Le 14 avril 2025, Anne-Sophie Grave, présidente du directoire de CDC Habitat, a effectué une visite officielle à Mayotte aux côtés des équipes de la Société Immobilière de Mayotte (SIM). Ce déplacement s’inscrivait dans un contexte lourdement marqué par les conséquences du cyclone CHIDO. Quatre mois plus tard, ce sont des chantiers de reconstruction, des livraisons attendues et des signatures stratégiques qui rythment la reprise. Mais derrière les discours, que révèle vraiment cette relance annoncée ?
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Des résidences inaugurées au cœur de Mamoudzou
Deux nouveaux ensembles immobiliers ont été inaugurés lors de cette visite : les résidences « Les Terrasses » et « Vili Vili Manga » situées à Mamoudzou. Ces projets emblématiques incarnent une volonté commune : proposer une offre de logement diversifiée, structurante et en phase avec les besoins du territoire.
« Les Terrasses » offriront à terme 95 logements sociaux répartis entre différents types de financement (LLTS, LLS, PLS). Quant à « Vili Vili Manga« , la résidence comprendra 60 logements mixtes, à parts égales entre social, intermédiaire et libre, ainsi que 10 locaux commerciaux. Ces constructions s’insèrent dans un programme global plus ambitieux de 510 logements intégrant également 3 200 mètres carrés d’espaces commerciaux, une école privée et un aménagement structurant du boulevard Marcel Henri.
Leur livraison, attendue pour l’année 2025, marquera une étape majeure dans le redéploiement de l’offre locative à Mamoudzou, dans un contexte de pénurie chronique de logements sur l’île. Cette initiative est soutenue à la fois par la SIM, en charge de l’opération, et par CDC Habitat qui accompagne à la fois le financement, l’expertise et la logistique du projet.
2024 : une année de bascule pour la SIM
Malgré les chocs climatiques, 2024 s’est révélée être une année charnière pour la Société Immobilière de Mayotte. L’organisme a franchi un cap symbolique avec 3 007 logements et 82 commerces gérés, consolidant sa position d’acteur central du logement social sur l’île. Loin de se contenter de la gestion du parc existant, la SIM a mené un programme soutenu de constructions et de rénovations. Avec 1 541 logements en chantier en 2024, l’ambition affichée est claire : accélérer la production pour répondre à une pression démographique persistante et aux besoins en logement des personnels essentiels — enseignants, soignants, fonctionnaires — qui peinent à se loger dans des conditions satisfaisantes.
La démarche s’inscrit dans le Plan Moyen Terme de la SIM, qui fixe un objectif de livraison de 500 logements par an entre 2025 et 2027. Dès 2024, plusieurs projets ont été livrés, illustrant cette dynamique : la résidence Calotropis (6 logements intermédiaires), Makasis (12 logements libres), Lukida (12 logements sociaux), ou encore l’îles Latéral à Ouangani (25 logements sociaux).
Dans un contexte économique dégradé — flambée des prix des matériaux, difficultés d’approvisionnement, crise de l’eau, insécurité croissante —, le maintien de cette dynamique a requis une mobilisation exceptionnelle des équipes de la SIM et de leurs partenaires. Avec près de 26 millions d’euros investis sur l’année, l’année 2024 marque un tournant d’ampleur pour la société, préfigurant les efforts accrus attendus pour la période 2025–2027.
Le cyclone CHIDO, révélateur de la vulnérabilité du territoire
Le 14 décembre 2024, CHIDO a dévasté une partie significative du parc immobilier de la SIM : 50 % des 3 007 logements gérés ont été endommagés, dont 17 % de manière lourde. Un mois plus tard, la tempête tropicale DIKELEDI est venue aggraver la situation.
Les conséquences ont été immédiates : interruption de chantiers, dégradation du matériel, chute de grues, délocalisation de services administratifs, ralentissement des activités, et surtout, mise en difficulté de nombreux locataires. Sur les 515 logements prévus en début d’année, seuls 76 ont pu être mis en chantier. Au total, 1 483 logements nécessitent aujourd’hui une réhabilitation post-catastrophe.
