En mars 2025, le ministère de la Transition écologique a publié la version 1.3 du guide du Fonds vert, un document de 40 pages à destination des collectivités territoriales. Ce guide actualisé offre un aperçu complet des nouvelles orientations stratégiques et des priorités de financement pour l’année.
Il confirme que le Fonds vert devient un levier structurant pour faire avancer la transition écologique à l’échelle locale, avec une attention particulière portée aux territoires d’outre-mer. C’est un cap politique, mais aussi un instrument très concret pour les territoires en quête de solutions.
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Un outil qui prend de l’ampleur
Lancé en 2023, le Fonds vert a été conçu pour accélérer la transition écologique dans les territoires en soutenant des projets très concrets. Doté de 1,15 milliard d’euros en 2025, il vise trois objectifs : renforcer la performance environnementale, adapter les territoires au changement climatique, et améliorer le cadre de vie.
La gestion du fonds est déconcentrée : ce sont les préfets qui instruisent les demandes, sans passer par des appels à projets. La plateforme Aides-territoires centralise toutes les démarches, depuis le dépôt de dossier jusqu’au suivi.
À la fin 2024, plus de 3 000 projets avaient été soutenus pour un montant total de 707 millions d’euros de subventions. En tout, près de 5 000 bâtiments ont été concernés, représentant 3,35 millions de m2.
Dans un tiers des cas, les opérations ont permis une sortie des énergies fossiles, avec des réductions de consommation dépassant les 50 %. Cette dynamique montre que le fonds commence à produire des effets visibles, notamment dans les collectivités de taille moyenne et en zone rurale.
Des nouveautés marquantes pour 2025
Le guide 2025 introduit plusieurs changements majeurs. Premièrement, l’accent est mis sur l’adaptation au changement climatique : prévention des inondations, lutte contre l’érosion côtière, renaturation urbaine.
Deuxièmement, le recyclage des friches urbaines devient une priorité, avec l’exclusion des terrains non bâtis à usage agricole ou forestier. Enfin, des mesures innovantes apparaissent : intégration de l’intelligence artificielle dans les projets climatiques, financement des actions des PCAET (plans climat-air-énergie territoriaux).
Pour plus de lisibilité, le guide clarifie aussi l’articulation entre le Fonds vert et d’autres dispositifs existants, notamment le fonds Barnier pour les risques naturels. En matière de rénovation énergétique, les critères sont renforcés pour prendre en compte le confort d’été et les risques d’inondation. Autre évolution notable : les bâtiments à usage exclusivement résidentiel sont désormais traités à part, avec des exigences spécifiques.
Outre-mer : des mesures ciblées face aux vulnérabilités
Les territoires ultramarins bénéficient de dispositifs spécifiques adaptés à leurs réalités climatiques et foncières. Après le cyclone CHIDO à Mayotte, la protection contre les vents cycloniques devient un axe majeur. Les collectivités de la Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Saint-Martin et Saint-Barthélemy peuvent déposer des projets de réhabilitation lourde ou de reconstruction de bâtiments publics (écoles, SDIS, mairies, logements sociaux). Ces opérations doivent intégrer des critères de résistance aux aléas climatiques extrêmes.
Le recyclage foncier intègre également les friches issues d’évacuations d’habitats spontanés, notamment en outre-mer. Dans les territoires ultramarins, où les tensions foncières sont fortes, ce levier s’avère essentiel pour faciliter le renouvellement urbain et la libération de foncier.
Les mobilités rurales y sont désormais éligibles au financement, avec des volets pour le covoiturage, les infrastructures cyclables ou les solutions innovantes. En intégrant ces enjeux de mobilité, le Fonds vert répond aux besoins spécifiques d’accessibilité et de désenclavement des populations dispersées.
Enfin, la mesure « mer et littoral » accompagne les projets de planification écologique dans les espaces maritimes ultramarins, avec des aides à la dépollution, à la valorisation des paysages et à la transition des infrastructures portuaires. Elle s’inscrit dans une logique de développement durable de l’économie bleue, qui représente un axe stratégique pour les collectivités insulaires.
Trois axes, une vision
Le guide structure le Fonds vert autour de trois axes d’intervention.
1. Renforcer la performance environnementale
Cela concerne la rénovation énergétique des bâtiments publics (objectif de -40 % de consommation), l’aide aux maires bâtisseurs (logement en renouvellement urbain), et le tri à la source des biodéchets (plus de 5,5 millions d’habitants concernés en 2024). En encourageant les collectivités à rénover leur patrimoine bâti, le Fonds vert agit à la fois sur la performance énergétique et la résilience aux vagues de chaleur.
2. Adapter les territoires au changement climatique
Prévention des inondations (604 M€ de dommages par an), gestion des risques en montagne, protection des bâtiments contre les cyclones, accompagnement face au recul du trait de côte. Les résultats 2024 montrent que 6 millions d’habitants ont été mieux protégés. Le soutien à la renaturation urbaine permet également de rafraîchir les villes et d’absorber une partie des eaux de ruissellement, tout en améliorant la qualité de vie.
3. Améliorer le cadre de vie
Recyclage des friches, développement du covoiturage (276 projets, 190 aires créées), zones à faibles émissions, mobilités durables en zones rurales et planification écologique du littoral. En 2024, 30 000 logements ont été programmés via le recyclage foncier. Cette approche contribue à limiter l’artificialisation des sols et à répondre aux besoins en logements, sans consommer d’espace naturel supplémentaire.
Accéder plus facilement aux aides
Le guide insiste sur la simplification des démarches. Tous les porteurs de projet doivent passer par la plateforme Aides-territoires et son outil Démarches simplifiées. Les crédits sont instruits au niveau local, et les projets peuvent bénéficier d’un accompagnement en ingénierie (ADEME, Cerema, ANCT…).
Les dossiers déposés en 2024 mais non instruits seront automatiquement basculés vers la gestion 2025. Cette logique de continuité permet de sécuriser les porteurs et d’éviter la perte de temps dans les territoires les moins dotés en ingénierie.

Consulter le guide du Fonds vert 2025
Un guide, mais surtout un cap
Plus qu’un simple document d’information, le guide 2025 du Fonds vert trace une stratégie opérationnelle pour accélérer la transition écologique à l’échelle locale. Il donne aux élus des clés concrètes pour agir, tout en mettant en lumière les urgences spécifiques aux territoires.
Pour les collectivités ultramarines, il offre un cadre de soutien inédit, ancré dans les réalités climatiques et sociales de ces territoires. À mesure que les crises climatiques s’intensifient, ce guide n’est plus un outil parmi d’autres : il devient une feuille de route incontournable pour agir vite et localement.









