OUTRE-MER. Les défaillances d’entreprises en hausse de 8,9 % début 2025

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défaillances d’entreprises

Alors que le nombre de défaillances d’entreprises poursuit sa décélération en France hexagonale, les territoires ultramarins amorcent une trajectoire inverse. Après plusieurs trimestres d’accalmie, la dynamique repart à la hausse. Près de 2 400 procédures de redressement ou de liquidation judiciaire ont été enregistrées dans les Outre-mer au cours des douze derniers mois. Certaines régions, comme la Guadeloupe ou Mayotte, enregistrent même des progressions spectaculaires, qui interrogent sur la résilience de leurs tissus économiques.

Une hausse qui s’inscrit dans un contexte national encore tendu

À la fin du premier trimestre 2025, le cumul des défaillances d’entreprises ultramarines (hors Polynésie française) atteint 2 368 cas, soit une hausse de +8,9 % sur un an, selon les dernières données publiées par l’IEDOM-IEOM.

En comparaison, la France entière enregistre 66 656 procédures, en progression de +12,2 %, mais avec un rythme en nette décélération.

Cette remontée dans les DROM-COM tranche avec la dynamique observée depuis plusieurs trimestres. Le rapport indique : « Après avoir ralenti durant plusieurs trimestres consécutifs, le rythme de progression des défaillances est ainsi plus soutenu ». Autrement dit, la vague semble repartir.

Tourisme, services, agriculture : les secteurs les plus exposés

Le secteur de l’hébergement et de la restauration est en première ligne. Avec 241 défaillances, il enregistre une hausse de +32,4 % par rapport à l’année précédente. Viennent ensuite les services aux entreprises (+18,8 %), l’agriculture (+31,4 %), et l’information et communication (+33,3 %).

Cette surreprésentation de secteurs souvent dépendants de la demande locale ou touristique souligne la sensibilité des économies insulaires aux chocs extérieurs.

À l’inverse, la construction, qui concentre près de 20 % des défaillances dans la zone, reste relativement stable (+1,1 %), ce qui peut s’expliquer par l’effet d’inertie des chantiers en cours ou par certaines aides ciblées au secteur.

Seule réelle baisse : celle de l’industrie, dont les défaillances reculent de 8,3 %, un mouvement contraire à la tendance nationale.

Des trajectoires territoriales contrastées

Tous les territoires ultramarins ne sont pas touchés avec la même intensité. La Réunion, qui regroupe près de 40 % des entreprises ultramarines, reste le plus gros contributeur avec 1 098 procédures enregistrées. La progression y est de +15,5 %, mais elle ralentit depuis quatre trimestres consécutifs.

La situation est nettement plus tendue ailleurs. En Guadeloupe, les défaillances bondissent de +29,5 %, atteignant 408 cas, soit un niveau qui frôle le pic historique de 2014 (411).

La Guyane affiche une hausse de +27,5 %, et Mayotte enregistre une envolée impressionnante de +44,1 %, même si en valeur absolue, cela ne représente « que » 49 cas.

La Martinique suit une courbe plus modérée, avec +2,0 % de progression (465 procédures), mais ce chiffre marque un retournement de tendance : « une dégradation par rapport au trimestre précédent lors duquel le nombre de procédures enregistrées reculait pour la première fois en trois ans », précise le rapport.

Seule la Nouvelle-Calédonie se distingue par une baisse significative des défaillances : −23,3 %. Le paradoxe n’est qu’apparent. Le recul observé dans ce territoire en crise profonde s’explique, selon l’IEDOM-IEOM, par « les dispositifs d’aides mis en place en soutien à l’économie pour répondre à la crise qui a affecté le territoire en mai 2024 ».

Un signal d’alerte à surveiller

Si le volume global des défaillances ultramarines reste modeste comparé au niveau national, la dynamique observée dans certains territoires soulève des préoccupations légitimes.

Ces hausses ne sont pas seulement conjoncturelles : elles traduisent une exposition persistante à des risques multiples — aléas climatiques, dépendance sectorielle, inflation, fragilité des très petites entreprises.

Certaines régions bénéficient encore de dispositifs publics amortisseurs, d’autres peinent à trouver des relais de soutien adaptés. Dans ce contexte, les disparités interterritoriales sont amenées à se creuser davantage si aucune action ciblée n’est menée.


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Consulter le rapport – Les défaillances d’entreprises dans les Outre-mer – 1er trimestre 2025


Les chiffres du 1er trimestre 2025 marquent probablement le début d’un nouveau cycle, dont il faudra suivre les évolutions avec attention. La question n’est pas tant de savoir si la hausse va se poursuivre — elle semble déjà enclenchée — mais plutôt d’identifier quels outils peuvent être mobilisés pour éviter qu’elle ne se transforme en onde de choc sociale et économique.

Alors que certains territoires dépassent déjà les seuils critiques observés une décennie plus tôt, la solidité du tissu entrepreneurial ultramarin est de nouveau mise à l’épreuve. La prochaine publication trimestrielle de l’IEDOM-IEOM en dira sans doute un peu plus sur l’ampleur réelle de cette reprise des défaillances.

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