Croissance ultramarine : entre vulnérabilités persistantes et besoin de visibilité

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La question de la croissance économique dans les Outre-mer revient avec force dans le débat public. Lors du colloque organisé au Sénat, la FEDOM a rappelé que ces territoires avancent avec des atouts réels, mais aussi avec des fragilités qui s’amplifient.

Derrière les constats habituels se dessine une réalité plus complexe : sans lisibilité des politiques publiques, les capacités d’investissement risquent de s’essouffler.

Les singularités structurelles — dépendance à l’Hexagone, intégration régionale limitée, démographie spécifique, marchés étroits — ne sont pas nouvelles. Ce qui l’est davantage, c’est leur effet cumulatif dans un contexte économique tendu.

Lorsque les coûts logistiques s’envolent, que les délais d’instruction rallongent et que les entreprises doivent arbitrer entre urgence opérationnelle et stratégie à long terme, chaque contrainte pèse plus lourd qu’hier.

À cela s’ajoutent de nouveaux freins. L’insécurité fragilise l’attractivité de certains territoires, les aléas climatiques extrêmes deviennent un paramètre permanent du développement, et l’instabilité réglementaire brouille les signaux envoyés aux investisseurs.

Ces facteurs ne sont plus des exceptions : ils redéfinissent les conditions d’exercice de l’activité économique dans tous les secteurs, du BTP à l’industrie en passant par les services.

Le retrait des articles 7 du PLF et 9 du PLFSS, obtenu grâce à la mobilisation parlementaire, a momentanément rassuré les acteurs. Mais ce recul ne règle rien sur le fond : l’incertitude demeure, et chaque révision potentielle des dispositifs de soutien ravive les inquiétudes.

Pour des entreprises déjà confrontées à des cycles d’investissement longs, cette instabilité érode la capacité à planifier.

D’où l’appel réitéré de la FEDOM à une loi de programmation. Une trajectoire pluriannuelle, articulant objectifs de développement et outils de soutien, permettrait de sortir du court-termisme.

Sans horizon stable, les marchés ultramarins resteront trop volatils pour attirer des investissements à la hauteur de leurs besoins, notamment à Mayotte où les retards administratifs freinent durablement les projets.

La mobilisation de la FEDOM traduit une conviction : la singularité des Outre-mer peut devenir un moteur de croissance, à condition d’être accompagnée par une action publique lisible, coordonnée et continue. La balle est désormais dans le camp des décideurs.


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