La célèbre Maison du Bagnard, au Diamant, a été désignée parmi les 102 projets départementaux retenus par la Mission Patrimoine 2025. Portée par la Fondation du patrimoine, Stéphane Bern, le ministère de la Culture et FDJ UNITED, cette sélection offre une nouvelle chance à ce site emblématique, à la fois fragile et incontournable, qui incarne une page singulière de l’histoire martiniquaise.
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Une maison au destin singulier en péril
Construite dans les années 1960 par Médard Aribot, sculpteur autodidacte originaire de Sainte-Luce, la petite case colorée témoigne d’un destin hors du commun. Condamné pour avoir sculpté une effigie anticoloniale, Aribot fut envoyé au bagne de Cayenne où il passa vingt ans, entre 1925 et 1945.
À son retour en Martinique, il bâtit de ses propres mains cette maisonnette, sans fondations, au pied du Morne Larcher, et y vécut jusqu’à sa mort en 1976. L’édifice, ornementé et modeste par ses dimensions, fut surnommé « Maison du Bagnard » lors d’une première restauration dans les années 1980, en mémoire du passé carcéral de son créateur.

Aujourd’hui, la Maison du Bagnard est dans un état critique. Ravagée par les termites, fragilisée par son exposition en bord de mer et par des années d’abandon relatif, elle a vu un pan entier de sa toiture s’effondrer sous l’effet de l’ouragan Berryl en juillet 2024. Des étais ont dû être posés en urgence pour éviter l’écroulement. Les menuiseries, elles aussi, sont hors d’usage. Pour la ville du Diamant, l’enjeu est double : sauver un patrimoine architectural unique et préserver un site qui constitue un atout touristique majeur.
Un projet de restauration en deux étapes
La commune du Diamant a choisi de mener la restauration de la Maison du Bagnard en deux temps.
1 – La première étape, considérée comme une priorité absolue, consiste à sécuriser l’édifice afin d’éviter tout effondrement. Les étais déjà installés seront consolidés, et un chantier d’entretien permettra de stabiliser les structures les plus fragiles. Cette phase d’urgence doit être engagée rapidement pour stopper la dégradation continue du bâtiment, accentuée par le climat et le sel marin.
2 – La seconde phase sera plus ambitieuse et s’inscrira dans une logique de valorisation patrimoniale. Elle débutera par un diagnostic complet et des études techniques afin de restaurer fidèlement les éléments architecturaux endommagés, de la toiture aux menuiseries en passant par la charpente et les planchers. L’entrée du site sera repensée pour faciliter l’accueil du public, avec un accès adapté aux personnes à mobilité réduite. Une signalétique moderne et interactive sera installée pour mieux raconter l’histoire de la maison et de son créateur.
Cette restauration se veut aussi respectueuse du caractère atypique de l’édifice : les choix de matériaux et les techniques employées devront préserver son authenticité tout en assurant sa pérennité.
Selon le calendrier prévisionnel, les travaux commenceront début 2026 et devraient s’achever à l’été de la même année, permettant une réouverture rapide au public.
Valoriser l’héritage de Médard Aribot
Au-delà de la sauvegarde d’un bâtiment, la restauration vise à redonner sens et visibilité à l’œuvre de Médard Aribot. Des panneaux explicatifs permettront de retracer son parcours et celui de sa maison, tandis que des visites pédagogiques seront organisées pour les scolaires.
Ces actions rappelleront la vocation éducative que l’artiste avait lui-même cultivée, en transmettant ses techniques de sculpture aux enfants du village. Le projet ambitionne ainsi de conjuguer patrimoine, culture et mémoire vivante.
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La restauration de la Maison du Bagnard, rendue possible par la Mission Patrimoine 2025, illustre la volonté de préserver des lieux emblématiques tout en les ouvrant aux générations futures.