Sur les littoraux de Guadeloupe et de Martinique, où l’érosion, la submersion marine et les cyclones mettent chaque année des habitants sous pression, la gestion des risques nécessite des outils plus réactifs. Dans ce contexte, un décret publié le 12 août 2025 renforce les moyens d’action des agences en charge des espaces urbains de la zone des Cinquante Pas Géométriques. Le texte leur ouvre l’accès au Fonds de prévention des risques naturels majeurs — le fonds Barnier — dans un cadre juridique élargi, transformant ainsi leur capacité d’intervention.
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Une zone littorale sous haute pression
Les « cinquante pas géométriques » désignent une bande littorale de 81,20 mètres relevant du domaine public maritime. En Guadeloupe et en Martinique, cette zone concentre un habitat dense, parfois informalement implanté, et se trouve exposée à des phénomènes climatiques extrêmes. Cyclones, houles et recul du trait de côte y rendent l’action publique délicate. Jusqu’ici, les agences locales ne disposaient pas de suffisamment de leviers pour agir pleinement sur ces terrains sensibles.
Le décret du 12 août 2025 modifie le Code de l’environnement afin d’autoriser les agences des Cinquante Pas Géométriques à mobiliser le fonds Barnier pour mener des acquisitions amiables, des expropriations ou des opérations de libération de terrains. Elles disposent désormais d’un cadre d’intervention comparable à celui des établissements publics fonciers, ce qui représente un véritable tournant pour la gestion des risques littoraux aux Antilles.
Ce que le fonds Barnier financera désormais dans les Antilles
- Démolitions et remises en état : un financement à 100 % – Les dépenses de démolition, de libération et de remise en état peuvent désormais être couvertes intégralement lorsque des constructions ont été édifiées sans droit ni titre dans des secteurs où un risque naturel prévisible menace gravement des vies humaines. Ce taux de 100 % constitue un levier déterminant pour traiter les situations dangereuses présentes sur certaines portions du littoral.
- Études et actions de prévention : un plafond à 50 % – Le fonds peut contribuer jusqu’à 50 % au financement des études et actions de prévention, à condition que leur coût soit inférieur à la valeur vénale des biens concernés. Ce mécanisme vise à garantir la pertinence économique des interventions réalisées dans ces zones.
- Actions de protection : un plafond à 40 % – Les actions de protection — ouvrages, renforcements ou aménagements du littoral — peuvent être financées jusqu’à 40 %. Elles doivent s’inscrire dans une stratégie cohérente de réduction de la vulnérabilité.
Une mise en œuvre encadrée et programmée
Le décret prévoit une organisation précise : une convention-cadre définira le versement des crédits, les périmètres d’intervention, les priorités d’action et les modalités opérationnelles sur chaque secteur. Une programmation annuelle devra également fixer les délais et le volume des opérations. L’approche par secteur complet est privilégiée pour assurer la cohérence des actions engagées.
Ce que cela change concrètement pour la Guadeloupe et la Martinique
Ce nouveau cadre permet aux agences d’intervenir plus efficacement dans les zones exposées, notamment pour traiter les situations dangereuses ou irrégulières présentes sur le littoral. Les opérations de relocalisation, de démolition ou de sécurisation, souvent ralenties par des contraintes financières ou juridiques, deviennent plus accessibles.
Pour les collectivités et les opérateurs du BTP, cela ouvre la voie à des projets mieux financés, mieux programmés et structurés. C’est un outil essentiel pour anticiper les effets du changement climatique et renforcer la résilience de deux territoires particulièrement vulnérables.
L’ouverture du fonds Barnier aux agences des Cinquante Pas Géométriques constitue une avancée majeure pour la prévention des risques littoraux en Guadeloupe et en Martinique. En élargissant leurs capacités d’action, ce décret facilite des opérations de protection, de prévention et de sécurisation longtemps freinées. Il devrait accélérer la mise en œuvre de projets de résilience sur deux littoraux parmi les plus exposés de France.
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