En septembre 2025, les derniers indicateurs de conjoncture dressent un tableau contrasté du secteur du bâtiment. Le logement neuf retrouve un souffle inattendu, tandis que l’activité en rénovation énergétique poursuit sa chute. Cette double dynamique révèle une filière en déséquilibre, encore loin d’une relance solide et durable.
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Logement neuf : un rebond fragile derrière les chiffres
Les données sont sans appel : « en glissement annuel sur trois mois à fin juillet, les mises en chantiers et permis progressent respectivement de 13,1 % et 22,7 %, l’individuel et le collectif portant tous deux le mouvement ».
Après des mois de repli, la reprise du neuf est bien réelle. Elle s’explique surtout par l’effet mécanique de la réouverture du prêt à taux zéro (PTZ) dans les zones B2 et C, qui a relancé la demande dans certaines zones périurbaines.
Mais ce redémarrage cache un paradoxe. En amont, les ventes dans l’individuel diffus se redressent spectaculairement (+45,1 % sur trois mois à fin juin), preuve que les ménages profitent de l’opportunité offerte par le PTZ.
Pourtant, les promoteurs voient leurs ventes aux particuliers reculer de 8,6 % sur la même période, conséquence directe de la fin du dispositif Pinel. Autrement dit, les projets autorisés se multiplient mais la demande acheteuse reste sélective, accentuant l’incertitude sur la pérennité de ce rebond.
Non résidentiel : un marché toujours en retrait
À côté de cette reprise dans le neuf, le non résidentiel reste en panne. Les surfaces commencées affichent une baisse de 0,7 % et les autorisations stagnent à +0,8 % entre mai et juillet 2025.
Les bureaux et locaux administratifs continuent de tirer le marché vers le bas. Ce segment, essentiel pour les collectivités et les investisseurs, ne montre aucun signe tangible de reprise.
Rénovation énergétique : un décrochage préoccupant
La rénovation, pilier de la transition écologique, traverse une zone de turbulence. Sur un an, l’activité recule de 1,6 % au deuxième trimestre 2025. Dans le logement, le repli atteint 2,1 %, contre une légère amélioration du côté non résidentiel (+0,5 %).
La source souligne que « le décrochage de l’activité en amélioration-entretien se poursuit, à -0,9 % en volume entre les deuxièmes trimestres 2024 et 2025 ».
Cette baisse intervient alors que les objectifs de rénovation énergétique sont au cœur des politiques publiques. Plusieurs facteurs pèsent : des ménages confrontés à un reste à charge élevé malgré les aides, des conditions de crédit encore contraignantes, et une confiance affaiblie dans les dispositifs existants.
Le résultat est un recul qui met en péril la trajectoire fixée par la Stratégie nationale bas-carbone, qui repose largement sur l’amélioration du parc existant.
Un secteur en déséquilibre structurel
Pris dans son ensemble, le bâtiment reste en repli de 1,9 % en volume au deuxième trimestre 2025. Le contraste entre un logement neuf en reprise et une rénovation en recul traduit une fragilité structurelle.
La filière reste affectée par des tensions financières : les coûts de production ont augmenté de 1,4 % sur un an tandis que les prix se sont repliés de 1,2 %, un « effet de ciseau » qui compresse les marges.
En parallèle, l’emploi perd 26 000 postes sur un an, dont 20 800 salariés, signe que la reprise n’est pas encore assez solide pour enrayer l’hémorragie sociale.
Source : FFB – Tendances récentes du bâtiment – Septembre 2025
La photographie de septembre 2025 révèle une filière du bâtiment à deux vitesses : le logement neuf profite d’un soutien public ponctuel, mais la rénovation énergétique, pourtant stratégique, s’essouffle. Entre un rebond chiffré mais fragile et un décrochage préoccupant, le secteur peine à trouver son équilibre. Reste une question majeure : la relance actuelle permettra-t-elle de conjuguer croissance et transition écologique, ou le bâtiment restera-t-il prisonnier de ces contradictions ?