Adapter les bâtiments au climat : les leviers concrets de la charte OID

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Charte OID

Canicules répétées, inondations de plus en plus fréquentes, sinistralité en hausse… Le secteur immobilier est en première ligne face aux impacts du changement climatique. Pour répondre à ces vulnérabilités croissantes, l’Observatoire de l’Immobilier Durable (OID) et le Plan Bâtiment Durable (PBD), avec le soutien de l’IFPEB, ont lancé en juillet 2025 une Charte d’engagement pour l’adaptation du secteur immobilier. Loin des discours incantatoires, cette initiative volontaire mise sur l’action concrète, avec une ambition claire : enclencher une transformation opérationnelle et collective des pratiques.

Une charte conçue pour passer à l’action

Dès le départ, les porteurs de la charte affichent leur objectif : structurer une mobilisation durable du secteur autour de l’adaptation. Pour cela, la charte s’articule autour de trois axes : adapter les actifs, faire preuve d’exemplarité en interne, et faire progresser l’ensemble de la filière. Le tout s’appuie sur une boîte à outils fournie, enrichie en continu par les retours des signataires.

Ce cadre volontaire, mais exigeant, a été pensé pour s’adapter à tous types d’acteurs, en fonction de leurs ressources, de leurs contraintes et de leurs échéances. Le suivi repose sur un reporting annuel, basé sur des indicateurs simples, compatibles avec les référentiels de reporting réglementaire.

Les données sont collectées de manière anonyme et agrégée, garantissant ainsi confidentialité et transparence collective.

Analyser les risques climatiques pour mieux prioriser les actions

Premier jalon du processus : l’analyse des risques climatiques. Chaque signataire s’engage à évaluer l’exposition de son parc immobilier sur la base d’un scénario climatique pessimiste (RCP8.5) à horizon 2050, voire au-delà pour les projets neufs. L’objectif est double : identifier les actifs les plus vulnérables et hiérarchiser les interventions.

Cette analyse prend en compte les données d’exposition (aléas climatiques), les caractéristiques techniques des bâtiments, ainsi que leur usage. Elle est complétée par des retours de terrain, notamment après survenue d’événements extrêmes, afin d’ajuster les priorités sur des bases concrètes.

Des seuils de vulnérabilité sont ensuite fixés pour déclencher les actions, en intégrant une vision long terme.

Des solutions concrètes pour un immobilier plus résilient

Une fois les bâtiments à risque identifiés, les signataires doivent élaborer un plan d’adaptation et le déployer. La charte insiste sur des actions à la fois techniques et organisationnelles, avec une attention particulière aux “solutions sans regrets”, c’est-à-dire bénéfiques quel que soit le scénario climatique.

Contre la chaleur :

  • Installation de protections solaires extérieures (brise-soleil, volets orientables)
  • Optimisation de la ventilation nocturne naturelle pour rafraîchir les espaces
  • Renforcement de l’isolation thermique et choix de matériaux à albédo élevé pour limiter l’absorption de chaleur

Contre les inondations :

  • Surélévation des équipements sensibles (tableaux électriques, systèmes de chauffage)
  • Mise en place de systèmes anti-intrusion d’eau : batardeaux, clapets anti-retour
  • Fixation du mobilier extérieur, souvent négligée mais essentielle pour éviter les dégâts en cas de crue

Ces mesures, intégrées dès la phase de conception ou lors de rénovations, permettent d’augmenter la résilience sans surcoûts démesurés.

Gouvernance, organisation, formation : agir aussi en interne

L’adaptation ne s’arrête pas aux murs. Elle concerne aussi les pratiques internes. La charte recommande notamment l’élaboration de plans de continuité d’activité, l’identification de zones de refuge au sein des bâtiments, et la mise en place d’une organisation du travail flexible, en particulier en période de canicule ou d’événements climatiques extrêmes.

Côté gouvernance, la mise en œuvre d’un plan d’action nécessite une équipe dédiée, disposant de moyens humains et financiers adaptés. Le suivi doit être structuré, avec des indicateurs de performance et des rapports d’avancement réguliers.

La montée en compétence constitue également un axe central. La charte incite les signataires à déployer des plans de formation différenciés, adaptés aux rôles de chacun.

Plusieurs ressources sont proposées : le MOOC Adaptation de l’OID, le parcours LABEL’ID, les ateliers Fresque de l’Immobilier Durable ou encore les formations du Cerema.

Faire progresser l’écosystème : une responsabilité partagée

Au-delà de leurs propres activités, les signataires sont invités à embarquer leurs partenaires dans la démarche. Cela passe par :

  • La sensibilisation des prestataires aux enjeux climatiques
  • L’intégration de critères d’adaptation dans les appels d’offres
  • L’accompagnement des clients finaux dans leurs projets

Les retours d’expérience sont également essentiels : la charte prévoit leur capitalisation via des groupes de travail, des études de cas et la participation à des initiatives internationales comme “Adaptation Pathways” de la Global Alliance for Buildings and Construction (GlobalABC).

Une boîte à outils technique et pédagogique

Pour accompagner les acteurs dans la mise en œuvre, la charte s’appuie sur une boîte à outils robuste et évolutive :

  • Outils d’analyse de risque : Bat-ADAPT, ClimaDiag, Climate-X, Renoptim…
  • Guides d’action : Guide des Actions Adaptatives, Cadres OID, PPRn, PCAET, PLU
  • Indicateurs recommandés : % d’actifs couverts, efficacité des actions, part de collaborateurs formés, etc.

Ces outils permettent notamment de cartographier les aléas climatiques à l’échelle d’un territoire, d’évaluer la vulnérabilité physique des bâtiments, ou encore de tester différents scénarios d’adaptation. Ils s’adressent aussi bien aux collectivités qu’aux promoteurs, bailleurs ou foncières, selon le niveau de précision ou d’automatisation recherché.


Charte OID

En savoir plus sur la charte d’engagement de l’OID


En proposant un cadre volontaire mais exigeant, cette charte marque un tournant pour la filière immobilière. Elle offre aux maîtres d’ouvrage et aux professionnels du secteur une méthodologie claire pour anticiper les aléas climatiques, tout en valorisant les bonnes pratiques. Dans un contexte où les coûts d’inaction deviennent plus élevés que ceux de la prévention, l’adaptation ne peut plus être une option. Elle s’impose comme une nécessité opérationnelle et stratégique, au service de la résilience collective.

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