FNTP : une feuille de route ambitieuse pour la transition écologique des infrastructures

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    Transition écologique

    Alors que la transition écologique s’impose comme un impératif national, la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) met cartes sur table. Dans son Rapport d’impact 2024-2025, elle plaide pour un investissement massif — 20 à 30 milliards d’euros supplémentaires par an — afin de moderniser les réseaux, accélérer la décarbonation et renforcer la cohésion des territoires. Un appel à la mobilisation pour un secteur qui, entre innovation, formation et engagement social, veut devenir un pilier de la transformation écologique française.

    Former et outiller pour transformer : le pari humain de la FNTP

    La mutation écologique du secteur passe d’abord par les compétences. Avec 326 000 salariés et 40 000 recrutements par an, les Travaux publics sont l’un des moteurs silencieux de l’économie verte. La fédération en a fait un axe central de sa stratégie : former, accompagner et anticiper les métiers de demain.

    La plateforme tp.demain, lancée en 2019, est devenue en quelques années un véritable écosystème pédagogique. Elle compte plus de 2 400 contenus, une chaîne YouTube suivie par 22 000 abonnés et plus de deux millions de vues.

    En 2024, la FNTP est allée plus loin avec la création de l’école tp.demain, un programme structuré autour de quatre piliers : décarbonation, économie circulaire, biodiversité et responsabilité sociétale.

    Ce nouvel outil vise à répondre à la demande croissante de main-d’œuvre qualifiée, dans un secteur où 73 % des apprentis souhaitent poursuivre leur carrière et où 35 % des cadres recrutés sont désormais des femmes.

    Cette évolution traduit un mouvement de fond : les Travaux publics ne se définissent plus seulement par la technicité, mais par leur contribution à la transformation écologique et sociale des territoires.

    En parallèle, des projets innovants de tutorat et de formation continue encouragent la transmission intergénérationnelle.

    La FNTP rappelle que 29 % des salariés ont plus de 50 ans : un atout pour transmettre l’expérience et accompagner la jeune génération dans la transition numérique et énergétique des chantiers.

    Innover pour décarboner : la boîte à outils d’une filière en mutation

    La FNTP s’est fixé une cible ambitieuse : réduire de 40 % les émissions directes du secteur d’ici 2030, alors que les chantiers représentent encore 3,5 % des émissions nationales de CO₂, dont 60 % liées aux matériaux.

    Pour atteindre cet objectif, la fédération déploie une série d’outils qui transforment déjà la manière de concevoir et de gérer les infrastructures.

    Parmi eux :

    • SEVE-TP, un écocomparateur qui permet de modéliser et de comparer l’empreinte environnementale des chantiers ;
    • OMEGA TP, une calculette carbone qui aide les entreprises à mesurer leurs émissions et à bâtir des plans d’action ;
    • Géomat TP, un observatoire qui évalue l’origine et la performance environnementale des matériaux utilisés ;
    • Lucee TP, une application mobile qui identifie les espèces invasives grâce à la reconnaissance photographique et aide à leur gestion écologique.

    Sur le terrain, ces outils se traduisent par des innovations tangibles. À Autun, en Saône-et-Loire, une route a été construite à partir de laitiers sidérurgiques, prouvant que des déchets industriels peuvent remplacer des ressources naturelles tout en offrant des performances équivalentes.

    L’économie circulaire s’impose désormais comme une norme : réemploi des granulats, recours aux circuits courts et mobilité électrique pour la logistique de chantier.

    L’innovation s’étend aussi à la sécurité et à la maintenance : l’intelligence artificielle et les jumeaux numériques permettent d’anticiper les défaillances, tandis que le programme Stop Collision, porté avec l’OPPBTP, expérimente le freinage automatique d’urgence sur les engins de chantier.

    Investir pour relier : les infrastructures comme colonne vertébrale des territoires

    Au-delà de la technique, la FNTP défend une vision politique de l’infrastructure : celle d’un bien commun qui relie, protège et dynamise.

    Pourtant, la “dette grise” s’aggrave. En France, 20 % des routes nationales sont en mauvais état, 16 % du réseau ferré approche la fin de sa durée de vie et 25 % des ponts présentent des désordres structurels.

    Chaque million d’euros investi crée dix emplois, dont sept directs, rappelle le rapport. À l’heure où les finances publiques se resserrent, cet effet levier est loin d’être négligeable. Les collectivités locales, responsables de 70 % de l’investissement public civil, se retrouvent pourtant en première ligne sans moyens supplémentaires.

    Selon I4CE, il faudra 11 milliards d’euros additionnels par an pour atteindre les objectifs climatiques de 2030, dont près de 4 milliards pour le seul secteur des transports.

    Deux grands projets symbolisent cette stratégie d’investissement de long terme. Le Canal Seine-Nord Europe, qui reliera Compiègne à Aubencheul-au-Bac, mobilise 6 000 emplois et permettra d’éviter 50 millions de tonnes de CO₂ sur 40 ans, tandis que le tunnel Lyon-Turin, long de 57,5 km, réduira les émissions de 3 millions de tonnes de CO₂ chaque année.

    Ces chantiers démontrent qu’investir dans le ferroviaire et le fluvial, c’est investir dans la décarbonation.

    Dans les territoires ultramarins, la FNTP met aussi en avant des approches fondées sur la nature : en Martinique, le port de plaisance de l’Étang Z’Abricots à Fort-de-France a été protégé par accrétion sédimentaire, un procédé de formation de mangroves destiné à amortir les vents et les houles.

    Un modèle d’ingénierie écologique qui illustre la convergence entre adaptation climatique et développement local.


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    Consulter le rapport d’impact 2024 – 2025 de la FNTP ici.


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