Alors que la Fondation Albioma dévoile son premier film-documentaire, « Outre-mer : terres d’actions », cette actualité met en lumière un engagement bien plus ancien. Depuis plus de trente ans, le groupe déploie dans les territoires ultramarins une stratégie énergétique articulée autour des énergies renouvelables. À Mayotte, en Guadeloupe, à La Réunion, en Guyane ou en Martinique, Albioma combine solaire, biomasse, stockage et valorisation des déchets pour accompagner la décarbonation et renforcer l’autonomie des réseaux insulaires. Retour sur trois décennies de projets qui ont progressivement façonné un mix énergétique plus durable dans les DROM.
—
Une présence stratégique dans les Outre-mer
Depuis plus de trois décennies, Albioma construit dans les territoires ultramarins une stratégie énergétique fondée sur la proximité, la fiabilité et l’innovation. Dès les années 90′, le groupe initie à La Réunion un partenariat inédit avec le monde sucrier pour valoriser la bagasse, résidu fibreux de la canne à sucre, dans la production d’électricité. Ce modèle s’étend progressivement à la Guadeloupe, à la Martinique, puis à la Guyane et à Mayotte.
Les territoires ultramarins présentent des caractéristiques communes : ils sont non interconnectés au réseau électrique continental, fortement dépendants des énergies fossiles importées, et exposés aux aléas climatiques. Pourtant, chacun d’eux possède aussi des contraintes propres : foncier limité, vulnérabilité aux cyclones, disparités d’équipements, tensions sociales.
Albioma a fait le choix de répondre à cette complexité par une logique territorialisée. Le groupe s’appuie sur des équipes locales, développe des solutions adaptées à chaque contexte et combine plusieurs leviers technologiques : solaire photovoltaïque avec stockage, biomasse pilotable, CSR (combustible solide de récupération), et plus récemment géothermie.
Ce positionnement affirmé a permis à Albioma de s’imposer en 2023 comme lauréat numéro un de l’appel d’offres solaire ZNI, avec 12,16 MWc remportés sur 19 projets répartis dans l’ensemble des DROM. Le groupe confirme ainsi sa place de leader du photovoltaïque en Outre-mer, tout en consolidant son expertise sur des solutions hybrides et résilientes.
Des solutions concrètes pour chaque territoire
Dans chacun des territoires ultramarins où il est implanté, Albioma adapte ses projets aux réalités du terrain. Les réponses apportées varient, mais s’inscrivent dans une logique commune de décarbonation, de production locale et d’ancrage territorial.
À Mayotte, solaire, stockage et infrastructures en mutation
Sur ce territoire insulaire confronté à une pression démographique unique et à une forte dépendance aux énergies fossiles – à plus de 90 % – Albioma a fait du solaire un levier prioritaire. Depuis 2010, le groupe a déployé 114 centrales photovoltaïques réparties sur l’île, faisant passer la puissance installée de 4 MWc à plus de 14 MWc. Ce développement permet aujourd’hui d’alimenter environ 2 600 foyers mahorais, tout en apportant une réponse technique à un réseau encore fragile.
Mais l’intermittence du solaire, en particulier dans une zone à fort ensoleillement mais sujette à des passages nuageux fréquents, nécessitait un outil complémentaire. En novembre 2022, Albioma a inauguré la première centrale de stockage d’électricité de Mayotte, à Longoni.
Cette installation, équipée de batteries industrielles, stocke l’énergie captée en journée et la restitue le soir, au moment des pics de consommation. Le système, programmé par le gestionnaire local Énergie de Mayotte (EDM), fonctionne comme un réservoir énergétique dynamique, avec un double effet : lisser la production, éviter les coupures, et réduire les émissions de CO₂ de 6 100 tonnes par an.
Autre initiative emblématique : la centrale de Kawéni, la plus grande du territoire, qui combine 1,5 MWc de panneaux solaires avec 1,7 MWh de batteries de stockage. Ce projet a nécessité le renforcement des lignes à haute tension et l’installation de transformateurs dans plusieurs zones historiquement sous-équipées, comme Dzaoudzi, Pamandzi ou Boueni.
L’avenir se joue aussi sur la biomasse. Une centrale thermique alimentée à 100 % par des pellets de bois et des déchets verts est prévue à l’horizon 2028, avec une puissance de 12 MW net. Objectif : proposer une production pilotable, capable de soutenir le dessalement de l’eau et de garantir la stabilité du réseau.
Albioma étudie également le potentiel géothermique de l’île, dont la structure volcanique offre des perspectives prometteuses. Toutes ces actions s’inscrivent dans une logique de montée en compétence locale : les équipes d’Albioma sont majoritairement issues de Mayotte, et des actions de sensibilisation sont régulièrement menées dans les écoles et collèges pour initier la jeunesse à la transition énergétique.
En Guadeloupe, la fin du charbon marque un changement d’ère
En Guadeloupe, le symbole de la transition s’appelle Le Moule. Cette centrale thermique, adossée à la dernière sucrerie encore active du territoire – l’usine Gardel –, fournissait à elle seule 30 % de l’électricité de l’île.
