GUADELOUPE. la consommation d’énergie chute de 9 % en 2024

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Le dernier bilan publié par l’Observatoire régional de l’énergie et du climat (OREC) révèle une baisse nette de la consommation d’énergie en Guadeloupe pour l’année 2024. Toutefois, cette évolution conjoncturelle ne masque pas une situation de dépendance énergétique persistante, un recul des énergies renouvelables et des émissions de gaz à effet de serre toujours élevées.

Une consommation globale en net repli

La consommation finale d’énergie en Guadeloupe s’est élevée à 6 915 GWh en 2024, contre 7 590 GWh l’année précédente. Ce recul de 9 % marque l’une des baisses les plus importantes enregistrées ces dernières années. Selon l’OREC, ce résultat s’explique essentiellement par une diminution brutale de la demande dans un secteur en particulier : « Cette baisse est principalement liée à une forte baisse de la consommation de carburant maritime dont la demande reste volatile. »

Sources : EDF Archipel Guadeloupe, Géothermie Bouillante, Albioma Le Moule, Valorem, SARA, GPAP, SIGL, Gardel, Syvade, Total Energies Renouvelables, EDF Renouvelables, SEC, Solebam, CGSS

La consommation primaire atteint pour sa part 11 049 GWh, en retrait de 6 % par rapport à 2023. Cette contraction résulte de plusieurs facteurs, notamment une réduction de l’usage du fioul domestique, une moindre valorisation de la bagasse, ainsi qu’une baisse significative de la production géothermique. Sur le long terme, cette évolution s’inscrit dans une trajectoire fluctuante, où les pics liés aux besoins industriels ou aux importations ponctuelles laissent place à des phases de rationalisation ou de sous-utilisation.

Une dépendance énergétique structurellement élevée

En dépit d’une volonté affichée de diversification énergétique, la Guadeloupe demeure fortement tributaire des ressources extérieures. En 2024, 86,4 % de l’énergie consommée a été importée, et 81 % provenait d’énergies fossiles. Ces chiffres traduisent une dépendance énergétique encore très marquée, bien au-delà des niveaux observés dans d’autres territoires non interconnectés (ZNI). Comme le souligne l’OREC, « la dépendance énergétique reste structurellement forte, malgré quelques signes de diversification. »

Les produits issus du raffinage du pétrole représentent 66 % des ressources primaires consommées, suivis du charbon (15 %) et du bois importé (5 %). Les énergies renouvelables locales ne comptent que pour 14 %, une part en recul par rapport à 2023. Cette configuration confirme que les efforts engagés ces dernières années n’ont pas encore permis de renverser la structure dominante du mix énergétique guadeloupéen.

Transport et électricité, principaux postes de consommation

Le secteur des transports reste le principal poste de consommation énergétique en Guadeloupe, avec 4 688 GWh, soit 68 % de l’énergie finale. Cette consommation est portée à 62 % par le transport routier, qui représente à lui seul 2 896 GWh. Les secteurs maritime et aérien pèsent respectivement 563 GWh et 1 228 GWh. Cette répartition reflète la dépendance du territoire à la mobilité individuelle et au transport aérien, inévitables dans un contexte insulaire.

Du côté de l’électricité, la consommation brute atteint 1 691 GWh, en hausse de 1,4 % par rapport à 2023. Cette progression est d’autant plus notable qu’elle intervient dans un contexte de perturbation prolongée : « La production a été limitée de septembre à décembre par un mouvement social dans l’une des principales unités de production électrique », indique le rapport. Cela a contraint certains usagers à recourir à des groupes électrogènes pour pallier les délestages sur le réseau.

Enfin, la consommation de chaleur s’établit à 268 GWh, principalement liée à la production d’eau chaude sanitaire dans les logements et à la vapeur industrielle. Cette part reste stable mais sensible aux évolutions réglementaires, comme l’arrêt de la défiscalisation en avril 2024, qui a affecté la dynamique d’installation des chauffe-eaux solaires.

Les énergies renouvelables en perte de vitesse

L’un des constats majeurs du bilan 2024 est la baisse significative de la part des énergies renouvelables dans le mix électrique, passée de 35 % à 29 % en un an. Cette chute résulte d’une « moindre disponibilité des moyens de production renouvelables comme la géothermie et la biomasse », selon l’OREC. La géothermie, en particulier, affiche une production inférieure à 800 GWh, en recul pour la deuxième année consécutive.

Source : EDF Archipel Guadeloupe

Parallèlement, la contribution de l’autoconsommation photovoltaïque est estimée à 9,3 GWh, en augmentation grâce à une meilleure remontée de données. Toutefois, ce chiffre reste sous-évalué selon l’Observatoire, qui précise que « le spectre de collecte a été élargi mais ne couvre pas encore l’ensemble des installations actives. »

Globalement, la production d’électricité livrée au réseau s’élève à 1 691 GWh, mais reste majoritairement assurée par des sources fossiles : 70,5 % de cette électricité est issue de produits pétroliers ou charbonnés, accentuant l’intensité carbone du mix énergétique local.

Des émissions de gaz à effet de serre toujours très élevées

En matière climatique, la Guadeloupe reste loin des objectifs fixés par les Accords de Paris. Les émissions de gaz à effet de serre issues de la consommation d’énergie atteignent 2,45 millions de tonnes équivalent CO₂ en 2024, soit 6,45 tonnes par habitant. Ce chiffre est plus de trois fois supérieur à la cible de 2 t/hab, seuil nécessaire pour limiter le réchauffement à +1,5°C.

Les émissions liées à la production d’électricité repartent à la hausse et atteignent 1,005 MtCO₂eq, tandis que celles du transport s’établissent à 1,447 MtCO₂eq. Le contenu carbone du kilowattheure est également en hausse à 594 g/kWh, contre 561 g/kWh l’année précédente. Cette dégradation s’explique directement par la baisse du recours aux EnR, et souligne la fragilité des équilibres atteints.

Une dynamique de sobriété affaiblie par les réformes fiscales

Enfin, le rapport consacre une attention particulière aux actions de maîtrise de la demande en énergie (MDE). En 2024, ces mesures ont permis d’éviter 65 GWh de consommation électrique, grâce à la mise en œuvre de solutions d’efficacité énergétique dans les secteurs résidentiel, tertiaire, industriel et public. Néanmoins, l’OREC constate un ralentissement net : « Les résultats des actions MDE sont en baisse, notamment en raison de la fin de la défiscalisation en avril 2024. »

Le nombre d’installations de chauffe-eaux solaires s’effondre ainsi, passant de 14 413 unités en 2023 à 2 024 en 2024. Les brasseurs d’air (38 277 équipements) et climatiseurs performants (13 865) continuent de dominer les actions subventionnées, mais leur rythme d’installation ralentit également. Dans le secteur tertiaire et industriel, les opérations se concentrent principalement sur l’isolation de toitures et la climatisation efficace, sans atteindre les volumes observés dans le résidentiel.


Consulter ici le bilan de l’énergie de la Guadeloupe pour l’année 2024 par l’OREC


Le bilan dressé par l’OREC met en évidence que si la consommation d’énergie recule, ce repli reste conjoncturel et ne traduit pas une transformation structurelle du système énergétique. Dans le même temps, la dépendance aux énergies importées persiste, les émissions de CO₂ demeurent très élevées, et la part des EnR régresse. Une consolidation structurelle de la transition énergétique reste donc à construire.

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