La conjoncture énergétique française de mars 2025 montre une légère reprise de la consommation, portée par les énergies bas-carbone. Tandis que le nucléaire progresse nettement, les énergies fossiles reculent, en lien avec une météo plus clémente et la baisse des prix mondiaux.
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Une production d’énergie tirée par le nucléaire et le solaire
La production nationale d’énergie primaire s’élève à 117 TWh en mars 2025, marquant une progression de 5,4 % par rapport à mars 2024. Ce résultat repose largement sur le rebond de la production nucléaire, qui atteint 103 TWh, soit une hausse de 8,0 % sur un an. Le nucléaire représente ainsi près de 9 kWh produits sur 10 en France, confirmant son statut de pilier du mix énergétique.
Du côté des énergies renouvelables électriques, la situation est plus contrastée. Si la production totale du secteur chute de 12,2 %, cela cache une divergence forte entre filières. L’hydroélectricité, historiquement importante en mars, a fortement reculé en raison d’un déficit hydrologique persistant.
La production hydraulique nette tombe à 5,48 TWh, soit −27,8 % sur un an. Ce manque est partiellement compensé par l’essor du photovoltaïque, qui progresse de manière exceptionnelle : +42,2 %, pour atteindre 2,7 TWh. L’éolien, en revanche, affiche un retrait de 8,6 %, avec une production de 4,2 TWh.
La production thermique classique continue de décliner, à 3,5 TWh (−6,4 %), ce qui traduit à la fois la priorité donnée aux sources décarbonées et les coûts de fonctionnement élevés des centrales fossiles en contexte de prix bas.
En somme, la production d’électricité nette française atteint 47,8 TWh, avec un solde exportateur de 6,1 TWh, en baisse de 12,8 % par rapport à mars 2024.
La consommation d’énergie progresse légèrement, mais les fossiles décrochent
La consommation réelle d’énergie primaire s’élève à 209 TWh en mars, en progression annuelle de 2,2 %. Cette hausse est cependant moins marquée que celle de la production, ce qui améliore mécaniquement le taux d’indépendance énergétique.
Les énergies fossiles affichent un net repli. Le pétrole, en particulier, voit sa consommation chuter à 62 TWh, soit −3,9 % sur un an. Cette baisse se retrouve dans presque toutes les composantes : le gazole (−5,6 %) reste le carburant majoritaire avec 2,27 millions de tonnes consommées, mais perd du terrain. Le GPL est en léger recul (−0,4 %), tandis que le carburéacteur progresse de 6,5 %, traduisant une reprise partielle du trafic aérien.
Fait notable, le gazole non routier enregistre une hausse de 19,8 %, portée par les usages agricoles et industriels, et une météo favorable aux chantiers. À l’inverse, les carburants routiers reculent dans leur ensemble : −3,1 %, malgré une légère hausse des supercarburants (+3,5 %).
Le gaz naturel montre une dynamique contrastée. En brut, la consommation s’élève à 38 TWh, soit une légère hausse annuelle de +1,0 %. Mais en données corrigées (CVS-CVC-CJO), on observe une chute de 7,9 % sur un an. Ce déclin concerne aussi bien les gros clients industriels (−9,5 %) que le secteur résidentiel et tertiaire (−7,2 %). Cette évolution s’explique par des températures plus douces que la normale saisonnière et par la maîtrise progressive des usages en réponse à la volatilité des prix constatée en 2022–2023.
Le charbon, quant à lui, reste marginal dans le mix avec 4 TWh, soit 1,9 % de la consommation primaire. La consommation globale reste stable, mais certains secteurs comme la sidérurgie enregistrent une hausse de 12,2 %, dans un contexte de redémarrage industriel.
Enfin, les énergies bas-carbone (nucléaire + EnR électriques) atteignent 109 TWh de consommation, soit +6,6 % sur un an. Elles représentent plus de la moitié (52,2 %) de l’énergie primaire consommée, contre 47,8 % un an plus tôt.
Indépendance énergétique et émissions : des indicateurs en amélioration
Le taux d’indépendance énergétique s’établit à 55,9 %, en hausse de 1,7 point par rapport à mars 2024. Cette amélioration s’explique par une production intérieure en hausse, notamment nucléaire et photovoltaïque, ainsi que par une baisse des importations nettes d’hydrocarbures.
Les émissions de CO₂ dues à l’énergie, bien qu’en légère hausse mensuelle de +1,0 %, restent contenues : 23,2 millions de tonnes en mars. En moyenne glissante sur douze mois, elles se situent à 80 % du niveau de 2010, témoignant d’un progrès structurel dans la décarbonation.
La baisse de la demande en produits pétroliers, en particulier du gazole et du charbon, contribue à limiter les émissions, bien que le gaz naturel, plus difficile à substituer à court terme, continue de représenter un levier d’émissions significatif, notamment dans les usages de chaleur et la production industrielle.
Les prix chutent, la facture énergétique s’allège
Sur les marchés internationaux, les cours de l’énergie poursuivent leur reflux. Le baril de Brent s’échange à 72,7 $/bl, en baisse de 3,6 % sur un mois, et de 5,1 % sur un an. En euros, le repli est plus marqué (−7,1 %), grâce à un euro légèrement plus fort. Le gaz naturel spot chute à 40,7 €/MWh, soit −18,2 % par rapport à février. L’électricité suit la même trajectoire, avec un prix base load de 76,8 €/MWh, en recul de 37,3 %.
Cette évolution se répercute sur les prix à la consommation :
- Le SP95 s’établit à 1,74 €/l, en baisse de 2,9 % sur un mois.
- Le gazole atteint 1,63 €/l, soit −3,4 %.
- Le fioul domestique passe sous les 1,20 €, à 1,15 €/l, en recul de 4,9 %.
Conséquence directe : la facture énergétique française s’élève à 4,2 milliards d’euros en février 2025, contre 4,9 Md€ un mois plus tôt, soit −14,2 %. Ce repli est principalement dû à la baisse des importations de pétrole brut (−19,6 %) et de gaz naturel (−7,7 %). Les exportations d’électricité restent stables à 0,8 Md€, permettant à la France de rester exportatrice nette sur le plan électrique.
RESSOURCE À CONSULTER : Conjoncture énergétique – Mars 2025
Mars 2025 n’a pas connu de rupture énergétique, mais confirme des tendances de fond : repli du fossile, montée du solaire et renforcement de l’indépendance énergétique. Des signaux à surveiller alors que les arbitrages de planification énergétique s’intensifient.