GUADELOUPE. Habitation Descamps : entre mémoire et renaissance au Domaine de Birmingham

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À Baie-Mahault, l’Habitation Descamps a été retenue parmi les sites départementaux soutenus par la Mission Patrimoine 2025. Portée par la Fondation du patrimoine, Stéphane Bern, le ministère de la Culture et FDJ UNITED, cette sélection vient reconnaître l’importance historique et culturelle d’un lieu emblématique de la commune. 

Un patrimoine historique au cœur de Baie-Mahault

Construite en 1830, l’Habitation Descamps doit son nom à Gaston Descamps, son bâtisseur et premier maire de Baie-Mahault, élu le 31 juillet 1848 après l’abolition de l’esclavage. Ce domaine, symbole de la devise « Ordre, Union, Travail », fut un centre de vie et d’influence dans la commune. La demeure en bois, bâtie selon les codes traditionnels des maisons de maître, comprenait des dépendances destinées aux services quotidiens : cuisine, salle d’eau, garde-manger.

Après une période d’instabilité politique, le domaine changea plusieurs fois de mains avant d’être acquis en 1985 par Claude et Simone Paulin. À partir des années 1990, Simone Paulin transforma l’habitation en un véritable foyer culturel. Jazz club, petite salle de théâtre, résidence d’artistes : le site devint progressivement le « Domaine de Birmingham », connu pour avoir accueilli des artistes de renom comme Herbie Hancock, Stanley Clarke ou Michel Petrucciani.

Un domaine fragilisé, mais porteur d’avenir

Avec le temps, l’habitation a souffert. Les maçonneries, la terrasse, les planchers et la toiture sont aujourd’hui fortement dégradés. Préserver ce patrimoine n’est pas seulement un enjeu architectural : c’est aussi maintenir un repère de l’histoire politique locale et un lieu de mémoire culturelle. Restaurer le domaine, c’est donc redonner à Baie-Mahault un espace capable de relier passé et présent, traditions et création contemporaine.

Habitation Descamps à Baie-Mahault © Fondation du patrimoine / MyPhotoAgency / Bruno Celca

Restaurer l’habitation avec des matériaux traditionnels

Les travaux ont débuté en juillet 2025 et devraient s’achever en mars 2026. Le chantier comprend la reprise des maçonneries en béton et la remise en état de la terrasse pour améliorer l’accueil du public. Les planchers endommagés seront restaurés, le bardage remplacé à l’identique et la toiture en tôle ondulée cédera la place à des tuiles de bois, appelées « essentes », choisies pour leur authenticité et leur durabilité.

Les matériaux employés respecteront l’architecture créole des maisons de maître : peintures adaptées pour laisser respirer le bois, extensions en bois rouge local. Le projet intègre également une dimension environnementale avec une autonomie visée en eau et en électricité, ainsi qu’un travail paysager sur le jardin, qui deviendra partie intégrante de la valorisation du site.

Redonner vie à un lieu de rencontres et de création

L’ambition est de rendre au domaine toute sa dimension d’accueil. Après les travaux, l’Habitation Descamps pourra héberger des événements variés : concerts, expositions, mariages, séminaires, manifestations artistiques.

Le jardin, réaménagé, servira de vitrine à des créateurs et designers locaux, avec des expositions permanentes ou temporaires. Le site est pensé comme un lieu de rayonnement culturel, à la fois ancré dans son histoire et tourné vers l’avenir.


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La restauration de l’Habitation Descamps au Domaine de Birmingham illustre la capacité de la Mission Patrimoine à sauver des sites qui allient mémoire, architecture et culture vivante. Pour la Guadeloupe, ce projet représente à la fois la sauvegarde d’un héritage unique et l’ouverture d’un espace dédié à la création et au partage. Un patrimoine restauré, mais surtout un lieu appelé à redevenir un cœur battant pour Baie-Mahault et ses habitants.

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