À Mayotte comme à La Réunion, la Banque des Territoires a renforcé sa présence en 2024 aux côtés des acteurs publics et économiques, en mobilisant une large palette d’outils : prêts, investissements et ingénierie. L’année a été marquée par une intensification des interventions sur trois fronts majeurs : le logement social, la transition écologique et la résilience des infrastructures après le passage des cyclones CHIDO et GARANCE.
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Une année charnière pour l’investissement public dans l’océan Indien
Avec 350 millions d’euros de financements en 2024, la Banque des Territoires affiche une progression solide de son activité à La Réunion et à Mayotte.
Ce montant se répartit entre :
- 265 millions d’euros de prêts pour le logement social,
- 70 millions d’euros pour les collectivités locales,
- 6 millions d’euros en fonds propres,
- 8 millions d’euros de financements pour les professions juridiques
- 28,1 millions d’euros engagés pour le compte de l’État dans le cadre de France 2030.
Cette mobilisation s’est opérée dans un contexte territorial sous tension : pression foncière, crise durable du logement, exposition accrue aux risques climatiques, et besoin croissant d’infrastructures de base.
À Mayotte comme à La Réunion, les catastrophes naturelles de l’été austral (cyclones Chido en décembre 2024 et Garance en février 2025) ont également renforcé l’urgence des besoins en reconstruction et en résilience.
Mayotte : une année record sur l’aménagement et les infrastructures
À Mayotte, l’année 2024 marque un tournant. 100 millions d’euros de financements y ont été engagés, un record pour le territoire, atteints avant même le passage du cyclone Chido. Ces investissements ont permis d’amorcer ou d’accélérer plusieurs projets d’envergure.
L’un des plus significatifs concerne l’aménagement de la ZAC de Dembéni-Tsararano, soutenu par un prêt de 33 millions d’euros octroyé à l’établissement public foncier de Mayotte.
Côté mobilité, le projet Caribus – transport en commun en site propre à Mamoudzou – a également reçu un appui financier direct. En matière d’eau et d’assainissement, la Banque des Territoires a collaboré avec le syndicat des eaux de Mayotte pour accompagner la modernisation des réseaux, enjeu critique pour l’île.
Depuis le cyclone, les financements se sont intensifiés, dans une logique d’urgence mais aussi d’ingénierie, pour accompagner la reconstruction.
La Réunion : logement, transition écologique et confort scolaire au cœur des priorités
Sur le territoire réunionnais, la Banque des Territoires a accompagné la création ou l’acquisition de 2 168 logements, et la réhabilitation de 353 logements sociaux, via 265 millions d’euros de nouveaux prêts.
Ces opérations ont bénéficié à divers maîtres d’ouvrage, notamment les sociétés publiques locales Grand Sud et Grand Ouest, impliquées dans plusieurs projets d’aménagement.
L’adaptation au changement climatique constitue l’autre pilier des financements. 5 intercommunalités réunionnaises ont été soutenues pour la construction ou la rénovation d’unités de traitement d’eau potable, le renforcement des berges, et la mise aux normes des stations d’épuration.
Le projet RUN’EVA, centré sur la valorisation énergétique des déchets ménagers, figure parmi les projets emblématiques de l’année.
Dans le domaine de l’énergie, un contrat de performance signé avec le Syndicat intercommunal d’électricité permettra de remplacer 20 000 points lumineux d’ici 2026. Ce chantier s’inscrit dans les objectifs nationaux de décarbonation et de sobriété énergétique.
Côté bâtiments éducatifs, la commune de Trois-Bassins a été lauréate du programme EduRénov, destiné à améliorer le confort thermique dans les écoles et à réduire les îlots de chaleur. À Mayotte, la rénovation scolaire post-cyclonique est également une priorité, soutenue via un prêt “catastrophe naturelle”.
Le logement social et le foncier, leviers de cohésion
Premier financeur du logement social sur fonds du Livret A, la Banque des Territoires confirme sa mobilisation face à la crise du logement dans les DOM. Son intervention ne se limite pas au financement de la construction : elle appuie aussi les collectivités dans la réhabilitation du parc existant, ainsi que dans la mobilisation du foncier.
À ce titre, la Banque a renforcé son soutien à l’ingénierie foncière, notamment pour accélérer les projets d’aménagement dans les zones sous tension. Elle accompagne également des initiatives spécifiques, comme le plan de sauvegarde de la copropriété La Chaumière à Saint-Denis, première opération de ce type en Outre-mer.
Les professions juridiques aussi accompagnées
L’activité de la Banque des Territoires ne se limite pas aux infrastructures. En 2024, 8 millions d’euros de prêts ont été accordés aux notaires, greffiers des tribunaux de commerce, commissaires de justice et administrateurs judiciaires, pour financer leurs besoins en locaux et équipements. Par ailleurs, 6 millions d’euros ont été consignés dans le cadre de ses missions de service public liées à la justice.
Cette action vise à garantir un accès égalitaire au droit, dans des territoires où la présence des professions juridiques est un enjeu d’équité et de continuité républicaine.
Un bilan local qui s’inscrit dans une stratégie nationale
Les actions à La Réunion et Mayotte traduisent à l’échelle locale la dynamique nationale portée par la Banque des Territoires.
En 2024, 28,5 milliards d’euros de prêts ont été signés au niveau national (une augmentation de 74 % par rapport à 2023), avec 112 000 logements sociaux construits ou rénovés.
Les prêts au secteur public local ont progressé de 45 %, atteignant 7,6 milliards d’euros, et 1,3 milliard d’euros d’investissements ont été engagés dans 263 projets. Ces chiffres s’inscrivent dans le cadre du plan stratégique 2024–2028, qui mobilisera 90 milliards d’euros autour de 16 mesures clés.
Une trajectoire renforcée au service des territoires
Ce bilan 2024 confirme le rôle structurant de la Banque des Territoires dans l’accompagnement des dynamiques locales à Mayotte et La Réunion. En conjuguant prêts, investissements et accompagnement technique, elle répond aux enjeux de court terme, comme les reconstructions post-cyclone, mais aussi de long terme (sobriété foncière, efficacité énergétique, justice sociale). La dynamique enclenchée s’inscrit dans la durée, avec un objectif : soutenir des territoires plus verts, plus sobres, et plus résilients.









