec des trajectoires régionales très contrastées, la vigilance s’impose face à une dynamique qui pourrait dépasser la simple normalisation post-crise.

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