BLOCKCHAIN et BÂTIMENT : une révolution discrète mais incontournable ?

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Depuis plusieurs décennies, la transformation numérique façonne l’économie mondiale, et le bâtiment n’échappe pas à cette dynamique. Du suivi qualité à la gestion de chantier, des maquettes BIM aux smart buildings, les outils digitaux se sont multipliés, apportant de nouvelles méthodes et optimisations. Pourtant, une technologie reste encore discrète malgré son immense potentiel : la blockchain. Et si elle venait demain bouleverser les pratiques du secteur ?

C’est quoi exactement la blockchain ?

La blockchain est bien plus qu’une affaire de cryptomonnaies. Elle constitue une technologie de registre distribué, où chaque transaction est inscrite de manière indélébile et transparente, sans intervention d’une autorité centrale. Imaginez une immense base de données mondiale, partagée par tous les participants d’un réseau, où chaque information est sécurisée et validée par consensus.

Deux grandes familles coexistent :

  • Les blockchains publiques, ouvertes à tous comme Bitcoin ou Ethereum.
  • Les blockchains privées, utilisées en réseaux restreints sous contrôle d’un acteur central.

Leur vocation est commune : renforcer la fiabilité, la sécurité et la transparence des échanges de données.

 

Pourquoi on en parle dans le bâtiment ?

Dans un secteur où chaque projet implique des dizaines, voire des centaines d’acteurs, la confiance et la traçabilité des échanges sont fondamentales. Les chantiers mobilisent architectes, bureaux d’études, entreprises de travaux, fournisseurs, organismes de contrôle, sans oublier les maîtres d’ouvrage. Chaque échange d’information, chaque contrat, chaque modification de plan est critique. Pourtant, aujourd’hui encore, beaucoup de ces échanges reposent sur des outils fragmentés (emails, téléphones, formats papier) exposés aux risques d’erreur, de perte ou de contestation.

La blockchain vient apporter une réponse simple mais puissante : inscrire chaque action de manière infalsifiable et vérifiable par tous les acteurs concernés. Elle agit comme un tiers de confiance numérique, sans imposer d’intermédiaire humain. En permettant de certifier les données, les signatures et les flux d’informations, elle peut réduire les litiges, fluidifier les procédures et renforcer la sécurité juridique des projets.

Olivier Salleron, président de la FFB, le rappelle : « Bien que semblant loin de nos préoccupations, la technologie de la blockchain a des applications pour notre secteur. » Cette perspective invite à ne pas réduire la blockchain à son association avec les cryptomonnaies.

 


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Consulter le document réalisé par la FFB, sous la coordination de sa commission Innovation numérique (2024) intitulé : « BLOCKCHAIN & BÂTIMENT »


 

Quels sont ses usages concrets dans le BTP ?

Loin d’être une réalité théorique, la blockchain commence déjà à transformer plusieurs processus-clés du bâtiment.

Gestion des contrats :

Plutôt que de multiplier les échanges de versions papier et les risques d’erreur, certaines start-ups proposent des plateformes où chaque document contractuel est enregistré sur blockchain. Les modifications sont tracées, horodatées et certifiées. En cas de litige, il devient facile de prouver l’intégrité des documents signés.

Management de la sécurité :

Sur les chantiers, la blockchain permet de tracer la formation des salariés aux consignes de sécurité, les quarts d’heure prévention, et les incidents. Une application spécifique permet d’ancrer ces données, offrant ainsi aux entreprises une protection supplémentaire en cas d’accident.

Traçabilité des matériaux et des déchets :

Le respect de la loi AGEC impose de tracer les déchets de chantier. Une solution blockchain permet d’automatiser ce suivi : chaque acteur de la chaîne inscrit ses informations, assurant une traçabilité complète de la production à la destination finale.

Authentification des flux BIM :

Le BIM est un outil collaboratif prometteur, mais souvent freiné par le manque de confiance entre les acteurs. L’utilisation de la blockchain permet de certifier les contributions à la maquette numérique, de lever les doutes sur la propriété intellectuelle des données, et de responsabiliser chaque intervenant.

Ces exemples montrent que la blockchain n’est pas un concept abstrait, mais une technologie déjà utilisée pour répondre à des besoins très concrets.

 

Une révolution en marche, mais encore discrète

Malgré son potentiel, la blockchain n’a pas encore révolutionné le bâtiment. Plusieurs raisons expliquent cette discrétion :

D’abord, la maturité numérique du secteur reste très hétérogène. Si certaines grandes entreprises disposent de départements de R&D capables d’investir dans ces nouvelles technologies, une majorité de TPE et PME hésitent à se lancer, par manque de temps, de formation ou de moyens.

Ensuite, l’acceptation culturelle joue un rôle. Le secteur du bâtiment est historiquement attaché aux relations de confiance humaine, aux signatures manuscrites, aux échanges directs. Passer à un tiers de confiance numérique, aussi fiable soit-il, demande un changement de paradigme.

Enfin, les applications blockchain doivent encore faire leurs preuves en termes de coût/bénéfice. Le déploiement de solutions efficaces suppose un investissement initial, que tous les acteurs ne sont pas encore prêts à consentir.

Pour autant, comme l’écrivait Claire Balva, experte blockchain : « La blockchain sera très probablement l’infrastructure des échanges de demain. Il est temps que chacun d’entre nous prenne part à sa construction. »

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