Les CAUE en danger ! Une pétition nationale pour sauver un service public en péril

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Après la liquidation du CAUE de la Manche, le réseau des Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement appelle l’État à agir. Une PÉTITION NATIONALE vient d’être lancée pour défendre la pérennité de ces structures locales dédiées à la qualité du cadre de vie.

Un réseau en alerte lance une mobilisation nationale

Le réseau des Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE) vient de lancer une pétition nationale à destination des parlementaires et des ministères concernés. Son objectif : obtenir un soutien rapide et effectif de l’État pour sauver un service public de proximité menacé d’asphyxie financière.

L’appel fait suite à un événement sans précédent : la mise en liquidation judiciaire du CAUE de la Manche, en octobre 2025. Pour la première fois depuis leur création il y a plus de 40 ans, un CAUE ferme ses portes. Ce signal d’alarme a provoqué une vague d’inquiétude parmi les 92 structures départementales du réseau, mobilisées pour défendre leur mission d’intérêt général.

« Les CAUE œuvrent depuis plus de quarante ans pour accompagner les citoyens, les collectivités et les professionnels dans la construction d’un cadre de vie harmonieux et durable », rappelle Didier Yokessa, directeur du CAUE de Martinique sur son compte LinkedIn. « Leur disparition serait une perte immense pour les territoires. »

Un réseau essentiel fragilisé par une réforme fiscale

Créés par la loi sur l’architecture du 3 janvier 1977, les CAUE ont pour mission de conseiller, sensibiliser et former autour de la qualité architecturale, paysagère et environnementale. Ils accompagnent gratuitement les particuliers, épaulent les communes dans leurs projets d’aménagement et participent à la diffusion d’une culture de l’architecture au service du cadre de vie.

Mais leur équilibre financier repose largement sur une ressource unique : la taxe d’aménagement (TA), prélevée sur les droits à construire. Depuis deux ans, la réforme du recouvrement de cette taxe a bouleversé leur modèle. Le transfert de gestion aux Directions des Finances Publiques (DGFIP) et la condition du versement à la déclaration d’achèvement des travaux ont provoqué des retards massifs et un effondrement des produits perçus.

La pétition nationale, initiée par Emmanuel Fauchet, dénonce une réforme « mal anticipée et accompagnée de dysfonctionnements importants : réduction d’effectifs, défaillances des outils numériques et manque d’information des porteurs de projet ».

Le ministère de l’Économie a reconnu ces difficultés dans un communiqué du 29 janvier 2025, sans pour autant préciser de calendrier pour le versement des sommes dues. Pendant ce temps, plusieurs CAUE ont déjà été contraints de réduire leurs effectifs, suspendre des actions de terrain ou retarder leurs missions d’assistance aux communes.

La liquidation du CAUE de la Manche, un tournant symbolique

La disparition du CAUE de la Manche marque un choc pour tout le réseau. Créé comme ses homologues départementaux pour défendre la qualité du cadre de vie, il devient aujourd’hui le symbole d’une réforme qui menace un pilier du service public architectural.

Ce cas n’est pas isolé : partout en France, les CAUE alertent sur des trésoreries au plus bas, des missions interrompues et des équipes fragilisées. Pour la Fédération nationale, cette situation met en danger un maillage territorial unique, au service des collectivités et des habitants depuis près d’un demi-siècle.

« Il est désormais de la responsabilité de l’État et des différents ministères de garantir la pérennité de ces structures », insiste la pétition. « Un fonds de soutien national doit être mis en place sans délai. »

Les voix ultramarines appuient la mobilisation

Aux Antilles et dans l’océan Indien, les CAUE locaux se joignent à la mobilisation. En Martinique, Didier Yokessa rappelle le rôle de son établissement dans l’accompagnement des communes et la valorisation du patrimoine tropical. « Les CAUE sont des tiers de confiance indispensables, sur lesquels peuvent compter les acteurs de l’aménagement pour répondre aux enjeux du changement climatique », souligne-t-il.

À Mayotte, Jeanne Demoule, architecte-conseil au CAUE, évoque l’expérience acquise après le cyclone Chido, où les équipes ont assuré diagnostics, conseils techniques et accompagnement à la reconstruction :

« Ces mois de terrain nous ont permis de tisser des liens solides avec les habitants et les communes. Toute cette expertise et ce savoir-faire collectif sont aujourd’hui menacés. »

Dans ces territoires ultramarins, où la vulnérabilité climatique s’ajoute à la pression foncière et à la fragilité économique, la disparition des CAUE serait un coup dur pour la résilience locale et pour la diffusion d’une culture constructive adaptée aux réalités tropicales.

Une pétition pour interpeller l’État et réformer le financement

Les signataires de la pétition appellent à la création d’un fonds national d’urgence, afin d’éviter de nouvelles fermetures et de soutenir la continuité des missions locales. Ils réclament également une réforme structurelle du financement, plus stable et plus adaptée aux délais réels de recouvrement de la taxe d’aménagement.

Le mouvement est soutenu par plusieurs associations d’élus – Départements de France, Association des Maires Ruraux de France (AMRF) et Association des Petites Villes de France (APVF) – ainsi que par la Fédération nationale des CAUE (FNCAUE). Ensemble, ils ont interpellé l’État dès juillet 2025 dans une tribune commune.

« Préserver les CAUE, c’est préserver la capacité de nos territoires à construire un cadre de vie durable, harmonieux et inclusif », résume Didier Yokessa.

Alors que la pétition continue de recueillir des signatures, la mobilisation prend de l’ampleur. Pour le réseau, l’enjeu dépasse la simple question budgétaire : il s’agit de défendre une mission de service public fondée sur la proximité, la pédagogie et la qualité architecturale.

Un enjeu collectif pour le cadre de vie de demain

Derrière la mobilisation actuelle se joue la survie d’un modèle qui fait le lien entre citoyens, élus et professionnels depuis près de cinquante ans. Les CAUE incarnent un service public d’expertise et de conseil, au cœur de la transition écologique et de l’aménagement durable. Leur disparition ouvrirait un vide que ni les collectivités ni le secteur privé ne pourraient combler.

Le message est clair : sans un soutien immédiat de l’État, la disparition progressive des CAUE pourrait affaiblir durablement la politique française du cadre de vie.


La pétition appelle à éviter cet échec collectif en redonnant aux CAUE les moyens d’agir, au service des territoires et de leurs habitants.

Vous pouvez soutenir cette mobilisation en signant la pétition “Les CAUE en danger” ici


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