En novembre 2023, le Comité des parties prenantes du Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) a validé une programmation ambitieuse pour la période 2023-2027. Ce document stratégique, publié en mai 2024, fixe les priorités de l’organisme interministeriel en matière de recherche et d’expérimentation dans l’urbanisme, la construction et l’architecture. Parmi ses trois grands axes, celui consacré aux dynamiques du logement se distingue par un objectif clair : rendre le logement à la fois plus abordable et plus sobre, tout en répondant aux tensions économiques, sociales et environnementales actuelles.
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Comprendre la stratégie logement du PUCA
Le PUCA part d’un constat sans appel : le logement en France est sous tension, avec une demande élevée, des coûts de production en hausse et un contexte climatique qui impose de réduire l’empreinte écologique du bâti. Sa réponse repose sur un double mouvement : approfondir la connaissance des besoins réels et expérimenter des solutions concrètes sur le terrain.
L’originalité de l’approche réside dans la combinaison entre recherche académique, retour d’expérience des acteurs de terrain et co-construction des programmes avec des partenaires publics et privés. L’objectif n’est pas seulement de documenter les enjeux, mais d’aboutir à des outils opérationnels pour les maîtres d’ouvrage, les collectivités et les professionnels du secteur.
Répondre à la crise du logement sans aggraver l’empreinte écologique
Pour concilier accessibilité financière et sobriété environnementale, le PUCA mise sur le programme « Défis économiques pour un foncier et un logement abordable », élaboré avec l’Union sociale pour l’habitat (USH). Ce dispositif croise les approches économiques et territoriales afin d’identifier des leviers pour produire du logement à coût maîtrisé, notamment dans les zones où la pression foncière est forte.
Le programme partenarial sur la demande et les besoins en logements vise à fournir une photographie précise de la situation, en s’intéressant aussi bien au profil des demandeurs de logements sociaux qu’aux dynamiques locales. L’enjeu est de mieux cibler l’offre en fonction des réalités territoriales, tout en anticipant la baisse probable du volume de construction neuve au profit de la réhabilitation et de l’adaptation du parc existant.
Le PUCA évoque aussi la nécessité de prendre en compte un contexte économique difficile à savoir l’inflation et les taux d’intérêt élevés freinent l’accession à la propriété et compliquent le financement du locatif privé. Ces conditions pourraient accroître la pression sur le parc social.
Pour y répondre, la programmation 2023-2027 mise sur une approche intégrée. Elle passe par la mobilisation de foncier public ou sous-utilisé et par l’optimisation des coûts de construction grâce à l’industrialisation raisonnée. Elle inclut aussi le soutien à des modèles de financement innovants, comme le bail réel solidaire ou la dissociation foncier/bâti.
(Re)construire sobre et abordable : faire du neuf avec l’existant
La sobriété passe par la réutilisation et la transformation du parc existant. Les trois sessions du programme REHA ont permis de tester des solutions architecturales, techniques, sociales et financières pour réhabiliter des immeubles collectifs obsolètes. Cette démarche se prolonge avec REHA-Héritages, centré sur le bâti remarquable du XXe siècle, en partenariat avec le ministère de la Culture, l’Anah et l’Anru.
Dans les Outre-mer, le programme « Un Toit Pour Tous en Outre-Mer » expérimente des solutions constructives adaptées aux conditions climatiques et socio-économiques de Mayotte et de la Guyane.
Enfin, le programme « Engagés pour la Qualité du Logement de Demain », mené avec le GIP EPAU, encourage des projets exemplaires qui répondent aux nouvelles aspirations des habitants tout en respectant les objectifs environnementaux.
Gestion et maintenance : le parent pauvre à réhabiliter
Si la construction et la rénovation concentrent souvent l’attention, la gestion quotidienne du bâti reste un enjeu stratégique. Le PUCA souligne que les copropriétés jouent un rôle central dans la pérennité du parc résidentiel, mais que leur gestion est complexe, notamment face aux exigences de réhabilitation énergétique.
Le programme (Ré)gé(né)rer les copropriétés vise à mieux comprendre leur fonctionnement ordinaire et à fournir aux acteurs publics et privés des outils pour engager les copropriétaires dans les démarches de transition écologique. Un second programme, encore à l’étude, s’intéresse aux copropriétés en difficulté, pour éviter que leur dégradation ne devienne irréversible.
Penser les parcours résidentiels et l’habitat de demain
Au-delà des bâtiments eux-mêmes, le PUCA s’intéresse aux modes de vie et aux trajectoires résidentielles. Les travaux Exode urbain et les plateformes POPSU ont mis en lumière l’importance de l’emplacement, de la configuration et des services dans la résilience des ménages.
Avec 55 % du parc constitué d’habitat individuel (abritant deux tiers de la population), la question de sa transition est centrale. Le PUCA explore plusieurs pistes :
- rénovation thermique performante,
- ajout de volumes par surélévation,
- optimisation des espaces extérieurs pour réduire l’empreinte foncière,
- et intégration de solutions de production d’énergie renouvelable à petite échelle.
En parallèle, des leviers de recyclage urbain sont étudiés : transformation de bureaux vacants en logements, reconversion de zones commerciales en quartiers mixtes, requalification des friches pour créer du logement sans artificialiser de nouveaux sols.
Ces approches s’appuient sur des expérimentations locales déjà engagées dans le cadre des programmes cofinancés par le PUCA, ce qui permet de tester leur faisabilité technique et économique avant un éventuel déploiement à plus grande échelle.
Consulter ici le PROGRAMME PARTENARIAL 2023-2027 PUCA
À travers cette programmation 2023-2027, le PUCA s’engage dans une refonte profonde de la manière de produire, gérer et réhabiliter le logement. La feuille de route combine recherche, expérimentation et partenariats pour concilier accessibilité, qualité et sobriété. Reste à suivre, d’ici 2027, la mise en œuvre concrète de ces orientations, dans un contexte où les tensions économiques et environnementales ne cessent de s’intensifier.