En 2024, la France retrouve une dynamique énergétique qui lui échappait depuis plusieurs années. Le pays renoue avec un niveau élevé d’indépendance, porté à la fois par le rebond de son parc nucléaire et par la progression continue des énergies renouvelables. Le taux d’indépendance énergétique grimpe ainsi à 60,7 %, un record qui dépasse même les meilleurs niveaux observés avant les crises sanitaire et énergétique. Les chiffres publiés par le SDES confirment cette évolution : la production primaire d’énergie augmente nettement, tandis que le déficit énergétique se contracte et que la balance électrique atteint un excédent historique.
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Nucléaire : un retour en force qui change la donne
La pierre angulaire de ce regain de souveraineté reste sans surprise le nucléaire. Après deux années marquées par des indisponibilités liées au phénomène de corrosion sous contrainte, la filière a retrouvé une forme de stabilité.
Les arrêts de réacteurs sont plus courts, les opérations de maintenance mieux anticipées, et la disponibilité moyenne du parc remonte au-dessus des 70 %, un niveau devenu rare ces dernières années.
Ce rétablissement se reflète immédiatement dans les chiffres : la production de chaleur nucléaire progresse de 12,5 %, atteignant 1 153 TWh.
Le document source rappelle d’ailleurs l’ampleur du rebond : « La production primaire d’énergie augmente de 9,9 % en raison de l’amélioration de la disponibilité des réacteurs nucléaires ».
La douceur de l’été, marquée par l’absence de canicules, a également permis aux centrales de fonctionner sans les contraintes thermiques observées en 2022 et 2023.
Le nucléaire redevient ainsi un pilier central de la sécurité d’approvisionnement. Son retour à un haut niveau de disponibilité contribue directement à la baisse du recours aux centrales thermiques classiques, dont la production chute de 24 % pour atteindre un plancher historique.
Des renouvelables qui renforcent l’équation énergétique
L’autre moteur du regain de souveraineté vient des énergies renouvelables. L’hydraulique, dopé par une année exceptionnellement humide, progresse de manière spectaculaire : +26,8 % pour atteindre 72 TWh, un niveau parmi les plus élevés des dernières décennies.
Le SDES souligne que « des précipitations très excédentaires ont favorisé un haut niveau de stocks hydrauliques », un contexte qui a permis à la filière de jouer pleinement son rôle d’ajustement dans le mix électrique.
Le photovoltaïque poursuit sa montée en puissance (+8,3 %), soutenu par une hausse de 19 % des capacités installées, preuve que les investissements engagés depuis plusieurs années continuent de produire leurs effets.
L’éolien connaît toutefois un repli notable (–8,3 %), en raison de conditions de vent nettement moins favorables qu’en fin d’année 2023, malgré un parc en croissance.
Cette diversité de dynamiques n’empêche pas les renouvelables de participer nettement à l’amélioration de la balance énergétique. Leur production primaire atteint 142 TWh, en hausse de 9,9 %.
Une balance électrique transformée : la France redevient exportatrice nette
En 2024, la France retrouve une position qu’elle avait perdue : celle d’exportatrice nette d’électricité à grande échelle. Les exportations nettes atteignent 90 TWh, contre 50 TWh en 2023. C’est un niveau historique, rendu possible par le cumul de trois facteurs :
- un parc nucléaire performant
- une hydraulique généreuse
- une consommation intérieure contenue
Le recul du thermique fossile joue aussi un rôle clé. Avec seulement 37 TWh produits par les centrales classiques, le système électrique français devient plus propre, moins dépendant du gaz et plus résilient face aux fluctuations des marchés internationaux.
Cette dynamique contribue mécaniquement à réduire le déficit énergétique global du pays, qui se replie de 9,8 %.
Moins d’importations, plus de résilience sur les marchés mondiaux
La baisse des importations d’énergie constitue un autre signe tangible de souveraineté retrouvée. Les entrées nettes de gaz diminuent de 14,7 %, après déjà –19,6 % en 2023.
Les opérateurs ont davantage puisé dans les stocks, profitant de niveaux élevés en début d’année. Le pétrole brut recule également (–2,1 %), tout comme les importations nettes de produits raffinés (–3,6 %).
Ces tendances réduisent l’exposition de la France aux tensions internationales, même si certains marchés restent volatils. Le GNL représente encore 57 % des importations de gaz, un niveau qui maintient les prix structurellement plus élevés que ceux du gaz acheminé par pipeline.
Une facture énergétique en forte baisse, mais encore fragile
L’effet le plus visible de cette souveraineté renforcée se mesure dans la facture énergétique.
En 2024, elle chute de 21 % pour atteindre 57,8 milliards d’euros, soit plus de deux fois moins qu’en 2022, année du pic provoqué par la guerre en Ukraine. Le gaz tire fortement cette baisse (–35 %), même si son coût reste supérieur au niveau d’avant-crise.
La balance électrique, elle, apporte un soutien inédit : l’excédent monétaire des échanges d’électricité grimpe à 5,2 milliards d’euros, surpassant déjà les 4 milliards enregistrés en 2023.
Le pétrole demeure toutefois le poste le plus lourd, représentant près des trois quarts de la facture énergétique totale.
Une souveraineté retrouvée, mais pas encore pleinement consolidée

Source : SDES – Bilan énergétique de la France en 2024 – Données provisoires