Le coût total de la reconstruction est estimé à 52,3 millions d’euros, répartis sur deux ans. Une organisation spécifique a été mise en place pour piloter cette remise en état : 85 ensembles immobiliers, soit près de 1 000 logements, sont suivis de façon centralisée par la direction du patrimoine. Tous les travaux sont encadrés par des normes strictes de résistance climatique et d’efficacité énergétique.
Reconstruction et résilience : un cap pour 2025
La reprise des travaux s’organise désormais autour d’un double objectif : réhabiliter l’existant et relancer les projets structurants. La SIM prévoit de mettre en chantier près de 600 logements supplémentaires en 2025, tout en livrant les opérations « Les Terrasses » et « Vili Vili Manga« . Ces livraisons constituent une étape symbolique de la relance, mais aussi une réponse concrète à la demande croissante de logements de qualité.
En parallèle, 1 200 logements sont aujourd’hui en phase d’étude pour des réalisations prévues à l’horizon 2026–2027. Cette planification tient compte des enseignements du cyclone : résistance accrue aux aléas, adaptation aux contraintes topographiques et respect des normes environnementales renforcées.
Les relogements d’urgence, la priorisation des ensembles les moins touchés et l’intégration systématique d’une logique de durabilité dans les projets constituent les piliers de cette stratégie. Le pilotage centralisé permet une montée en cadence progressive, soutenue par les moyens techniques et humains du groupe CDC Habitat.
Une impulsion nationale pour la reconstruction de Mayotte
Le 21 avril 2025, Emmanuel Macron a annoncé un plan de refondation pour Mayotte doté de 3,2 milliards d’euros sur six ans. Ce plan vise la résorption de l’habitat illégal, la régulation foncière et l’accélération de la production de logements. Il vient renforcer les initiatives déjà portées par la SIM et CDC Habitat, en apportant un cadre législatif et financier à la hauteur des enjeux. La reconstruction s’inscrit désormais dans une trajectoire nationale.
Logement étudiant, innovation sociale et politique de proximité
La relance territoriale portée par la SIM s’appuie également sur une politique sociale de proximité, pensée pour améliorer le quotidien des habitants. En 2024, un partenariat a été noué avec le Crous Réunion-Mayotte pour favoriser l’accès au logement étudiant. Cette convention vise à développer des résidences adaptées aux besoins des jeunes Mahorais, afin de faciliter leur parcours académique et de soutenir l’égalité des chances.
Dans le même esprit, la SIM a lancé un dispositif original en partenariat avec Acadomia : une plateforme de soutien scolaire en ligne accessible gratuitement aux enfants de locataires, du CP à la Terminale. Plus de 500 élèves sont concernés par cette première édition, avec la possibilité d’élargir le programme en fonction des retours et de l’engagement des familles.
La politique de proximité passe aussi par le renforcement de la présence humaine sur le terrain. En 2024, 6 gardiens d’immeuble ont été formés et diplômés dans le cadre d’un parcours de 12 mois conçu avec l’AFPOLS. 4 d’entre eux sont déjà en poste, appuyés par des chargés de secteur ayant reçu un certificat professionnel.
Enfin, l’innovation sociale s’exprime aussi à travers des actions de lien communautaire. À Cavani, la fresque réalisée sur les murs de la résidence Tamarins les Bas a été conçue avec la participation active des enfants du quartier.


Dossier de presse BILAN 2024 ET PERSPECTIVES 2025
Une ambition consolidée pour 2025–2027
Au-delà de la réponse immédiate à la crise, la SIM et CDC Habitat projettent une montée en puissance structurée de la production de logements sur les prochaines années. L’objectif est clair : produire en moyenne 500 logements par an jusqu’en 2027, avec une logique d’équilibre entre logement social, intermédiaire et libre, pour répondre à la diversité des besoins du territoire.
Cette ambition s’appuie sur plusieurs leviers : la relance de projets interrompus, l’accélération des études techniques sur de nouveaux fonciers, la modernisation des procédures internes, mais aussi le développement de partenariats stratégiques avec les collectivités locales, les bailleurs partenaires et les services de l’État.









