La Commission Prévention Produits (C2P) n’a émis aucune nouvelle mise en observation au cours du premier semestre 2025. Pour autant, une cinquantaine de procédés de construction restent encore sous surveillance. Risques de pathologies, complexité d’exécution ou coût de réfection élevé : cette liste, publiée semestriellement par l’Agence Qualité Construction, constitue un outil de vigilance précieux pour les professionnels.
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Techniques toujours sous alerte : les familles concernées
Dans son édition de juillet 2025, la C2P ne publie aucun nouveau communiqué de mise en observation, mais maintient la vigilance sur un nombre significatif de familles techniques. Ces mises en observation sont le résultat de pathologies documentées, de failles dans les règles de mise en œuvre ou d’un manque de retour d’expérience suffisant. Voici les principales catégories concernées, accompagnées d’exemples précis.
Fondations
Parmi les techniques structurelles encore en observation figurent :
- Les fondations superficielles réalisées par semelles filantes en béton de fibres (communiqué n°54). Cette méthode vise à se passer des armatures minimales prescrites par le DTU 13.12. Toutefois, les risques d’emploi inadapté sont élevés, notamment en cas de méconnaissance du sol ou d’absence de justification des efforts de flexion.
- Les fondations par vissage de pieux métalliques dans le sol, encore peu normalisées, font également l’objet d’une surveillance, en raison de désordres liés à la tenue structurelle à long terme et à des défauts d’adaptation aux contraintes géotechniques.
Façades et bardages
Plusieurs systèmes de façade restent sous alerte, notamment en raison de leur mise en œuvre complexe ou de pathologies constatées :
- Les panneaux sandwichs à parement intérieur en polyester, utilisés dans les locaux agroalimentaires ou frigorifiques (communiqué n°5), ont connu des cas fréquents de délaminage, liés à l’inadéquation entre les matériaux constitutifs et les conditions d’hygiène ou de température.
- Les bardages rapportés à base de carreaux en grès cérame fixés de façon non apparente (communiqué n°45) présentent un risque d’arrachement si les attaches (barres ou cavaliers) ne sont pas correctement dimensionnées ou posées.
- Les murs de façade à base de panneaux en béton léger de billes de polystyrène (communiqué n°35), utilisés pour le gain de masse et la rapidité de pose, font encore l’objet de réserves liées à leur comportement mécanique à long terme et leur résistance à l’humidité.
Toitures et étanchéité
La C2P poursuit la surveillance de certains systèmes complexes intégrant isolation, étanchéité et fonctions porteuses :
- Les panneaux isolants en polystyrène extrudé parementés par un mortier de ciment, destinés à l’isolation inversée de toitures-terrasses inaccessibles (communiqué n°40), ont fait l’objet de sinistres par perte d’adhérence entre les deux couches, en particulier sous l’effet de l’humidité stagnante.
- Les sur-couvertures métalliques, utilisées en réhabilitation d’anciens systèmes autoportants (communiqué n°38), posent des problèmes de tenue mécanique dans le temps, en l’absence d’une évaluation rigoureuse de l’état des éléments conservés.
- Les systèmes photovoltaïques intégrés non commercialisés en kits complets (communiqué n°74) sont toujours placés sous observation. Leur performance d’étanchéité dépend fortement de la cohérence d’assemblage entre les profilés, les modules et les éléments de couverture.
Isolation thermique
Plusieurs isolants innovants ou sensibles sont concernés par une mise en observation, notamment :
- Les produits minces réfléchissants (PMR), qui associent des films réflecteurs et des couches alvéolaires, restent controversés. Leur efficacité dépend de la présence d’une lame d’air immobile, difficile à garantir sur site, et la performance réelle diffère souvent des données de laboratoire.
- Les isolants à base de ouate de cellulose (communiqué n°70), bien qu’appréciés pour leur aspect biosourcé, posent encore des questions de stabilité dimensionnelle, de tassement et de tenue à l’humidité, surtout en l’absence de pare-vapeur adapté.
- Les panneaux isolants sous vide (VIP) (communiqué n°73), très performants sur le papier, sont fragiles, sensibles à la perforation et à la moindre dépression de l’enveloppe. Leur manipulation sur chantier doit être extrêmement précautionneuse.
Équipements techniques
Des éléments liés aux réseaux fluides restent sous observation en raison de pathologies identifiées :
- Les canalisations métalliques pré-isolées enterrées pour le transport de fluides (communiqué n°20) présentent des cas avérés de corrosion liée à des défauts dans la mise en œuvre des raccords d’isolation ou d’étanchéité. Le fabricant ne fournit pas toujours une assistance technique suffisante.
- Les tubes et raccords en acier galvanisé pour la distribution d’eau potable (communiqué n°52) sont mis en cause pour des phénomènes de corrosion interne accélérée, affectant à la fois la pérennité du réseau et la qualité sanitaire de l’eau distribuée.
- Les systèmes d’évacuation des eaux pluviales par dépression (communiqué n°66) continuent également d’être surveillés pour leur sensibilité au sous-dimensionnement ou aux erreurs de pose.
Vitrages et menuiseries
La mise en observation concerne aussi certaines solutions techniques en façade ou en second œuvre :
- Les vitrages isolants scellés avec occultation incorporée (communiqué n°13), comme les stores ou films intégrés, posent des difficultés d’entretien. En cas de panne, l’ensemble du vitrage doit être remplacé, générant des coûts disproportionnés.
- Les éléments de couverture de véranda dont la structure n’est pas en aluminium (communiqué n°27) font toujours débat, notamment à cause de l’absence de prescription normalisée pour le traitement des jonctions et des points singuliers.
Liste Verte et précautions assurantielles
Pour rappel, la mise en observation d’un produit ou procédé n’est pas un jugement de qualité. Il s’agit d’un indicateur de risque signalé aux professionnels et aux assureurs. À l’inverse, les produits bénéficiant d’un Avis Technique ou DTA non mis en observation figurent dans la Liste Verte de la C2P, régulièrement mise à jour. Elle constitue la référence pour savoir si un produit est reconnu comme technique courante et assurable sans conditions spécifiques.
Consulter la PUBLICATION SEMESTRIELLE C2P – ÉDITION JUILLET 2025
En dépit de l’absence de nouvelles alertes cette année, la publication de juillet 2025 confirme que de nombreuses techniques de construction restent associées à des niveaux de risque non négligeables. Les prescripteurs, entreprises et maîtres d’ouvrage sont appelés à maintenir leur niveau de vigilance et à intégrer les recommandations de la C2P dans leur analyse de projet. Prévenir les désordres, c’est aussi maîtriser les procédés que l’on choisit de mettre en œuvre.