En Guadeloupe, la transition écologique s’ancre dans des actions locales concrètes. Financements ciblés, accompagnement des collectivités et engagement des acteurs du territoire : l’ADEME multiplie les leviers pour structurer durablement la gestion des déchets, encourager le tourisme responsable et améliorer la connaissance des flux. L’année 2024 marque une accélération nette, à la fois sur le terrain et dans les chiffres.
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Compostage, tri à la source : la montée en puissance des biodéchets
Depuis le 1er janvier 2024, la loi AGEC impose à toutes les collectivités de mettre en place le tri à la source des biodéchets. En Guadeloupe, ce virage réglementaire a été amorcé avec pragmatisme, même si le territoire reste encore en phase de structuration. En 2024, 9 700 kits de compostage ont été distribués, couvrant environ 5 % de la population régionale. Un chiffre modeste, mais révélateur d’une volonté de montée en charge.
Le véritable enjeu se situe désormais dans l’habitat collectif, plus difficile à équiper et à sensibiliser. C’est dans cette optique que le syndicat Sinnoval a lancé une expérimentation de compostage partagé en pied d’immeuble dans une résidence de 143 logements à Port-Louis. Sept plateformes de compostage seront installées. Le compost produit sera valorisé dans un jardin partagé, en lien avec l’association Les Citronnelles, dans le cadre d’un chantier-école. Financé par le Fonds vert 2024, ce projet combine innovation sociale, gestion locale des déchets et retour au sol.
L’ADEME joue un rôle de facilitateur essentiel : en effet, en accompagnant les porteurs de projet dans la structuration, le financement et la communication, elle lève les freins techniques et logistiques. Le tri des biodéchets devient progressivement un geste ancré, porté par des dispositifs simples, mais efficaces.
Tourisme durable : des établissements mieux armés pour la sobriété
Lancé en 2021 et prolongé en 2023, le Fonds Tourisme Durable a trouvé un véritable terrain d’application en Guadeloupe. Avec 143 diagnostics environnementaux réalisés et 54 établissements financés pour un montant total de 1,14 million d’euros, le dispositif a permis de faire émerger une nouvelle génération d’hébergements et de restaurants plus sobres, autonomes et résilients. Chaque projet financé a bénéficié en moyenne de 21 225 euros.
Les investissements portent sur des postes variés, directement liés à la performance énergétique et environnementale : panneaux photovoltaïques en autoconsommation, brasseurs d’air au plafond, éclairages LED extérieurs, récupération des eaux pluviales, électroménager basse consommation, et actions de réduction des déchets non-alimentaires.
La maison d’hôtes Habitation Mélipone, située à Pointe-Noire, illustre parfaitement cette dynamique. Grâce au programme de l’ADEME, elle est aujourd’hui 100 % autonome en eau et en électricité. « Ce soutien nous a permis de démontrer qu’il est possible de vivre de manière moderne et confortable tout en respectant la nature », témoigne Anne-Laure Autier, la gérante. Un modèle reproductible, qui trouve déjà un écho auprès d’autres porteurs de projets.
Mobiliser les acteurs autour de la réduction des déchets
Au-delà des dispositifs techniques, la sensibilisation reste un pilier de l’action de l’ADEME. Le 10 septembre 2024, l’agence a organisé un séminaire à destination des collectivités, associations et entreprises, pour préparer la Semaine de la Réduction des Déchets (SERD). Plus de 100 participants ont répondu présents pour échanger, mutualiser leurs idées et planifier leurs actions.
Résultat ? L’édition 2024 de la SERD en Guadeloupe a été particulièrement active, avec 64 actions recensées sur l’ensemble du territoire. Un annuaire numérique a été mis en ligne par le Conseil régional pour mieux valoriser ces événements et améliorer la communication auprès du grand public. Ce type d’initiative confirme l’importance d’un pilotage régional structuré et visible.
Une photographie précise des déchets grâce aux données MODECOM
Pour orienter efficacement les politiques publiques en matière de déchets, encore faut-il disposer de données fiables et territorialisées. La campagne MODECOM menée en 2022 en Guadeloupe apporte un éclairage précieux. Elle indique une production annuelle moyenne d’ordures ménagères résiduelles de 362,1 kg par habitant, accompagnée d’un gaspillage alimentaire estimé à 19,3 kg/hab/an.
Ces chiffres sont parmi les plus élevés des Outre-mer, ce qui souligne l’ampleur des défis à relever, notamment sur la prévention et la réduction des déchets à la source. Mais ils servent aussi à mieux calibrer les équipements, à adapter les messages de communication, et à prioriser les territoires d’intervention. L’ADEME s’appuie sur ces données pour affiner ses actions locales, comme le développement de la consigne, le tri en habitat collectif ou la valorisation organique.
Ressource à consulter : ADEME Outre-mer #8