Habitat indigne et précarité énergétique : les priorités de SOLIHA en 2024

0

En 2024, le Mouvement SOLIHA a placé la lutte contre l’habitat indigne et la précarité énergétique au cœur de son action, dans un contexte marqué par des besoins croissants et des évolutions majeures des politiques publiques de l’habitat. Les territoires ultramarins, particulièrement concernés par la vétusté et l’inadaptation du parc résidentiel, se trouvent en première ligne de ces enjeux.

Avec 286 350 ménages accompagnés au niveau national, dont 7 350 sortis de l’habitat indigne, l’année a été marquée par le déploiement de nouveaux dispositifs et une montée en puissance des programmes territoriaux.

Des chiffres qui traduisent l’ampleur de l’action

En 2024, SOLIHA a mobilisé ses 123 structures présentes en métropole et Outre-mer pour accompagner 146 850 ménages dans l’amélioration de leur habitat et de leur cadre de vie. Parmi eux, 26 400 ménages seniors ou en situation de handicap ont pu adapter leur logement, et plus de 61 300 personnes ont été sensibilisées aux éco-gestes et à l’adaptation.

Sur le volet spécifique de la lutte contre l’habitat indigne, 7 350 ménages ont bénéficié d’une sortie effective grâce à des opérations de réhabilitation ou de relogement.

Cette action s’appuie sur un réseau de 3 525 salariés et 1 900 bénévoles, ainsi qu’un maillage fin du territoire qui permet d’intervenir au plus près des situations, y compris dans des zones rurales isolées ou des quartiers en forte précarité.

Pour les territoires ultramarins, où les logements non décents représentent parfois plus de 20 % du parc selon les régions, cet ancrage local est un levier essentiel.

De nouveaux outils financiers et opérationnels

L’année 2024 a été marquée par le lancement de Ma Prime Logement Décent (MPLD) par l’Agence nationale de l’habitat (Anah). Cette aide revalorisée vise la rénovation de logements insalubres ou dégradés, appartenant à des propriétaires occupants ou bailleurs, en associant un accompagnement renforcé – le « MAR renforcé » – qui articule dimensions techniques et sociales.

Ce dispositif se veut une réponse plus ambitieuse aux besoins identifiés, mais SOLIHA souligne que des freins subsistent : modalités de repérage insuffisantes, critères d’éligibilité définis avant tout par la nature des travaux et non par la situation socio-économique des ménages, manque de moyens pour déployer l’accompagnement renforcé à grande échelle.

Pour l’Outre-mer, où le repérage de l’habitat indigne est souvent plus complexe et les coûts de réhabilitation plus élevés, ces limites sont d’autant plus sensibles.

Les Pactes territoriaux : un nouveau cadre pour agir

En parallèle, 2024 a vu la mise en place des Pactes territoriaux France Rénov’, nouveau cadre contractuel entre l’État et les collectivités, destiné à remplacer progressivement les OPAH (opérations programmées d’amélioration de l’habitat) et PIG (programmes d’intérêt général). Ces pactes visent à couvrir l’ensemble des champs de la rénovation de l’habitat privé : adaptation, rénovation énergétique et lutte contre l’habitat indigne.

SOLIHA, opérateur historique de l’Anah, a accompagné la préfiguration de ces pactes et alerté sur les risques de « zones blanches » si certaines collectivités manquaient de moyens. L’enjeu pour 2025 est de déployer ces pactes sur tout le territoire, y compris dans les DOM, avec un financement suffisant pour garantir un service de proximité et de qualité.

Dans les territoires ultramarins, ces pactes pourraient structurer de manière plus pérenne les interventions sur des problématiques spécifiques : habitat insalubre en zone cyclonique, surpeuplement, et adaptation au changement climatique.

L’articulation avec la lutte contre la précarité énergétique

La lutte contre l’habitat indigne est indissociable de celle contre la précarité énergétique. Près de 12 millions de personnes en France sont concernées, et les logements dégradés en Outre-mer cumulent souvent les deux problématiques. SOLIHA a renforcé ses actions de sensibilisation et d’accompagnement, avec un focus sur les rénovations globales plutôt que les interventions ponctuelles, plus durables à long terme.

En 2024, cette approche a été soutenue par des campagnes nationales et par la quatrième Journée contre la précarité énergétique, co-organisée par SOLIHA, qui a mobilisé ses associations partout en France et dans les DOM. Des spots TV ont relayé des conseils pratiques et rappelé les aides disponibles, afin de toucher les publics les plus éloignés de l’information.

Perspectives et plaidoyer pour 2025

Pour l’année 2025, la Fédération SOLIHA annonce la poursuite de son plaidoyer pour :

  • l’extension de l’accompagnement renforcé à davantage de ménages ;
  • la sanctuarisation des budgets dédiés à la rénovation énergétique et à la lutte contre l’habitat indigne ;
  • une meilleure articulation des interventions incitatives et coercitives, en lien avec les pôles départementaux de lutte contre l’habitat indigne ;
  • l’adaptation des dispositifs aux réalités des Outre-mer, avec une prise en compte des surcoûts et des contraintes climatiques.

L’objectif reste clair : garantir à chacun, partout sur le territoire, l’accès à un logement digne, sûr, économe en énergie et adapté aux besoins. Pour y parvenir, SOLIHA mise sur son ancrage local, sa capacité d’innovation sociale et son expertise technique, afin de transformer ces politiques publiques en résultats concrets pour les ménages les plus vulnérables.


Ces données et constats sont issus du rapport d’activité 2024 du Mouvement SOLIHA, qui dresse un panorama complet des actions menées en métropole et en Outre-mer.


LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici