Rénovation énergétique en baisse de 1,6 %, un signal préoccupant pour la filière

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(c)Freepik

Au deuxième trimestre 2025, l’activité d’entretien-rénovation du bâtiment en France a connu un nouveau recul. Selon l’analyse publiée par le Réseau des CERC, le secteur enregistre une baisse de 0,9 % en volume par rapport à la même période de 2024. Pourtant, les carnets de commandes atteignent un niveau historiquement élevé, garantissant plus de 14 semaines de travail en moyenne. Comment expliquer ce paradoxe entre baisse de l’activité et visibilité renforcée ?

Une activité en recul, la rénovation énergétique en première ligne

Les chiffres sont sans appel : l’entretien-rénovation recule de 0,9 % au deuxième trimestre 2025. Le segment des logements affiche une contraction de 1 %, tandis que les locaux non résidentiels limitent le repli à 0,6 %.

Mais c’est la rénovation énergétique qui subit le choc le plus marqué, avec une baisse de 1,6 %. Le rapport souligne que « les montants facturés pour des travaux de rénovation énergétique reculent de 1,6 % au deuxième trimestre, soit une baisse plus marquée de 0,7 point que pour l’ensemble de l’entretien-rénovation ».

Cette tendance n’est pas uniforme. En Île-de-France, la chute atteint 2,9 %, tandis qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur,

elle s’élève à 2,7 %. La Bretagne, elle, reste quasiment stable (+0,2 %), démontrant une résilience régionale contrastée.

Des disparités entre métiers et territoires

Malgré ce contexte de contraction, 70 % des entreprises interrogées jugent leur activité bonne ou très bonne au deuxième trimestre. Ce taux, bien que majoritaire, recule de 11 points par rapport à la moyenne historique pour la même période.

Les différences entre métiers sont frappantes. Les charpentiers affichent le solde d’opinion le plus élevé avec +80, et 90 % d’entre eux jugent leur activité satisfaisante.

Les couvreurs se situent en deuxième position avec un solde de +58, suivis par la maçonnerie générale et le gros œuvre (+48), ainsi que l’isolation (+46).

À l’inverse, les installateurs d’eau et de gaz en tous locaux affichent le solde le plus faible (+22), avec 39 % déclarant une situation mauvaise ou très mauvaise. Les électriciens restent également dans une zone fragile (+30).

Les disparités régionales confirment ces écarts. La Bretagne (85 % d’opinions favorables) et les Pays de la Loire (84 %) se démarquent par leur dynamisme, quand l’Île-de-France (64 %) et la région PACA (61 %) ferment la marche.

Trois régions affichent des replis supérieurs à la moyenne nationale : Provence-Alpes-Côte d’Azur (–1,8 %), Occitanie (–1,7 %) et Île-de-France (–1,6 %). À l’opposé, la Bretagne progresse de 1 % et les Pays de la Loire de 0,5 %.

Des carnets de commandes gonflés

Si l’activité facturée ralentit, les carnets de commandes affichent, eux, une progression solide. En moyenne, les entreprises disposent de 14,6 semaines de travail garanties, soit un niveau supérieur à la tendance de long terme. En Bretagne, ce chiffre atteint même 17,8 semaines.

Par métier, les écarts sont frappants. Les charpentiers disposent de carnets particulièrement garnis, avec 26,3 semaines prévues en moyenne, suivis des couvreurs avec 22,6 semaines.

À l’inverse, les menuisiers métalliques et serruriers tombent à seulement 9,5 semaines. Le rapport note que « trois métiers affichent des carnets de commandes inférieurs à 12 semaines et cinq métiers dépassent les 16 semaines », une configuration qui illustre l’hétérogénéité du marché.

Des perspectives prudentes pour le troisième trimestre

Si les carnets sont pleins, les perspectives pour le troisième trimestre 2025 restent fragiles. Le solde d’opinion global tombe à –18, en baisse de 7 points par rapport au trimestre précédent.

Dans le détail, les logements affichent un solde de –20, les locaux non résidentiels –18. Toutes les régions anticipent une activité en repli, avec des soldes d’opinion particulièrement bas en Provence-Alpes-Côte d’Azur (–28) et en Nouvelle-Aquitaine (–24).

Les métiers suivent la même tendance. Seule la charpente maintient un solde positif (+5). Les autres corps d’état anticipent une baisse, parfois sévère : –31 pour les installations d’eau et de gaz, –23 pour l’électricité.

Cette anticipation négative contraste fortement avec la solidité apparente des carnets.


rénovation énergétique

Consulter l’analyse de l’activité entretien-rénovation du Bâtiment en France au 2ème trimestre 2025 publiée par le Réseau des CERC ici.


 

L’entretien-rénovation du bâtiment se trouve dans une situation paradoxale : d’un côté, une activité qui ralentit, notamment dans la rénovation énergétique, pourtant considérée comme prioritaire pour la transition écologique ; de l’autre, des carnets de commandes gonflés qui devraient garantir l’activité à court terme.

Ce décalage interroge. Il reflète à la fois la difficulté du secteur à transformer la demande en facturation immédiate et les incertitudes qui pèsent sur les prochains mois. Si la tendance baissière se confirme, la question du soutien public à la rénovation énergétique et des conditions de financement se posera avec plus d’acuité.

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