Après la Guadeloupe, c’est au tour de la Martinique de franchir une étape clé dans la transition énergétique de ses bâtiments publics. Le 17 octobre 2025, le programme ACTEE investit 700 000 euros sur l’île, en partenariat avec le Syndicat Mixte d’Énergie de la Martinique (SMEM), pour soutenir les communes et mobiliser les 53 millions d’euros du cadre territorial de compensation, dispositif local piloté par la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
L’ambition est claire : renforcer l’autonomie énergétique, réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer le confort thermique dans les établissements publics, souvent vétustes et énergivores. Ce financement ne couvrira pas les travaux eux-mêmes, mais servira à financer l’ingénierie, les études et les postes d’experts en énergie, afin de générer un effet de levier sur l’ensemble des aides existantes.
Entre 2025 et 2028, le dispositif de la CRE prévoit 96 GWh d’économies d’énergie par an, soit près de 7 % de la consommation électrique de la Martinique en 2023. Pour Guy Hourcabie, vice-président délégué de la FNCCR, l’enjeu réside dans la coordination des multiples sources de financement. « De nombreux dispositifs existent : cadre territorial de compensation, fonds vert, DSIL, DETR, AFD, Banque des Territoires… L’objectif est d’en faire un parcours cohérent et lisible pour les collectivités. »
Le SMEM, partenaire historique des communes martiniquaises, apporte une expérience solide. Depuis plusieurs années, il multiplie les projets : 54 bâtiments publics rénovés, 28 000 luminaires convertis en LED, 1,2 MW d’énergies renouvelables produits sur douze communes. « Le SMEM s’est imposé comme un partenaire de confiance », rappelle Ralph Monplaisir, son président. « Nous voulons aller plus loin et accompagner chaque commune, quelle que soit sa taille, vers une Martinique plus autonome et plus sobre. »
L’opération s’inscrit dans une dynamique plus large d’adaptation des dispositifs ACTEE aux réalités ultramarines. En juin 2025, une convention avec l’Agence Qualité Construction (AQC) a permis de renforcer la collaboration autour du programme OMBREE, qui conçoit des outils et guides adaptés aux climats tropicaux. En Martinique, le SMEM deviendra un relais territorial essentiel pour tester et déployer ces solutions concrètes de rénovation durable.
Pour Guillaume Perrin, directeur d’ACTEE, « les bâtiments publics représentent une part importante de la consommation énergétique des Antilles. Leur rénovation est à la fois un enjeu climatique, financier et social, notamment pour les écoles ». Une vision partagée par l’ensemble des acteurs locaux, décidés à faire de la Martinique un territoire exemplaire dans la transition énergétique publique.