BATIMENT. L’entretien-rénovation recule de 1,2 % au premier trimestre 2025

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Selon la dernière analyse du GIE Réseau des CERC, l’activité d’entretien-rénovation du bâtiment a connu un repli de 1,2 % en volume au 1er trimestre 2025 par rapport à la même période de l’année précédente. Ce léger recul confirme les tensions structurelles qui persistent dans le secteur, malgré des carnets de commande globalement bien orientés et une stabilisation des prix dans certaines filières.

Un recul généralisé, mais des écarts significatifs selon les marchés

Le fléchissement constaté touche aussi bien les logements que les bâtiments non résidentiels, avec une intensité différente selon les segments. Les travaux d’entretien-rénovation sur les logements enregistrent une baisse de 1,0 % en volume, contre 1,5 % pour les locaux professionnels, un secteur déjà fragilisé par des arbitrages budgétaires fréquents chez les maîtres d’ouvrage.

Si la tendance est globalement négative, quelques régions résistent mieux. La Bretagne affiche une légère croissance de +0,5 %, et les Pays de la Loire progressent de +0,2 %, contrairement à l’Île-de-France, qui subit une chute de -2,6 % tous segments confondus.

Du côté de la rénovation énergétique, les résultats sont plus encourageants : les volumes restent quasiment stables (-0,1 %), et les montants facturés progressent en valeur de +1,7 %. Ces chiffres suggèrent une montée en gamme des travaux engagés, sans réel recul de la demande. Sept régions affichent même une hausse de l’activité dans ce domaine, dont la Bretagne (+1,4 %), tandis que l’Île-de-France, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Centre-Val de Loire ferment la marche avec des reculs compris entre -0,8 % et -1,6 %.

source : GIE Réseau des CERC

Une confiance dégradée chez les professionnels du bâtiment

La perception de la conjoncture par les entreprises du secteur se détériore sensiblement. 69 % des répondants jugent leur situation économique bonne ou très bonne en entretien-rénovation. Cela représente une baisse de 10 points par rapport à la moyenne des dix dernières années pour un 1er trimestre.

Le solde d’opinion — écart entre les réponses positives et négatives — tombe à +38, contre une moyenne historique supérieure à +50 pour cette période. Ce climat reflète une vigilance accrue sur la visibilité des marchés, notamment en lien avec le ralentissement des aides à la rénovation et les incertitudes conjoncturelles.

Le ressenti varie fortement selon les corps de métier :

  • Travaux de charpente : 85 % d’opinions positives, solde de +70.
  • Couverture par éléments : solde de +66.
  • Peinture, plâtrerie, menuiserie : solde entre +26 et +40.
  • Installation thermique et climatisation : jusqu’à 37 % d’opinions négatives.

Ces résultats soulignent des disparités persistantes dans la charge d’activité selon les spécialités, avec des entreprises d’enveloppe mieux positionnées que les métiers techniques ou de finition.

Des carnets de commande qui soutiennent encore le secteur

Malgré le recul de l’activité, les carnets de commandes affichent une bonne tenue. En moyenne, les entreprises disposent de 14,2 semaines de travail garanties au 31 mars 2025. Ce chiffre progresse de 0,9 semaine par rapport au trimestre précédent, bien qu’il reste inférieur à celui du T1 2024 (-0,6 semaine).

La Bretagne tire à nouveau son épingle du jeu avec 18,1 semaines, contre 10,7 semaines en Île-de-France. Ces écarts illustrent des dynamiques régionales très hétérogènes, influencées par le tissu économique, les dispositifs locaux d’aide, ou encore le rythme des marchés publics.

Par métier :

  • Charpentiers : 26,8 semaines en moyenne.
  • Couvreurs : 26,5 semaines.
  • Maçons : 16,5 semaines.
  • Serruriers et installateurs thermiques : moins de 10 semaines.

Cette concentration de la demande sur certains segments d’activité continue de polariser le marché, avec des professionnels qui peinent à absorber les carnets trop remplis d’un côté, et d’autres confrontés à une baisse de sollicitation de l’autre.

Des perspectives mitigées pour le printemps

Les projections des entreprises pour le 2e trimestre 2025 restent prudentes. 17 % prévoient une hausse de leur chiffre d’affaires, tandis que 28 % anticipent une baisse, dont 12 % une forte baisse. Le solde d’opinion reste négatif à -11, mais cette valeur marque une nette amélioration par rapport au trimestre précédent (-27 fin 2024).

source : GIE Réseau des CERC

Par segment :

  • Logements : solde de -13, en hausse de 17 points.
  • Locaux non résidentiels : solde de -16, +13 points.

La Bretagne est la seule région avec un solde positif (+5), tandis que l’Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes enregistrent de fortes hausses d’opinion, sans toutefois repasser dans le vert. Cette dynamique de redressement reste fragile et demande confirmation sur les mois à venir.

Les prévisions par métier confirment la même tendance prudente : tous les soldes restent négatifs. Les charpentiers (-1), les couvreurs (-8), les menuisiers métalliques (-4) ou les peintres (-8) montrent les anticipations les moins pessimistes. À l’inverse, les installateurs électriques et les professionnels du gros œuvre restent parmi les plus prudents, avec un solde à -27 et -17 respectivement.


Consulter ici l’Analyse du GIE Réseau des CERC


Après un ancrage durable dans le rouge, l’entretien-rénovation semble chercher un point d’équilibre, entre baisse d’activité réelle, tension sur les prix, et moral en repli. Le prochain rendez-vous est fixé à fin août, avec l’analyse des données du second trimestre 2025.

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