La commune de Terre-de-Haut, dans l’archipel des Saintes, voit l’un de ses joyaux naturels figurer parmi les lauréats 2025 du programme national Patrimoine naturel & Biodiversité piloté par la Fondation du patrimoine. Le projet de renaturation de l’anse Rodrigue bénéficiera d’une dotation de 70 000 €, afin de restaurer les équilibres écologiques de ce site emblématique de la Guadeloupe.
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Une anse protégée, entre biodiversité rare et pressions humaines
Située au sud de l’île de Terre-de-Haut, l’anse Rodrigue forme un écrin naturel niché entre deux falaises qui la préservent des courants et de la houle. Ce site, inscrit depuis 1986, abrite une biodiversité remarquable, du pélican brun au fou à pieds rouges, en passant par des tortues marines qui y trouvent un lieu de ponte.
Classée Espace Remarquable du Littoral, la zone est également couverte par une convention de gestion signée entre le Conservatoire du littoral et la commune.

Mais malgré ces protections, l’anse subit depuis plusieurs années des pressions croissantes : étalement urbain en arrière-côte, surpâturage lié à la divagation de chèvres, arrachage et piétinement de la végétation, et même feux au sol altérant les racines. Ces agressions compromettent la régénération naturelle des espèces locales.
5 enclos pour restaurer la végétation endémique
Le projet soutenu par la Fondation du patrimoine vise à recréer des conditions favorables à la flore indigène de l’anse. Cinq enclos de régénération seront aménagés afin de protéger les jeunes plants du piétinement et du pâturage.
Parmi les espèces replantées, on retrouve le pompon rouge, la patate bord de mer, le gommier rouge ou encore la tiraille.

Les plantations seront réalisées selon une stratification végétale pensée pour restaurer un couvert diversifié. Le sol sera préparé par la création de fosses enrichies avec de la terre végétale selon la méthode Terra Preta. En bord de mer, des ganivelles seront installées pour sécuriser les jeunes pousses, tout en préservant le passage des tortues.
Un plan de régulation des chèvres est également prévu, assorti d’un suivi environnemental pour évaluer l’évolution des plantations et des écosystèmes.
Une initiative portée localement et soutenue à l’échelle nationale
Porté par la commune de Terre-de-Haut en partenariat avec le Conservatoire du littoral, ce projet bénéficie d’une aide de 70 000 euros accordée dans le cadre de l’édition 2025 du programme Patrimoine naturel & Biodiversité.
Cette initiative, créée en 2009, a déjà permis de soutenir plus de 370 projets sur tout le territoire français. Pour cette édition, 29 projets ont été retenus, pour un total de 1,5 million d’euros.
Les travaux de renaturation débuteront en septembre 2025 pour une livraison prévue en décembre. La Fondation souligne, à travers cette opération, l’importance de préserver la biodiversité ultramarine et les milieux naturels fragiles.