Dans les DROM, les charpentes subissent des contraintes extrêmes : vents violents, humidité élevée, atmosphère corrosive. Qu’il s’agisse de structures en bois ou en métal, ces éléments doivent être conçus avec précision et rigueur. Les DTU applicables encadrent chaque étape de leur mise en œuvre, en tenant compte des risques climatiques et mécaniques propres aux territoires ultramarins.
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Les normes DTU applicables aux charpentes bois et métal dans les DROM
Qu’il s’agisse d’un lot bois ou d’une ossature métallique, les DTU applicables dans les DROM fournissent les références indispensables pour concevoir des structures saines, stables et conformes aux règles de l’art.
- NF DTU 31.1 (2017) – Charpentes en bois : Ce DTU couvre les charpentes traditionnelles et industrialisées, en bois massif ou en lamellé-collé. Il impose des exigences strictes sur la qualité des bois, les sections minimales, les types d’assemblages admissibles, les contreventements, les fixations et les détails de protection contre l’humidité. Les risques biologiques (insectes xylophages, champignons) y sont clairement intégrés.
- NF DTU 31.3 (2012 + A1/2014) – Charpentes bois assemblées par connecteurs métalliques ou goussets : Cette norme s’applique aux charpentes industrialisées à base d’éléments préfabriqués, souvent présentes dans les constructions résidentielles ultramarines. Elle encadre les méthodes d’assemblage, les vérifications de portance et les traitements de durabilité contre les attaques climatiques ou biologiques.
- NF DTU 32.1 (2020) – Charpentes et ossatures en acier : Il traite de la conception, de la fabrication et de la mise en œuvre des structures en acier. Il inclut les tolérances dimensionnelles, les contraintes de soudure, de boulonnage, et les dispositifs de protection contre la corrosion. L’emploi d’aciers galvanisés ou la mise en peinture anti-corrosion est d’ailleurs recommandé dans les zones à forte salinité comme Mayotte ou les littoraux antillais.
- NF DTU 32.3 (2015) – Ossatures acier pour maisons résidentielles : Applicable aux DROM, à l’exception de la partie 3, cette norme vise les charpentes légères en profilés métalliques. Elle précise les exigences de calcul, les sections types, les assemblages admissibles et les fixations. Elle est particulièrement utile pour les constructions en zone ventée.
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Contraintes spécifiques dans les DROM : efforts extrêmes sur les toitures
Les territoires ultramarins sont soumis à des sollicitations structurelles bien plus intenses qu’en métropole. Cela impose une approche technique minutieuse, adaptée à la réalité de chaque île.
- Rafales cycloniques et efforts de soulèvement : En Guadeloupe, Martinique ou à La Réunion, la vitesse des vents peut dépasser ponctuellement les 250 km/h. Dans de telles conditions, les DTU imposent le renforcement systématique des ancrages (platines métalliques, fixations mécaniques à scellement) et l’utilisation de contreventements efficaces dans les fermes de toiture. Les entraxes entre pannes ou fermes doivent être adaptés pour limiter les effets de déformation dynamique. Les prescriptions sont fondées sur les valeurs de référence issues des cartes de vent applicables aux DROM.
- Ambiances tropicales et humidité constante : Une hygrométrie supérieure à 80 % de manière quasi permanente, combinée à une température élevée, crée un environnement favorable aux attaques biologiques (champignons lignivores, termites) et aux phénomènes de corrosion galvanique. Les DTU recommandent alors l’emploi de bois traités en classe de service adaptée (classe 3 ou 4), et pour le métal, l’usage de profilés galvanisés à chaud avec revêtement complémentaire en zones littorales. Une ventilation efficace des combles est également exigée pour éviter la stagnation de l’air humide.
- Variations thermiques et dilatation : Entre la journée et la nuit, les structures subissent parfois des écarts thermiques de plus de 20 °C. Les charpentes métal ou mixtes doivent intégrer des dispositifs compensateurs de mouvement : trous oblongs pour fixations, plaques de glissement ou bandes élastomères. Les DTU, en lien avec les Eurocodes, prévoient des valeurs de jeu minimales pour chaque type de liaison.
- Risque sismique : Les DROM comme les Antilles sont classés en zones de sismicité élevée. Cela implique une attention particulière aux liaisons entre la charpente et les éléments porteurs verticaux. Les dispositifs de type étriers ancrés dans le chaînage, fixations en double boulonnage traversant ou inserts coulés dans le béton sont des solutions recommandées. Les DTU intègrent ces dispositions en s’appuyant sur les règles PS-MI et les annexes locales des Eurocodes 8.
Malgré la clarté des prescriptions normatives, les retours de terrain révèlent des erreurs récurrentes qui fragilisent les structures. Les pathologies constatées sur les charpentes ultramarines relèvent souvent d’omissions de détails pourtant documentés dans les DTU.
- Sous-dimensionnement des ancrages : Trop d’ouvrages sont encore réalisés sans vérification mécanique des efforts de soulèvement.
- Assemblages approximatifs ou non conformes : Clouages excessifs, vis mal positionnées, connecteurs sous-dimensionnés affaiblissent l’ensemble.
- Absence de traitement préventif du bois : Dans les climats tropicaux, un bois non traité est une cible directe pour les termites et les moisissures.
- Choix de profils métalliques inadaptés : Certains projets utilisent des sections trop fines, non conformes aux sollicitations réelles de site.
Recommandations techniques complémentaires locales
Dans les DROM, les DTU constituent une base essentielle, mais certains territoires ont développé des compléments techniques pour tenir compte des spécificités locales :
- Les guides techniques du CSTB pour les constructions en zone cyclonique, comme le Guide de conception et construction paracyclonique de maisons individuelles pour les Antilles, apportent des prescriptions précises en matière d’ancrage, de contreventement et de choix de matériaux.
- Des recommandations issues de la Fédération Réunionnaise du Bâtiment et des Travaux Publics (FRBTP) ou des services déconcentrés de l’État (ex-DDE) viennent parfois compléter les exigences nationales, en fonction des retours d’expérience locaux et des réalités climatiques.
Ces référentiels viennent renforcer les prescriptions normatives nationales, notamment pour les structures exposées aux vents extrêmes ou à l’humidité permanente.
Consulter le document détaillant les normes NF DTU applicables aux DROM
Concevoir une charpente en Outre-mer ne peut se résumer à appliquer une recette universelle. Chaque projet doit être abordé avec rigueur, en intégrant les normes DTU applicables et en les confrontant aux contraintes du site. Bois ou métal, les matériaux n’ont pas les mêmes vulnérabilités, ni les mêmes capacités d’adaptation. Les DTU, s’ils sont bien maîtrisés et complétés par des dispositifs locaux, offrent un cadre robuste pour bâtir des structures résilientes. Encore faut-il les comprendre, les interpréter à la lumière du terrain, et les appliquer sans approximation.