Entre urgence climatique et crise du logement, la DEAL Martinique a placé 2024 sous le signe de la transition et de l’engagement local. Dans un territoire contraint par la géographie, exposé aux aléas naturels et marqué par une forte précarité de l’habitat, l’établissement a mobilisé plus de 71 millions d’euros pour transformer le quotidien. C’est ce que révèle en détail le rapport d’activité 2024 publié le 12 juin 2025, qui revient sur les grandes actions menées dans les domaines de l’écologie, de l’aménagement et du logement.
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Accélérer la transition écologique dans un territoire vulnérable
En 2024, la DEAL a massivement investi dans les projets environnementaux. Selon les données détaillées dans son rapport d’activité 2024, le Fonds Vert a permis de financer 65 projets sur 96 dossiers déposés, pour un montant total de 16,86 millions d’euros (11,94 millions d’euros via le BOP 380 et 4,92 millions d’euros via le BOP 113).
Ces projets couvrent la performance énergétique, la résilience climatique et l’amélioration du cadre de vie. Les collectivités, associations et partenaires privés ont été accompagnés dans la conception et le montage de leurs dossiers.
L’action s’est également structurée autour de la COP2 territoriale, organisée le 29 avril 2024. Cette rencontre a permis de réunir l’ensemble des forces vives locales — élus, entreprises, services de l’État, associations — autour de 3 axes :
- la réduction des émissions de gaz à effet de serre,
- la protection de la biodiversité,
- l’adaptation au changement climatique.
Elle s’inscrit dans la continuité du travail mené depuis 2022 pour territorialiser la planification écologique en Martinique.
La révision de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) a également progressé. Copilotée par la DEAL et la CTM, elle vise à redéfinir les objectifs énergétiques pour les périodes 2024-2028 et 2029-2033.
En dépit des efforts, le territoire reste dépendant des importations d’hydrocarbures, avec une part d’énergies renouvelables dans la consommation électrique estimée à 26,5 % en 2024.
Renaturation et biodiversité : les initiatives locales de grande envergure
L’année a été marquée par l’obtention du prix « Notre nature, nos solutions », décerné à Paris pour un projet de renaturation en contrebas de la DEAL à la Pointe de Jaham. Ce chantier de 1 600 m², qui prévoit la plantation d’essences locales et d’arbres fruitiers, a bénéficié d’un financement de 20 000 euros. L’objectif : désimperméabiliser les sols et créer un espace de biodiversité exemplaire au cœur d’une zone urbaine.
Autre fait marquant : le lancement officiel du Groupement d’Intérêt Public (GIP) Sargasses, en juillet 2024, avec un budget initial de 1,4 millions d’euros. Cet outil associe l’État, la Collectivité Territoriale de Martinique et les trois EPCI (CACEM, Cap Nord, Espace Sud) pour organiser une réponse durable, coordonnée et mutualisée face aux échouages de sargasses.
Dans le domaine de la protection de la faune, la DEAL a achevé la mise en œuvre du Plan National d’Action (PNA) en faveur de l’iguane péyi, espèce endémique et menacée des Petites Antilles. L’objectif : préserver une biodiversité locale fortement mise à mal par les espèces exotiques envahissantes et le mitage urbain.
L’année a également vu la montée en puissance des outils numériques d’aménagement durable. La plateforme GéoMartinique s’est enrichie grâce à un partenariat avec l’IGN. Elle intègre désormais une expérimentation fondée sur l’IA pour suivre l’évolution de l’occupation des sols à grande échelle, dans le cadre de l’objectif ZAN. Le moteur IA a été spécifiquement calibré pour les spécificités antillaises, avec des données validées localement.
Logement et urbanisme : répondre à l’urgence sociale en Martinique
Selon le rapport d’activité 2024, La Martinique compte aujourd’hui 32 000 logements insalubres et plus de 13 000 demandes de logements sociaux non satisfaites. Dans ce contexte, la DEAL a renforcé ses actions en faveur de l’habitat privé via l’Aide à l’Amélioration de l’Habitat (AAH). Ce dispositif, destiné aux propriétaires occupants modestes et très modestes, a permis de mobiliser 10 millions d’euros en 2024. Le montant moyen d’aide s’élève à 29 000 euros par dossier, avec une prise en charge allant jusqu’à 70 % du coût des travaux pour les foyers très modestes.
