L’ADEME à l’œuvre dans les OUTRE-MER en 2024 : entre géothermie, restauration littorale et ingénierie territoriale

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Dans un contexte où les territoires ultramarins font face à des enjeux climatiques de plus en plus pressants, les actions engagées pour soutenir leur transition écologique se multiplient. Restauration écologique du littoral, développement des énergies renouvelables, accompagnement des collectivités ou encore renforcement de l’ingénierie locale : les signaux d’une accélération sont bien présents. Le rapport annuel 2024 de l’ADEME confirme cette dynamique, en mettant en lumière plusieurs initiatives emblématiques déployées dans les Outre-mer.

Des territoires ultramarins intégrés dans la stratégie nationale

En 2024, l’ADEME a franchi une nouvelle étape dans l’extension de ses dispositifs aux régions ultrapériphériques.

Cette dynamique se concrétise notamment par l’intégration pleine et entière des DROM-COM dans les COP régionales, une méthode de planification territoriale qui associe les préfets, les Régions, l’État, et l’ensemble des parties prenantes, avec un rôle central confié à l’ADEME pour l’apport d’expertise et d’outils d’analyse.

L’objectif est de traduire localement les grandes orientations de la planification écologique nationale.

Le rapport souligne que cette démarche participative a permis de co-construire 15 feuilles de route régionales, dont certaines dans les Outre-mer. L’ADEME a été mobilisée à chaque étape : animation de groupes de travail, mise à disposition de données climatiques, facilitation du dialogue territorial. Ces initiatives posent les bases d’un pilotage renforcé de la transition écologique à l’échelle locale, avec une attention portée aux réalités propres à chaque territoire.

Sainte-Anne (Guadeloupe) primée pour sa restauration littorale

Parmi les projets ultramarins mis en lumière cette année figure celui de la mairie de Sainte-Anne, en Guadeloupe, récompensée lors de la deuxième édition des Trophées LIFE ARTISAN, coorganisés par l’ADEME, l’OFB et le ministère de la Transition écologique. Le projet primé porte sur la restauration écologique des côtes, avec une approche fondée sur les solutions d’adaptation inspirées de la nature.

Ce prix illustre l’ambition de l’ADEME de soutenir des projets combinant résilience climatique et préservation des écosystèmes. Il s’inscrit dans le cadre du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), copiloté par l’ADEME, le Cerema, Météo France, les agences de l’eau et l’OFB.

Le choix de distinguer un projet ultramarin témoigne d’une reconnaissance croissante de l’innovation environnementale dans les collectivités des Outre-mer, souvent en première ligne face à la montée des eaux et aux événements climatiques extrêmes.

Au-delà du symbole, ce type de projet constitue un levier concret de transition : il renforce les capacités d’adaptation locale tout en valorisant les services rendus par les écosystèmes côtiers.

Le Fonds chaleur, un levier structurant pour l’énergie locale

Le Fonds chaleur, dispositif historique piloté par l’ADEME, a vu son budget croître de manière significative en 2024 (+36 %), atteignant 821 millions d’euros, avec des retombées tangibles dans les territoires ultramarins. Le rapport n’en ventile pas la part exacte dédiée aux DOM, mais précise que l’accélération du déploiement de la géothermie profonde et de surface constitue un axe prioritaire, notamment en Outre-mer.

Le plan d’action géothermie lancé en février 2023, qui regroupe 27 mesures opérationnelles, est en cours d’exécution dans plusieurs zones ciblées, incluant la Guadeloupe, La Réunion ou encore Mayotte.

Le rapport annonce également l’élaboration d’un plan d’action national pour le solaire thermique dès 2025. Ce volet sera renforcé par le relancement de l’appel à projets « Grandes installations solaires thermiques », principalement destiné à l’industrie et aux réseaux de chaleur. Des opportunités s’ouvrent donc pour les territoires insulaires confrontés à une dépendance persistante aux énergies fossiles importées.

Cette dynamique s’inscrit dans une logique de souveraineté énergétique locale et de réduction des émissions. Comme le souligne l’ADEME, les technologies de chaleur renouvelable permettent d’« atténuer la dépendance aux cours mondiaux de l’énergie fossile » et de « protéger les PME, les logements sociaux et les habitants des futures crises ».

Outils numériques et adaptation urbaine : une stratégie à transposer

Parmi les outils développés par l’ADEME pour renforcer la résilience des territoires figure le service numérique « Plus fraîche ma ville », qui permet de cartographier les îlots de chaleur urbains et de construire des plans de rafraîchissement adaptés.

Si ce programme est actuellement en déploiement dans plusieurs communes métropolitaines, sa logique est transposable aux villes ultramarines, souvent confrontées à une urbanisation dense, à des infrastructures peu adaptées et à des épisodes de chaleur de plus en plus intenses.

En 2024, 348 collectivités ont déjà rejoint la plateforme, représentant 11,4 millions d’habitants. Le programme repose sur quatre axes complémentaires : végétalisation, gestion de l’eau, rafraîchissement passif des bâtiments et évolution des pratiques. Cette approche systémique pourrait trouver un terrain d’expérimentation pertinent dans les DOM, où la vulnérabilité climatique des quartiers urbains est un enjeu croissant.

À titre d’exemple, le rapport cite des projets concrets comme la transformation d’une cour d’école en « cour oasis » à Montrouge. De telles pratiques, alliant désimperméabilisation, sols drainants et zones d’infiltration, constituent des références techniques transférables aux collectivités ultramarines.

Une ingénierie territoriale encore à structurer

Si les dispositifs de financement se consolident, les capacités locales d’ingénierie restent inégales. Le rapport de l’ADEME insiste sur ce point, notamment pour les petites communes, souvent dépourvues de moyens humains ou techniques pour monter des projets complexes.

En réponse, l’agence a poursuivi le déploiement du réseau « Élus pour agir », qui fédère à ce jour 3 219 élus, dont 60 % issus de communes de moins de 5 000 habitants. Ce réseau favorise l’échange de bonnes pratiques, l’accès à des outils pédagogiques (notamment sur les EnR) et un accompagnement ciblé.

Parallèlement, le programme ADEME Académie s’est renforcé avec une offre de formation en ligne ouverte à tous les publics : citoyens, agents, collectivités, entreprises. Ce levier de montée en compétence pourrait être un atout clé pour renforcer les dynamiques ultramarines.

Enfin, côté financement, 700 millions d’euros ont été mobilisés pour les collectivités locales en 2024, dont une partie a bénéficié aux territoires d’industrie ultramarins via le Fonds vert. L’ADEME rappelle que son effet de levier est significatif : « un euro engagé par l’ADEME génère en moyenne trois euros investis ».


Lire ici le Rapport annuel 2024 de l’ADEME


En 2024, l’ADEME a consolidé son rôle d’acteur structurant de la transition écologique dans les Outre-mer. À travers des projets concrets et une meilleure intégration dans les politiques nationales, les territoires ultramarins s’ancrent davantage dans une trajectoire bas carbone adaptée à leurs réalités.

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