La montée des eaux en Outre-mer n’est plus une menace lointaine. L’avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur ce sujet a été adopté à l’unanimité en séance plénière le mardi 13 mai 2025, avec 132 voix pour.
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Selon le CESE, les territoires ultramarins, qui concentrent 70 % du littoral français, subissent déjà les conséquences de l’élévation du niveau de la mer. Depuis un siècle, le niveau moyen des océans a augmenté de plus de 20 cm, accentuant les risques pour les littoraux insulaires.
Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette réalité. À Anse Belleville, en Martinique, le trait de côte a reculé de plus de 130 m en 60 ans. À Miquelon, les habitants se préparent à une relocalisation complète, devenant ainsi les premiers réfugiés climatiques français. En Guyane, les inondations provoquées par les débordements des fleuves amazoniens sont de plus en plus fréquentes.
Trois axes stratégiques pour s’adapter
Cet avis du CESE repose sur les contributions des CESER ultramarins et une enquête menée auprès de 120 entreprises ultramarines. 3 axes stratégiques ont été identifiés pour faire face à la montée des eaux :
Axe 1 : Privilégier les solutions fondées sur la nature (SFN)
Le CESE recommande de développer des solutions fondées sur la nature pour protéger les littoraux ultramarins. Ces solutions incluent la restauration des mangroves, la préservation des récifs coralliens, la régénération des herbiers marins et la gestion des zones humides.
Ces solutions permettent de limiter l’érosion côtière, de renforcer la résilience des écosystèmes côtiers et de retarder les effets de la montée des eaux. Elles favorisent également la participation des populations locales aux projets de protection.
Axe 2 : Renforcer les financements et l’assurabilité
L’adaptation à la montée des eaux implique des coûts importants. Le CESE souligne que les fonds actuels (fonds climat, fonds vert, fonds Barnier) ne sont pas calibrés pour les besoins des Outre-mer.
Les risques liés à l’érosion côtière, par exemple, ne sont pas couverts par les dispositifs d’assurance actuels. Le CESE recommande donc d’inclure les politiques d’adaptation dans les outils de financement nationaux, avec une priorité pour les Outre-mer, tout en adaptant les mécanismes de compensation et d’assurance aux spécificités de ces territoires.
Axe 3 : Sensibiliser et mobiliser les populations
La prise de conscience des risques liés à la montée des eaux reste inégale. Le CESE insiste sur l’importance de sensibiliser les élèves via des éco-délégués dans les écoles, de créer des « COP jeunes » et de développer des aires marines éducatives.
Les entreprises doivent également être impliquées, notamment via les chambres consulaires et les CESER. Le CESE appelle à l’organisation de « COP régionales » thématiques pour une mobilisation citoyenne renforcée.
Pour Pierre Marie-Joseph, chef d’entreprise en Martinique et président du groupe Outre-mer au CESE, « L’adaptation n’est plus un choix, c’est une nécessité ».
Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la Mer, souligne l’importance d’intégrer les politiques d’adaptation dans les stratégies nationales.
Hélène Sirder, avocate en Guyane, appelle quant à elle à une meilleure coordination entre les acteurs locaux.
Le CESE trace ainsi une feuille de route claire : intégrer les risques littoraux dans les politiques d’urbanisme, renforcer les moyens financiers dédiés et sensibiliser les populations. Une stratégie ambitieuse, mais cruciale pour les territoires d’Outre-mer, en première ligne face à cette crise climatique.
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