La rentrée économique s’ouvre sur des signaux contradictoires pour la filière construction. Alors que la France traverse une nouvelle période d’incertitude politique, avec la nomination d’un quatrième Premier ministre en un an et l’attente du budget 2026, la confiance reste fragile. Ce climat pèse sur l’investissement et rend difficile toute visibilité pour le secteur. Dans ce contexte, la Lettre mensuelle de conjoncture de septembre 2025 souligne que « l’activité des matériaux se serait très légèrement redressée en juillet après un mois de juin plutôt maussade », mais le rebond reste timide.
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Un frémissement après des mois ternes
Les données publiées confirment une stagnation sur le long cours : sur les sept premiers mois de 2025, l’activité des granulats progresse de seulement +0,3 % tandis que le béton prêt à l’emploi (BPE) recule de –4,1 %.
Des chiffres qui traduisent un marché sans véritable dynamique, encore marqué par le ralentissement de la construction neuve.
Juillet laisse entrevoir une petite respiration : +1 % pour les granulats et +2,1 % pour le BPE par rapport à juin. Pourtant, la comparaison annuelle reste négative : –1,9 % pour les granulats et –5,4 % pour le BPE face à juillet 2024. Autrement dit, la filière respire un peu, mais peine à reprendre son souffle.
L’instabilité politique et financière en toile de fond
Au-delà des chiffres, c’est le contexte macroéconomique qui inquiète. La hausse des taux longs, conséquence de l’endettement public, vient menacer le léger redémarrage du marché immobilier amorcé grâce au recul des taux de crédit et aux dispositifs de soutien comme le prêt à taux zéro ou Action Habitat.
Le document rappelle que « le manque de lisibilité institutionnelle pèse sur la confiance et pourrait fragiliser la reprise de la construction ».
Pour les acteurs du secteur, l’instabilité politique et budgétaire retarde les décisions d’investissement, aussi bien du côté des ménages que des entreprises. Les aides publiques amortissent le choc, mais elles ne suffisent pas à relancer une dynamique solide tant que l’environnement global reste incertain.
Deux trajectoires, un même défi
La comparaison entre granulats et béton illustre la complexité de la filière. D’un côté, les granulats se maintiennent à flot, soutenus par les travaux publics. Routes départementales, projets d’infrastructures portuaires ou aménagements urbains continuent de tirer la demande, même si la cadence ralentit.
De l’autre, le béton prêt à l’emploi reste plombé par le marasme du logement neuf. Chaque permis de construire reporté ou annulé se traduit mécaniquement par des camions-toupies à l’arrêt et des centrales de production qui tournent au ralenti.
Cette divergence pose question. Peut-on réellement parler de reprise quand l’un des deux piliers de la filière reste durablement en repli ? Les professionnels savent que la santé du BPE est un baromètre du marché immobilier. Tant qu’il ne redémarre pas, c’est l’ensemble de l’écosystème du bâtiment qui reste sous tension.
Une vigilance de mise pour les prochains mois
Les perspectives restent fragiles. La filière attend des décisions budgétaires claires et des signaux politiques stables pour planifier ses investissements.
Les prochaines annonces du gouvernement, notamment sur le budget 2026 et la politique du logement, seront déterminantes. En attendant, le redressement de juillet doit être vu comme une éclaircie provisoire plus que comme un retournement durable.
Consulter la « Lettre mensuelle de conjoncture – Septembre 2025 », publiée par l’UNICEM
La Lettre mensuelle de conjoncture trace le portrait d’un secteur en équilibre instable : quelques signes positifs, mais une fragilité persistante. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : stagnation pour les granulats, recul du BPE, et une confiance à reconstruire. La reprise est possible, mais elle passera par une plus grande visibilité institutionnelle et une mobilisation collective pour soutenir la relance constructive.