FFB : cinq scénarios pour anticiper l’avenir du bâtiment à l’horizon 2035

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    Et si l’avenir du bâtiment ne tenait qu’à une série de récits ? Alors que les repères se brouillent et que les crises s’enchaînent, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) choisit de ne pas rester spectatrice. Elle lance une démarche prospective inédite, projetant le secteur à l’horizon 2035 à travers cinq scénarios contrastés.

    Loin des simples prévisions, ces récits cherchent à bousculer les habitudes, à secouer les certitudes et à inspirer les décisions de demain. Ils racontent cinq mondes plausibles, dans lesquels le bâtiment se transforme, vacille, se réinvente ou prend la tête du changement.

    Cinq trajectoires possibles pour 2035

    Chaque scénario débute par une immersion : « Nous sommes en 2035. » Le lecteur est plongé dans un avenir possible, construit à partir de tendances actuelles extrapolées. Les cinq trajectoires sont aussi contrastées que complémentaires. Elles décrivent chacune un modèle où les choix politiques, les évolutions sociales, les innovations technologiques et les logiques de marché aboutissent à une configuration particulière du secteur du bâtiment.


     

    Scénario 1 – Le bâtiment face à l’instabilité : l’adaptation sous contrainte

    Dans ce scénario, les crises économiques, environnementales et sanitaires se succèdent sans relâche depuis 2020. L’État, accablé par la dette, transfère une partie de ses responsabilités aux entreprises, tandis que les politiques publiques manquent de cohérence et de stabilité. Conséquence : le bâtiment navigue à vue.

    La construction neuve alterne entre relances et ralentissements. En revanche, les marchés de la rénovation énergétique demeurent porteurs, encouragés par les tensions sur les coûts des matériaux et la montée du réemploi et des biosourcés. Les majors et ETI investissent dans l’industrialisation, tandis que les PME s’adaptent : certaines fusionnent, d’autres se nichent dans la pose ou les segments spécialisés. Aucun bouleversement majeur, mais une transformation progressive, subie plus que choisie.

     

    Scénario 2 – Une transition écologique brutale et imposée

    En 2035, la COP36 a acté l’échec des engagements climatiques. La France bascule alors dans une politique écologique de rupture : taxation massive des énergies fossiles, obligations de rénovation globale, surtaxe des bâtiments énergivores. Le bâtiment devient un levier central de la transition.

    Mais ces mesures s’appliquent dans un contexte d’intérêts en hausse et de retrait des aides publiques. Le choc est rude : la construction neuve chute à des niveaux historiquement bas, les tensions sociales explosent, et seules les entreprises ayant intégré très tôt la décarbonation et les matériaux durables tirent leur épingle du jeu. Ce scénario met en garde contre les conséquences d’une transformation brutale, sans accompagnement adapté.

     

    Scénario 3 – Le bâtiment entre dans l’ère du tout-numérique

    Cette fois, la France a réussi sa transformation digitale. Le bâtiment s’est réinventé en intégrant le numérique à tous les étages : objets connectés, intelligence artificielle, jumeaux numériques, exploitation des données. L’usage des logements est piloté avec une efficacité inédite.

    L’État a fait du « bâtiment numérique » une priorité. Mais la valeur a glissé vers la conception, la maintenance, la gestion intelligente des actifs. Les majors s’allient aux plateformes tech, les PME deviennent des sous-traitants techniques de réalisation. La maintenance est prédictive, les interventions planifiées à l’avance. Ce scénario interroge la souveraineté numérique, mais aussi l’avenir du métier dans un monde dématérialisé.

     

    Scénario 4 – Une relance massive du logement portée par l’État

    Confrontée à une crise grave du logement, la France décrète le « Logement Grande Cause Nationale ». L’objectif est clair : construire 500 000 logements par an. L’État relance l’investissement, simplifie les dispositifs d’aide, relocalise les filières de production.

    Dans un marché en tension, les salaires montent, les dispositifs industriels (modulaire, hors-site) explosent pour tenir les délais et les coûts. Les majors gagnent en poids, les nouveaux entrants captent de la valeur, et les PME perdent en visibilité. Ce scénario souligne les tensions entre objectifs quantitatifs et équilibres professionnels.

     

    Scénario 5 – Vers un bâtiment serviciel, durable et local

    Ce dernier scénario décrit une évolution plus douce, mais profonde. Les Français modifient leurs attentes : ils préfèrent la sobriété, le local, la qualité de vie. L’économie de la fonctionnalité se généralise, y compris dans le logement. Le numérique, sous contrôle public, soutient cette transition.

    Dans ce contexte, les territoires intermédiaires (villes moyennes, zones périurbaines) se redynamisent. La construction neuve se réinvente autour des usages, tandis que la rénovation devient l’épine dorsale du marché. Les PME réinventent leurs offres autour de la performance et de la durabilité. La valeur verte devient un standard. Ce scénario valorise une transition hybride, entre high tech et low tech.


     

    Un outil de réflexion pour les acteurs du bâtiment

    Cinq futurs, cinq perspectives. Derrière cette diversité apparente, un message constant : le changement est déjà là, et il exige de sortir de l’improvisation. Les scénarios proposés par la FFB sont autant d’invitations à penser différemment l’avenir, à s’armer pour le devancer.

    Entre prospective et stratégie, ce travail questionne les modèles économiques, les pratiques, les compétences à mobiliser. Il éclaire les chemins possibles, mais c’est aux acteurs du bâtiment de choisir leur cap.

     


    Découvrez les cinq visions proposées par la FFB pour repenser le bâtiment à l’horizon 2035. – Visualisez la vidéo ici


     

    1 COMMENTAIRE

    1. Compte tenu de la démographie en 2035 il faudra tenir compte du vieillissement de la population et donc adapter nos offres à ce segment de marché
      – maintenance in situ,
      -modification des types de logements plus de T1T2T3 moins de T4 T5
      -Densification urbaine en privilégiant les espaces verts et les déplacements doux
      -Une urbanisation à visage humain
      -voire un retour en zone rurale
      – un transfert des services publics urbains vers le secteur privé
      …..etc..

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