MAYOTTE et la GUYANE concentrent les plus fortes tensions de trésorerie en 2023

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Les délais de paiement restent un baromètre de la vitalité économique des territoires. Si le rapport annuel 2024 de l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM), publié le 22 septembre 2025, révèle une stabilité d’ensemble, il souligne aussi de fortes disparités entre régions ultramarines. Derrière la moyenne — 42 jours pour les délais clients et 48 jours pour les délais fournisseurs — se cachent deux territoires où la trésorerie des entreprises demeure sous tension : Mayotte et la Guyane.

Mayotte : l’exception qui se détériore

C’est le seul territoire à dépasser le seuil légal de 60 jours fixé par la loi de modernisation de l’économie. En 2023, les entreprises mahoraises règlent leurs fournisseurs en 61 jours (+5 jours) et sont payées en 59 jours (+3 jours). Ce double allongement place Mayotte dans une situation inédite : les délais y sont désormais les plus longs de l’ensemble des DCOM.

Les causes sont multiples. Le tissu économique local, composé majoritairement de très petites entreprises, reste fortement dépendant de la commande publique et vulnérable aux aléas conjoncturels. Le passage du cyclone Chido fin 2024 a accentué ces fragilités, retardant les règlements publics et alourdissant la trésorerie des entreprises.

Selon l’IEDOM, le besoin de trésorerie atteint 22 jours de chiffre d’affaires, soit un niveau deux fois supérieur à la moyenne ultramarine. Autrement dit, les entreprises mahoraises doivent supporter près d’un mois supplémentaire de financement avant d’être réglées.

Guyane : une amélioration fragile malgré trois années de recul

En Guyane, les indicateurs évoluent dans le bon sens, mais la situation reste préoccupante. Les délais clients reculent d’un jour à 53 jours et les délais fournisseurs à 52 jours, confirmant une tendance à la baisse amorcée depuis 2021. Le territoire conserve toutefois des niveaux parmi les plus élevés de la zone euro ultramarine.

Les besoins de trésorerie y sont comparables à ceux de Mayotte — 22 jours de chiffre d’affaires — soit plus du double de la moyenne nationale. Cette tension s’explique par la structure économique : forte présence du BTP et des services techniques, circuits logistiques longs, et délais administratifs encore lourds.

« Les entreprises guyanaises font face à une trésorerie structurellement tendue, dans un environnement économique où chaque retard amplifie la fragilité », souligne le rapport. Malgré la baisse progressive des délais, le territoire peine donc à retrouver une fluidité comparable à celle observée ailleurs.

Guadeloupe et Martinique : deux trajectoires opposées

Les entreprises guadeloupéennes enregistrent une amélioration nette de leur situation. Le délai client recule de deux jours pour s’établir à 41 jours, tandis que le délai fournisseur progresse légèrement à 48 jours. Résultat : le besoin de trésorerie baisse à 10 jours, contre 12 l’année précédente. La Guadeloupe devient ainsi le seul territoire où le crédit interentreprises se réduit.

La Martinique suit une trajectoire inverse. Les délais clients augmentent de trois jours pour atteindre 42 jours, alors que les délais fournisseurs restent stables à 49 jours. Le solde commercial s’accroît de trois jours, traduisant un léger durcissement des conditions de trésorerie. Ces évolutions divergentes montrent à quel point la dynamique de paiement varie d’un territoire à l’autre, même au sein d’un même bassin économique.

La Réunion : la plus proche des standards métropolitains

À La Réunion, les chiffres se rapprochent progressivement de ceux observés en France hexagonale. Les entreprises y sont payées en 39 jours (-1 jour) et règlent leurs fournisseurs en 46 jours (stables). Ces délais, parmi les plus courts des Outre-mer, traduisent une meilleure organisation financière et une structure économique plus équilibrée.

L’écart avec la métropole se réduit à 9 jours seulement. Ce résultat s’explique en partie par un tissu d’entreprises plus dense et mieux bancarisé, mais aussi par la montée en puissance d’outils numériques de gestion financière qui fluidifient les règlements.

Des écarts persistants avec la métropole

Malgré ces disparités internes, les DCOM dans leur ensemble restent au-dessus des niveaux métropolitains. En 2023, les entreprises ultramarines affichent un besoin de trésorerie moyen de 13 jours, contre 8 jours en France entière. Les retards de paiement concernent encore 27 % des entreprises, mobilisant plus de 700 millions d’euros de trésorerie potentielle.

Les écarts varient fortement selon les territoires : 9 jours de plus à La Réunion, 29 jours de plus à Mayotte. Les causes sont structurelles : éloignement géographique, dépendance à la commande publique, et poids important du secteur du BTP et du soutien aux entreprises, où les délais dépassent régulièrement 60 jours.

Dans ce contexte, les données de l’IEDOM confirment que Mayotte et la Guyane concentrent les tensions les plus marquées, tandis que La Réunion et la Guadeloupe tendent vers une normalisation. Un contraste qui illustre, une fois encore, la diversité des réalités économiques ultramarines.


Consulter ici le Rapport annuel 2024 des délais de paiement pratiqués par les entreprises et les organismes publics des DCOM par l’IEDOM


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