Parallèlement, 14 opérations de Résorption de l’Habitat Insalubre (RHI) ont été suivies :
- 7 en phase opérationnelle (Trompeuse à Fort-de-France, Petite Rivière Salée à Trinité, etc.)
- 7 en phase pré-opérationnelle (Fort de Saint-Pierre, Terre Patate à Macouba, Trénelle à Fort-de-France).
Une opération de Résorption de l’Habitat Spontané (RHS) est également en cours. La plateforme Histologe a recensé 148 signalements de mal-logement en 2024, dont 75 % concernent le parc privé.
Le logement social en crise : freins à la production et leviers pour une meilleure adéquation avec les besoins
La production de logements sociaux reste fortement ralentie malgré les besoins criants. En 2024, la DEAL a accompagné 330 logements neufs et la réhabilitation de 750 logements. Mais les blocages s’accumulent : marchés infructueux, pénuries de main-d’œuvre, délais d’attribution, défaillance d’entreprises, et faible attractivité des métiers. Les entreprises du BTP dénoncent des prix trop bas et des contraintes administratives élevées, ce qui fragilise encore plus la filière.
Pour tenter d’enrayer la tendance, la DEAL a soutenu le lancement du Prêt Jeune Actif, en partenariat avec Action Logement et la CTM. Lancé en août 2024, ce dispositif vise à accompagner 300 ménages martiniquais d’ici 2027, pour un budget total de 15 millions d’euros, dans un projet d’accession à la propriété. Il s’adresse aux moins de 41 ans, sans condition de ressources, pour favoriser l’enracinement local et lutter contre la baisse démographique.
Enfin, les enjeux fonciers et d’urbanisme restent au cœur des préoccupations. En 2024, la DEAL a suivi la révision du SAR, la reprise de trois PLU communaux (Diamant, Ducos, Rivière Pilote), et la mise à jour du SCOT de l’espace Sud.
Elle a aussi été mobilisée sur le dossier sensible du transfert des zones des 50 pas géométriques (ZPG). Si 3 500 hectares sont concernés, dont 1 000 ha urbanisés, le Conseil d’État a rendu un avis défavorable sur le zonage initial, exigeant plus de précision.
En parallèle, la refondation du bourg du Prêcheur, exposé aux lahars et à l’érosion littorale, amorce une recomposition spatiale exemplaire, avec logements prototypes et école-refuge.
La DEAL également active sur les transports, les risques et la gestion des rivières
Au-delà de ces deux volets prioritaires, la DEAL a également mené de nombreuses actions sur d’autres thématiques majeures. En matière de transport, elle a accompagné l’extension du TCSP (38 km, 530 millions d’euros), le développement de 45 km de pistes cyclables, et la modernisation de l’aéroport Aimé Césaire (105 millions d’euros).
Sur le volet risques, elle a conduit 71 inspections de sites industriels (ICPE), lancé le portail RisquesNaturels972, et assuré l’instruction de 24 dossiers liés à l’ouragan Béryl via le Fonds de secours Outre-mer. Enfin, la DEAL a poursuivi l’entretien de 25 km de rivières, et lancé une démarche interne de transformation organisationnelle à travers la mission Team iDEAL, impliquant plus de 100 agents.
DOCUMENT À CONSULTER :

RAPPORT D’ACTIVITÉ 2024 – DEAL Martinique
En 2024, la DEAL Martinique a conjugué transition écologique et action sociale dans un territoire à forts enjeux climatiques et fonciers. Les projets de renaturation, les investissements massifs dans l’habitat et les réponses aux vulnérabilités urbaines témoignent d’une volonté d’adaptation locale. Pour 2025, le cap est clair : accélérer encore l’action sur le terrain, dans un cadre résilient, équitable et durable.