Jusqu’en 2025, elle fonctionnait partiellement au charbon. Depuis cette date, elle est passée au 100 % biomasse, devenant ainsi la première centrale des Outre-mer à tourner définitivement la page du charbon. Cette conversion réduit de 87 % ses émissions directes de gaz à effet de serre, soit environ 200 000 tonnes équivalent CO₂ évitées chaque année.

Le combustible utilisé est multiple : la bagasse, résidu fibreux de la canne à sucre locale, est complétée par du bois d’élagage ou forestier et des granulés de bois importés du Canada, produits par la filiale d’Albioma à Lac Taureau.
L’unité ALM2, principale composante de la centrale, bénéficie d’un contrat de vente d’électricité prolongé jusqu’en 2047, garantissant sa viabilité à long terme. Le personnel a été formé à cette nouvelle technologie dans le cadre d’un vaste plan d’accompagnement interne.
Albioma développe aussi le solaire en Guadeloupe. À Sainte-Rose, une centrale de 3,3 MWc produit 4,6 GWh par an, soit la consommation de plus de 4 000 habitants. Plus récemment, une installation photovoltaïque a été mise en service sur les toits de l’usine Gardel : 900 kWc installés, 1 380 MWh produits par an, de quoi alimenter 365 foyers. Ce projet s’inscrit dans une logique d’économie circulaire, renforcée par la certification ISO 50001 obtenue dès 2014 par Gardel.
Le territoire reste aussi un terrain d’innovation : Albioma explore le déploiement du SWAC (refroidissement par l’eau de mer), de l’agrivoltaïsme, et prépare un projet de valorisation des déchets en CSR sur le modèle réunionnais. L’objectif : sécuriser un mix énergétique résilient, sans dépendance aux énergies fossiles importées.
À La Réunion, la transition passe par les déchets et les toitures publiques
La Réunion mise sur la diversification de ses sources locales pour atteindre l’autonomie énergétique. Albioma y teste une nouvelle approche : la valorisation énergétique des déchets. En décembre 2023, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a validé l’intégration de CSR dans la centrale de Bois-Rouge.
À partir de fin 2026, 70 000 tonnes de combustibles solides de récupération – issus du tri des déchets ménagers de Sainte-Suzanne – y seront brûlées chaque année pour produire de l’électricité. Ce procédé s’inscrit dans la fin du tout-enfouissement sur l’île et dans la logique de la PPE réunionnaise.

Côté solaire, Albioma renforce également sa présence. En juin 2025, le groupe a été sélectionné pour construire une centrale photovoltaïque sur le site du commandement de la gendarmerie (COMGENDRe) à Sainte-Clotilde. Le projet totalise 1,4 MWc : près de 1 MWc sur les toitures et 500 kWc sous forme d’ombrières pour les véhicules d’intervention.
À terme, cette installation produira l’équivalent de la consommation de 700 foyers et permettra d’éviter 2 100 tonnes de CO₂ par an. Elle bénéficiera d’un financement participatif ouvert aux Réunionnais, avec une priorité donnée aux collaborateurs locaux.
Ces actions viennent compléter les centrales hybrides déjà en place et les projets de stockage pilotés localement. Elles illustrent la capacité d’Albioma à concilier production décarbonée, innovation territoriale et contribution directe à la politique locale de gestion des déchets.
En Guyane, du solaire au service des collectivités
Territoire vaste mais faiblement interconnecté, la Guyane fait face à un défi de taille : produire localement une électricité propre, fiable et adaptée aux besoins croissants d’une population jeune et en expansion. Depuis 2010, Albioma y déploie des solutions solaires clés-en-main en lien avec les collectivités.
En mai 2025, 5 nouvelles centrales photovoltaïques ont été mises en service pour une puissance totale de 1,4 MWc. Quatre d’entre elles sont installées sur les bâtiments publics de Mana – trois écoles et un stade communal – représentant 400 kWc. La cinquième, d’une puissance de 1 MWc, est située à Macouria, sur les toitures du Village des Entreprises. Elle est raccordée en haute tension et répartie sur huit bâtiments industriels.
Ces installations produiront ensemble 2 000 MWh/an, soit l’équivalent de la consommation de 200 foyers, et permettront d’éviter environ 1 000 tonnes de CO₂ chaque année. En valorisant les toitures existantes sans conflit d’usage, Albioma soutient une transition énergétique à faible impact foncier et aux retombées économiques locales directes.
Ce modèle reproductible, à l’échelle des communes, s’appuie sur une forte collaboration avec les collectivités. Il démontre que la décarbonation peut aussi passer par une mobilisation territoriale, en combinant performance énergétique et sobriété foncière.
Une stratégie énergétique tournée vers l’innovation
Bien sûr, la transition énergétique dans les Outre-mer ne peut se faire sans technologies robustes, capables de garantir la sécurité d’approvisionnement tout en réduisant l’empreinte carbone. Et ça, Albioma l’a compris très tôt. Sa stratégie repose ainsi sur une combinaison de solutions qui pallient les limites des énergies intermittentes comme le solaire, tout en valorisant les ressources locales disponibles.
- Le stockage d’énergie est un axe fort : à Mayotte comme à La Réunion, les batteries industrielles permettent de lisser la production solaire, de répondre aux pics de consommation, et d’éviter les coupures dans des réseaux encore sensibles. La centrale de stockage de Longoni ou les installations hybrides comme Kawéni en témoignent.
- Autre levier décisif : le CSR. À La Réunion, Albioma mettra en service fin 2026 une unité capable de valoriser 70 000 tonnes de déchets ménagers en électricité, via une chaudière dédiée sur le site de Bois-Rouge. Ce procédé permet de produire une énergie locale, non fossile, dans une logique d’économie circulaire. Ce modèle est en cours d’étude en Guadeloupe.
- La biomasse reste le pilier historique du groupe, en particulier dans les territoires sucriers. Le passage au 100 % biomasse de la centrale du Moule en 2025, avec l’abandon total du charbon, marque une étape majeure. La centrale est alimentée en bagasse locale, bois forestier et granulés certifiés issus de l’usine canadienne d’Albioma. En parallèle, le groupe investit dans la montée en compétences de ses équipes pour maîtriser ces nouvelles technologies.
- la géothermie se profile comme un horizon stratégique. Déjà active en Turquie avec deux centrales, Albioma a obtenu un permis exclusif de recherche à La Réunion et vise à répliquer cette technologie dans d’autres territoires ultramarins. Ressource endogène et pilotable, elle pourrait constituer, avec la biomasse, l’un des piliers d’un mix 100 % renouvelable dans les années à venir.
La Fondation Albioma, un levier pour l’insertion et la biodiversité
Lancée en 2023, la Fondation Albioma étend la logique d’engagement du groupe au champ social et environnemental. Elle agit dans l’ensemble des DROM autour de deux axes principaux : l’insertion professionnelle des publics éloignés de l’emploi, et la préservation des écosystèmes ultramarins. En moins de deux ans, elle a déjà soutenu près d’une vingtaine de projets de terrain, en lien direct avec les associations locales.
- À La Réunion, la Fondation soutient le CEDTM (Centre d’Études et de Découverte des Tortues Marines) dans la réhabilitation des plages de ponte, en finançant la formation de 18 agents à l’entretien écologique des sites. Elle appuie aussi le programme « Impact Jeunes » des Apprentis d’Auteuil Océan Indien, qui repère et accompagne les jeunes les plus éloignés de l’emploi dans leur parcours d’insertion.
- En Guadeloupe, elle finance l’atelier « Bosco Nutri Lokal », porté par l’association Saint-Jean Bosco, qui transforme des produits agricoles bio locaux (banane, vanille, fruits séchés) en vue de renforcer la souveraineté alimentaire du territoire. Elle soutient également l’ACAGE dans la création de bandes boisées entre cultures, pour lutter contre l’érosion et améliorer la résilience des sols.
- En Martinique, elle accompagne l’association Acise Insertion Environnement dans la structuration d’une filière textile : 44 bornes de collecte de vêtements ont été déployées pour encourager le recyclage et créer des emplois d’insertion autour du tri et de la valorisation.
- À Mayotte et en Guyane, des projets éducatifs et techniques sont en développement, en lien avec les activités solaires d’Albioma. Dans chaque cas, l’objectif est double : favoriser l’ancrage local des compétences et renforcer la cohésion autour de la transition énergétique.
C’est cette diversité d’actions que met en récit le film documentaire « Outre-mer : terres d’actions », réalisé avec les partenaires associatifs de la Fondation et tourné dans cinq territoires. Projeté en avant-première le 7 juillet 2025, il sera ensuite mis en ligne gratuitement pour valoriser l’engagement citoyen à l’échelle ultramarine.
2030 en ligne de mire : vers des Outre-mer 100 % renouvelables ?
En combinant solaire, biomasse, CSR, stockage et bientôt géothermie, Albioma dessine une trajectoire ambitieuse : celle d’une autonomie énergétique réelle pour les Outre-mer. Ce cap, inscrit dans les stratégies territoriales et les PPE locales, suppose une transformation profonde des infrastructures et des usages.
L’abandon du charbon, désormais acté en Guadeloupe, symbolise cette rupture. Mais c’est aussi à travers une coopération étroite avec les acteurs de terrain — gestionnaires de réseau comme EDM ou EDF, collectivités, partenaires agricoles ou industriels — que le groupe parvient à ancrer ses projets dans les réalités locales.
L’ampleur des projets en cours et la cohérence de la stratégie déployée depuis plus de dix ans permettent d’envisager une bascule progressive vers un mix 100 % renouvelable d’ici 2030. Les Outre-mer, longtemps dépendants des hydrocarbures importés, pourraient bien devenir les pionniers de la transition énergétique française. Pour Albioma, le défi est désormais collectif.









